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Production
L'amande française a de beaux atouts

En Provence, “le gros souper” du 24 décembre est traditionnellement accompagné des treize desserts. Une coutume apparue au XVIIe siècle, codifiée au XIXe par le Félibrige, association de poètes présidée par Frédéric Mistral.

Sur les treize douceurs, “douze doivent provenir des produits du pays ou du jardin”. C'est ce qui explique que les fruits secs y figurent en bonne place. Ils sont la base du nougat ou encore des quatre mendiants qui figurent les ordres monastiques. L'amande représente l'ordre des Carmes.

Cette année, les volumes d'amandes sont en nette diminution. Au niveau national, le potentiel se situera à peine au-dessus de 100 t. L'amande française, produite essentiellement en Corse, est considérée comme une culture principale et concerne 465 ha. Sur le continent, elle est produite dans le Vaucluse, la Drôme, le Gard ou encore l'Hérault, comme culture annexe. Le terme de désaffection n'est pas trop fort. « C'est une espèce qui est en difficulté, explique Hervé Bartelt, directeur de Sud Amandes qui transforme la quasi-totalité de la production nationale. Nous avons une population de producteurs vieillissante qui n'a pas de repreneurs, d'où un affaiblissement du verger qui peut difficilement s'agrandir du fait de la pression foncière. S'ajoute à cela que tous les programmes de recherche ont été arrêtés. Tout au moins sur le continent, car la Corse est mieux organisée et a des projets. Nous travaillons à la mise en place d'un Label rouge. Les premiers tests hédoniques ont été réalisés et le cahier des charges de production devrait être présenté à l'Inao en fin d'année. Ce Label rouge ne sera pas réservé à la Corse et pourra être étendu au Sud de la France, pour autant qu'elle respecte les critères de production. Ce pourrait être un atout alors que la demande est portée par le Made in France. » Un Made in France qui cette année, sera difficile à tenir.

La coopérative Sud Amandes regroupe 172 adhérents et collecte dans une quinzaine de départements entre la Drôme et le Lot-et-Garonne.

Un potentiel de 100 t

« En 2012, la récolte a été très belle mais, du fait de l'alternance, cette année est calamiteuse, indique Hervé Bartelt. Chez Sud Amandes, nous estimons notre potentiel à 100 t alors que nous pourrions en vendre trois ou quatre fois plus. Il en va de même au niveau mondial. Les cours ont bondi de 40 % en un an et demi. C'est un gros problème. Nous avions l'habitude de payer nos adhérents au-dessus du cours mondial et, cette année, nous sommes rattrapés par sa hausse. Il nous sera difficile d'augmenter le prix payé aux producteurs au risque de voir nos prix de vente exploser. Nous avions une politique de prix constants, non basée sur le cours mondial, qui sera difficile à tenir car nous n'avons pas de stock tampon. Heureusement la situation économique de la coopérative est saine mais il faut espérer que la crise mondiale ne perdurera pas. »

Sud Amandes, avec ses 172 adhérents, collecte dans une quinzaine de départements entre la Drôme et le Lot-et-Garonne. La coopérative est dotée d'une casserie et commercialise les aman-dons. Ils sont triés en fonction de leur utilisation car « chaque variété, chaque calibre a son client. La coopérative est reconnue pour la qualité de ses amandes et le fait qu'elles soient produites en France fidélise nos clients. Nous ne nous sommes jamais lancés dans le détail car nous avons des contrats grands comptes à honorer. »

En revanche, Hervé Bartelt s'est essayé au négoce. « C'est un service que nous voulions apporter à nos clients. Mais il est vite apparu que, sur le marché mondial, ils obtenaient parfois des prix plus intéressants que ceux que nous leur proposions. »

Le directeur de la coopérative jette un œil critique sur le développement de la vente directe. « Les petites casseries se multiplient et certains de nos adhérents reprennent leurs amandes, voire nous en achètent pour alimenter leurs ventes directes. C'est un élément déstabilisant pour la filière. » La filière pourra-t-elle rebondir, au prix d'un plan de relance ? Le département des Alpes-de-Haute-Provence avait constitué un dossier mais, indique-t-on à la Chambre d'agriculture, les Pouvoirs publics et les collectivités territoriales n'ont pas suivi.

Rendre la coopérative plus attractive

« Un plan de relance, pourquoi pas, confirme Hervé Bartelt, mais j'aimerais que la filière soit consultée. » Mieux connue, l'espèce pourrait présenter de nombreux intérêts pour les arboriculteurs. C'est une culture peu exigeante en main-d'œuvre (1 employé pour 20 ha), entièrement mécanisable et la demande n'est pas couverte par la production. « Posséder un verger en propre est une idée qui est à l'étude au sein de Sud Amandes, conclut Hervé Bartelt. Le projet consiste à planter avec un cofinancement volontaire de nos clients et des banques. Nombreux sont nos clients qui veulent voir notre production pérennisée. C'est un moyen d'y parvenir et de rendre la coopérative plus attractive. Je pense que de toute manière si Sud Amandes ne réagit pas, il ne se passera rien dans la filière. »

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