Aller au contenu principal

Gérard Kafadaroff, ancien cadre de l’agro-industrie, fondateur de l’AFBV
« L’alimentation, domaine de l’irrationnel »

L’ingénieur agronome, auteur notamment de “OGM : la peur française de l’innovation”, nous livre sa vision sociétale de la chaîne alimentaire.

Gérard Kafadaroff, ingénieur agronome, ancien cadre de l’agro-industrie, fondateur de l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales), auteur de plusieurs livres dont le dernier : “OGM : la peur française de l’innovation”, préface Pr M.Tubiana, Éditions Baudelaire.
© Gérard Kafadaroff

FLD : Aujourd’hui, quelle relation le consommateur entretient-il vis-à-vis de l’alimentation ?

Gérard Kafadaroff : La nourriture n’a jamais été aussi saine, contrôlée, tracée, étiquetée, variée. Mais soumis à une déferlante d’informations alarmistes entretenues par des marchands de peurs et relayées par les médias, le consommateur s’interroge. L’idéologie sécuritaire illustrée par le principe de précaution et l’engouement naïf pour le “naturel” et le “politiquement correct nutritionnel” contribuent à l’évolution des modes.

FLD : Son comportement a donc des répercussions sur la chaîne alimentaire ?

G. K. : L’agriculture est concernée au premier chef. Protection phyto, fertilisation, irrigation, amélioration génétique…, ses méthodes de production sont contestées en dépit des progrès accomplis par les fabricants et les agriculteurs et des exigences de sécurité sanitaire toujours plus draconiennes. Chimie et génétique sont diabolisées. Le cas du glyphosate est significatif de l’instrumentalisation de la peur par des groupes militants qui voudraient l’interdiction de cet herbicide utilisé avec succès depuis plus de 40 ans. Parce que, contrairement à tous les avis des instances officielles d’évaluation françaises, européennes et internationales, une seule étude l’a jugé « cancérogène probable »… comme la viande rouge ! Quant aux OGM, adoptés dans le monde depuis plus de 20 ans, ils sont refusés sans raisons crédibles aux agriculteurs français malgré l’absence de problèmes sanitaires ou environnementaux.

FLD : Le bio, lui, s’en sort…

G. K. : Le succès du bio constitue un flagrant révélateur des tendances alimentaires échappant à un examen rationnel étayé par une approche scientifique. Ses adeptes acceptent de payer plus cher dans l’espoir de quelques bénéfices pour leur santé. La cinquantaine de décès due à des graines germées bio en 2011 en Allemagne devrait pourtant alerter les promoteurs du bio sur ses limites !

FLD : Et la GMS ?

G. K. : La grande distribution, à l’inverse de l’agriculture, tire profit des nouvelles tendances et cherche à gagner la confiance des consommateurs, dans une course au greenwashing. Son marketing surfe allègrement sur le caractère naturel et traditionnel de ses produits, voire sur d’incertains bénéfices sanitaires, ou au contraire sur le “sans” (OGM, gluten, etc.), renforçant une peur injustifiée chez le consommateur. Super U, en janvier 2017, a été plus loin avec son opération “Éradiquer 90 substances controversées”, ignorant les avis scientifiques des agences de sécurité sanitaire.

FLD : Que faire pour rendre sa place à une alimentation rationnelle ?

G. K. : Le consommateur tient le rôle clé dans le système alimentaire. La réticence à l’adoption de technologies nouvelles dans la production agricole et agroalimentaire pose problème pour la compétitivité de la France. Une approche plus rationnelle s’appuyant sur l’expertise scientifique est souhaitable. Elle devrait conduire à une plus grande concertation entre scientifiques et professionnels de la chaîne alimentaire dans le but de mieux informer et rassurer les consommateurs sur la réalité des innovations technologiques. Le nouveau gouvernement est-il prêt à promouvoir cette approche ?

Le bio échappe à un examen rationnel étayé par la science.

Les plus lus

Voyage de presse Groupama assurance multirisque climatique (assurance récolte) entre Pau et Tarbes, visite de parcelles touchées par aléas climatiques. Parcelle de maïs semences touchée par la sécheresse. Dégâts en culture lié au climat. risque de perte de rendement.
Canicule et sécheresse, quels risques pour vos cultures ? Réponse avec l'outil gratuit de cartographie de Serge Zaka

En avril, le médiatique docteur en agro climatologie avait annoncé sur les réseaux le lancement de cet outil gratuit,…

Des kiwis, petits fruits rouges et des châtaignes barrées d'un drapeau français.
Francisation de fruits : un grossiste de Dordogne condamné

Nouvelle condamnation pour francisation de fruits. Le gérant de l’entreprise périgourdine Fruits rouges du Périgord,…

Myrtilles de variété Duke sur myrtillier.
Myrtilles françaises : vers une récolte record en 2025

L’Association des producteurs de myrtilles de France annonce une année « record » pour la myrtille française. Le…

bineuse sur une parcelle de haricots pour l'industrie. hauts-de-france. visite de presse Unilet
Protection des cultures/Parsada : lancement d’un nouvel appel à projets doté de 45 millions d’euros

Cet appel à projets, piloté par FranceAgriMer, vise notamment les acteurs de la recherche appliquée et fondamentale. Les…

<em class="placeholder">Dimitri Piraud, producteur de cerises dans le Rhône, a installé des vergers 100 % sous couverture intégrale.</em>
Cerises : apprivoiser les contraintes techniques des vergers sous couverture intégrale

Les vergers de cerisiers dits « modernes » sont de plus en plus nombreux dans le Rhône. Mais cette conduite sous…

verger de poires aux pays-bas; visite en juin 2022 congrès interpera
Poire : vers une hausse des récoltes 2025 partout en Europe sauf en France

Le congrès Interpera a dévoilé fin juin les premières tendances de récolte pour cette campagne de poires. Les problématiques…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes