Medfel 2014 : les pays du dialogue 5+5
L'Algérie, la belle endormie de la Méditerranée
Malgré un énorme potentiel de production, l'Algérie importe de plus en plus de fruits et de légumes.
L'Algérie est le plus vaste pays du pourtour méditerranéen et possède le plus gros potentiel agricole du Sud de la Méditerranée. Malgré d'importants efforts de développement, l'agriculture et l'agro-industrie peinent à réduire la dépendance d'un pays qui a fondé son économie sur l'exploitation et l'exportation des hydrocarbures. L'Algérie importe pour nourrir 37 millions d'habitants (+ 900 000 habitants/an). Le pays est très consommateur de f&l : 400 kg/an/hab. Depuis dix ans, la consommation a repris et son potentiel n'est pas couvert avec un marché en partie sous-approvisionné et des prix à la consommation parfois très élevés qui limitent son développement.
Dans ce contexte, la production nationale de f&l a du mal à satisfaire la demande. Pourtant la production algérienne de fruits augmente régulièrement et atteint 3,5 Mt et celle de légumes s'affiche à 10 Mt en 2011, dont 3,8 Mt de pommes de terre. Grâce aux aides du Plan national de développement agricole, la production de légumes a presque triplé en dix ans et celle de fruits a été multipliée par deux avec l'arrivée en production de nouveaux vergers plantés début 2000. Cet accroissement est aussi lié à l'amélioration des rendements. Le développement des cultures sous abris, la mécanisation, l'utilisation d'intrants et la maîtrise de l'irrigation sont à la base de ces succès. Un objectif de 1,6 million d'hectares de terres agricoles irriguées en 2014 a été fixé (70 % des cultures légumières et 50 % fruitières).
La production de tomates pour le marché du frais progresse fortement (plus de 750 000 t en 2011 avec un développement des cultures sous abris), celle des oignons a triplé en dix ans (plus de 1 Mt en 2010) et les pastèques et melons ont atteint 1,3 Mt. La production de légumes secs reste très insuffisante avec 80 000 t. L'arboriculture représente 10 % de la SAU. Le verger algérien d'agrumes est estimé à 65 000 ha, dont 50 % dans la Mitidja sur des terres riches et irriguées. Il existe un programme de plantation de 12 000 ha pour assurer le renouvellement d'un verger vieillissant. Celui de fruits à pépins et à noyau est récent, ce qui a permis le développement rapide de la production de pommes qui a quadruplé en dix ans et atteint 400 000 t. La production de poires a été multipliée par dix (200 000 t en 2011). L'abricot, les pêches et prunes sont aussi en forte progression. La fraise augmente rapidement dans les plaines côtières.
Une distribution peu organisée
Malgré ce dynamisme, les importations de f&l sont de plus en plus importantes. L'augmentation porte surtout sur les fruits : de 250 000 t en 2006 à plus de 430 000 t actuellement. L'Algérie a été le troisième marché d'exportation pour la pomme française en volume et le cinquième en valeur. La banane est l'autre grand produit d'importation (245 000 t). D'autres fruits progressent : le kiwi (3 500 t), les pêches et prunes (Espagne) et le raisin (Italie, Espagne, Afrique du Sud).
L'Algérie importe notamment 5 000 à 7 000 t de pruneaux, dont 50 % viennent de France, ce qui en fait le premier débouché export pour les pruneaux français. Elle importe aussi de plus en plus de légumes secs (250 000 t en 2011), principalement du Canada, d'Argentine et d'Inde. L'Algérie est aussi importatrice de semences de pommes de terre en provenance des Pays-Bas, du Danemark et de la France. Mais la distribution des f&l y est peu organisée et dominée par le commerce informel. La GMS est peu développée. Un plan de rénovation et de structuration des marchés de gros a été mis en place.