DÉBUT DE CAMPAGNE
L'ail de la Drôme se fait une place sur les marchés
Depuis 2010, année de la reconnaissance de l'IGP pour l'ail de la Drôme, la région se démarque avec des produits sans traitements anti-germinatifs.

Dans la Drôme, la culture de l'ail relève de la tradition agricole. « De longue date, explique Stéphane Boutarin, président de l'Association des producteurs d'ail de la Drôme (Apad), il y avait un carré d'aulx dans chaque exploitation. A l'époque, le commerce était différent et il y avait toujours un négociant pour acheter les lots proposés par les agriculteurs. » L'Apad réunit aujourd'hui deux OP, le GIE Ail Drômois (1 000 t) et Copail Provence (entre 1 500 et 1 700 t), soit une centaine de producteurs ; des producteurs indépendants qui font un peu de négoce via la vente directe, et des producteurs qui vendent la totalité de leur marchandise à différents metteurs en marché, soit environ 500 t pour les deux dernières catégories. « Toutes les exploitations sont en polyculture pour répondre à la nécessité des rotations de cultures. L'ail est cultivé tous les quatre ans sur la même parcelle, voire deux fois sur cinq ans. La rotation des cultures est indispensable pour lutter contre les maladies. La moyenne des exploitations est de 7 ha mais certaines en comptent plusieurs dizaines. »
L'ail de la Drôme est constitué principalement d'ail d'automne. C'est-à-dire planté entre octobre et novembre en fonction de la localisation des cultures et des habitudes des agriculteurs. Cette année, la récolte a débuté en semaine 26, soit avec une semaine de retard, et se terminera autour du 10 juillet. « La coloration est bonne, de couleur blanche, et les conditions météo laissent penser qu'il n'y aura pas de problème de conservation. Globalement, les calibres les plus demandés sont le 55/65, prisé par la grande distribution et le 70 qui est le calibre haut de gamme. Je ne pense pas que cette année nous aurons beaucoup de calibres supérieurs à 70, qui de toute manière subissent des problèmes de coloration. » La Drôme produit également de l'ail de printemps récolté entre mi-juillet et le 10 août. « C'est un ail très différent, plus petit en calibre que l'ail d'automne, à la fois sucré et piquant. C'est une production intéressante car elle permet de faire la jointure avec l'ail d'automne mais le marché reste très difficile face à l'ail de Chine ou d'Espagne. » A côté de l'ail blanc, le département produit de l'ail violet plus rustique que le précédent. « C'est un ail de plus en plus demandé par les GMS car il se différencie de l'ail chinois ou espagnol par sa coloration et son goût. » C'est aussi un ail qui s'exporte facilement notamment vers la Guadeloupe et la Martinique, car il supporte aisément le transport en bateau grâce aux traitements anti-germinatif. A l'inverse, pour cette raison, il ne peut pas entrer dans l'IGP.
Une IGP qui a boosté la production« En 2010, première année de commercialisation sous IGP, nous avons vendu 8 t (28 t en 2011, 58 t en 2012) et nous pensons doubler le volume cette année, poursuit-il. Il y a un réel intérêt des producteurs et le négoce se laisse progressivement convaincre des atouts de ce signe de qualité, toutefois réservé à l'usage exclusif des adhérents des OP. Avec l'IGP nous devons vendre l'idée que l'ail sévèrement sélectionné est un produit mieux travaillé, plus joli et mieux tracé. Au total, nous disposons d'un potentiel de 250 t d'aulx répondant aux critères de l'IGP qui ne demande qu'à être connu. » La zone de l'IGP s'étend sur la plaine de la Valdaine, du Sud de Montélimar au Nord de Valence et aux contreforts du Vercors. L'IGP n'admet que deux variétés : Messidrôme et Termidrôme. « Néanmoins d'autres variétés typiques de la Drôme devraient prochainement être introduites dans le cahier des charges de production de l'IGP. » La robe du bulbe doit être blanche avec parfois quelques reflets violets, « une spécificité locale », de calibre supérieur à 45 et de conservation naturelle. « Nous avons fait le choix de prohiber les traitements anti-germinatifs. Cela contraint à ne pas aller trop loin dans la saison, mais, en revanche, c'est ce qui fait que l'ail de la Drôme se démarque d'autres productions. » Il est conditionné en filet trois têtes, filets 500 g ou 1 kg, en sac et plateau 5 kg, et « un plateau 3 kg est en réflexion. » L'ail de la Drôme IGP est commercialisé essentiellement dans le quart Sud-Est, « mais il existe une véritable demande à l'export. »
Enfin, la Drôme produit aussi entre 100 et 150 t d'ail bio issu d'une démarche originale. « Ce ne sont pas les producteurs bio qui sont venus à la culture de l'ail. C'est une OP qui s'est rapprochée d'eux pour leur apprendre à cultiver l'ail bio », conclut Stéphane Boutarin.