Les grands enjeux des MFR
L'alternance, une autre voie de formation
Les Maisons familiales et rurales sont particulièrement actives en Provence-Languedoc et obtiennent un taux de réussite important.

Les Maisons familiales et rurales (MFR) sont nées en 1937 d'une nécessité économique dans le Sud-Ouest et à l'initiative de quelques agriculteurs. « Les jeunes, qui quittaient souvent l'école après le certificat d'études, ne pouvaient se rendre à l'école toute l'année, explique Pierre Millet, directeur de la fédération MFR de Vaucluse. Ils restaient sur les exploitations en période de forte activité. Mais les parents étaient conscients que leurs enfants devaient continuer à s'éduquer. Un prêtre proposa alors de leur enseigner les matières fondamentales lorsqu'ils étaient disponibles. L'initiative a connu alors un grand succès qui donna rapidement naissance à la création d'associations locales, puis partout en France. En 1942, les associations formalisèrent une nouvelle méthode pédagogique : la formation par alternance était née. »
Un taux de réussite important
Les MFR sont particulièrement actives en Provence et en Languedoc. « Les dix-huit MFR de la Région accueillent 2 700 jeunes sous statut scolaire, 700 apprentis et 500 stagiaires en formation continue, continue Pierre Millet. Je pense que nous pouvons compter à l'avenir sur un fort développement de l'apprentissage et des formations adultes. Pour répondre aux demandes, plusieurs MFR vont s'agrandir et deux créations, une MFR en Vaucluse et une dans les Alpes-de-Haute-Provence, sont en projet. » Le taux de réussite dans les MFR est important : 86 % tous diplômes confondus, plus que dans l'enseignement agricole. Selon la DRAAF Paca, en sortant de la classe de troisième, 60 % des élèves restent sur les formations agricoles et 40 % se réorientent en MFR ou regagnent d'autres circuits de formation. Le calendrier scolaire compte entre seize et vingt semaines de cours et dix-huit à vingt-deux semaines de stage. « Les programmes scolaires sont respectés, ajoute Pierre Millet. Lors des stages, les élèves doivent effectuer des travaux dans les principales matières appliquées au métier choisi. Le plan d'étude est un gain de temps sur les méthodes de formation générale. C'est l'inverse des méthodes traditionnelles : on apprend d'abord et on valide par l'expérience. » Les moniteurs, eux aussi, bénéficient de plan de formation. « Nous avons beaucoup travaillé sur leur formation personnelle et une nouvelle approche du métier d'agriculteur qu'ils sont chargés de transmettre. » Quant aux grands enjeux pour les MFR, « c'est principalement d'être partie prenante de l'évolution du projet agricole du XXIe siècle. Mais nous avons des atouts comme des établissements à taille humaine, la participation des parents, l'alternance, l'intégration des MFR dans le milieu rural qui font de notre concept un modèle original et efficace. »
Objectif : agroécologie
Toutes les formations sont dispensées en alternance entreprise/école. Les parents jouent un rôle important dans la gouvernance des associations. Elles doivent constituer au moins 60 % des conseils d'administration. La formation aux métiers de l'agriculture et de l'agroalimentaire reste le cœur de l'activité des MFR. « Néanmoins, en tant que structure de proximité, nous avons dû nous adapter aux demandes. Nous nous sommes ouverts aux métiers de la forêt, de l'environnement, de la nature, du bâtiment, de la cuisine, des services, de l'accueil, du secrétariat ou encore des services à la personne. Nous avons beaucoup travaillé entre fédérations départementales pour constituer un maillage territorial cohérent. Les fédérations départementales accompagnent les MFR dans leur projet. Ainsi, la MFR de Ventavon (Hautes-Alpes) a mis en place une formation Certiphyto pour les employés communaux. L'anticipation tient un grand rôle dans nos orientations. Actuellement nous allons vers l'agroécologie et nous voulons être les acteurs du “enseigner à produire autrement” ».