Formation : dans les entreprises de gros
L'agréage sous toutes les coutures pour les salariés de Creno
Début décembre, des salariés d'entreprises membres du groupement Creno, agréeurs ou préparateurs de commande, ont suivi une formation sur la procédure d'agréage Fel'Engagement, animée par le CTIFL.






L'agréage est une opération importante, explique Sullivan Luc, du CTIFL, lors de la formation à l'agréage pour le compte de Creno. Il marque le transfert de propriété, chaque opérateur devenant responsable des produits à partir du moment où il les a agréés. L'agréage doit garantir qu'il y a les quantités et la qualité indiquées et que les produits sont conformes à la réglementation. Il doit aussi contrôler des critères qui figurent par exemple dans le cahier des charges de démarches qualité. » En effet, le 9 décembre dernier, sept salariés des entreprises de gros Ame Haslé (Ille-et-Vilaine), AFL (Val-de-Marne) et Charlet (Nord) se sont donné rendez-vous dans les locaux d'Ame Haslé, à Melesse (Ille-et-Vilaine), pour une formation de deux jours sur l'agréage des fruits et légumes.
Organisée dans le cadre de formations interentreprises du groupe Creno, cette journée était animée par le CTIFL à Rennes. Dans un premier temps, les salariés se sont présentés : Erwann, Patrick, Alexis et Nicolas (Ame Haslé), Vincent et Mamadou (Charlet) et Jonathan, (AFL). Si Jonathan et Patrick font de l'agréage au quotidien, les autres s'occupent plus de réception et de préparation de commandes, mais interviennent ponctuellement en agréage. Après s'être présenté, Sullivan Luc entre dans le vif du sujet.
Découvrir la famille d'un produit et évaluer sa fraîcheur
La matinée était consacrée à l'identification des familles de fruits et légumes et à leurs facteurs d'évolution. « Les fruits et légumes sont des parties de végétaux qui ont chacune une évolution naturelle, a rappelé Sullivan Luc. Pour évaluer leur état de fraîcheur et connaître les facteurs qui les font évoluer, il faut savoir à quelle famille ils appartiennent. » Pour cela, Sullivan Luc a proposé un jeu de cartes créé par le CTIFL. Par deux ou trois, les salariés devaient classer cinquante cartes de fruit ou de légume dans la famille à laquelle ils appartiennent : feuille, tige, racine, bulbe, fruit, tubercule, graine, germe, fleur, bourgeon... Pas si facile ! Une fois fini, Sullivan Luc donne les réponses puis explique les facteurs d'évolution par famille. « Les principaux facteurs d'évolution sont la température, l'hygrométrie, la lumière, les chocs mécaniques ou thermiques et l'éthylène, détaille-t-il. Ces facteurs ont plus ou moins d'importance selon le type de produits. Pour les organes souterrains, la lumière est importante. Pour les graines, il faut éviter l'humidité... » Après le repas, passage à la pratique. Alexis et Nicolas font visiter l'entrepôt d'Ame Haslé dans lequel ils travaillent. Sullivan Luc en profite pour donner quelques conseils et travailler sur l'évaluation de la fraîcheur des produits. « Les critères à observer varient suivant les produits, développe-t-il. Utilisez tous vos sens, la vue, le toucher, l'ouïe, le goût. Et dans vos rapports, servez-vous d'un vocabulaire précis. » L'après-midi est consacrée à la réglementation. Sullivan Luc explique l'OCM fruits et légumes et la réglementation communautaire concernant les normes de commercialisation. Il précise la “norme générale”, les “normes spécifiques” (pommes, pêches, salades…), les cas particuliers (pommes de terre, bananes...) et les normes internationales CEE-ONU. Il fait notamment analyser aux stagiaires la norme spécifique pomme. Enfin, il détaille les accords interprofessionnels existants.
Enumération des contrôles systématiques ou renforcés à réaliser
Le deuxième jour porte plus précisément sur Fel'Engagement. « Fel'Engagement est une procédure d'agréage qualitatif à la réception des fruits et légumes au stade de gros, explique le formateur. Elle est réservée aux adhérents de l'UNCGFL (Union nationale du commerce de gros en fruits et légumes). C'est une reconnaissance professionnelle qui accompagne l'entreprise dans l'assurance que tout lot commercialisé a été contrôlé, est conforme aux règles qualitatives et ne comporte pas de signe visuel de non-conformité. » En pratique, la convention, qui a été initialement établie avec la DGCCRF, précise les bonnes pratiques de l'agréage et permet aux entreprises de faire leurs contrôles sur la base des mêmes critères que la DGCCRF.
Sullivan Luc précise les contrôles systématiques à réaliser. « Il faut vérifier que le lot correspond à ce qui était prévu, en quantité, qualité, calibres, maturité, fraîcheur, catégories, vérifier le marquage des colis et enregistrer les contrôles. Et si quelque chose vous semble non conforme, il faut faire un contrôle renforcé, sur la base d'un échantillonnage représentatif, en utilisant les outils de mesure adéquats. » Le formateur détaille les règles d'échantillonnage, présente les fiches d'agréage à établir pour l'enregistrement des contrôles et explique comment gérer les produits non conformes.
Chez Ame Haslé, Erwann, qui s'occupe depuis peu d'agréage, apprécie particulièrement cette partie de la formation. « Je sais maintenant sélectionner les colis à contrôler, reconnaître ceux abîmés, quel pourcentage de fruits il faut prélever, quels sont les critères de non-conformité, comment juger que je dois refuser un lot..., souligne-t-il. Les données sur la réglementation sont également intéressantes. La réglementation évolue et, sur le terrain, on n'est pas forcément informé de ces évolutions. On peut aussi oublier certaines normes spécifiques. On prend des habitudes... Cette formation est une bonne remise à jour. »

Basé à Melesse (Ille-et-Vilaine), Ame Haslé est spécialisé dans le commerce de gros de fruits et légumes et produits de la mer. Il fournit la restauration collective et privée et les GMS et détaillants du Grand Ouest. Il emploie 200 personnes à Melesse, Saint-Malo et Nantes. « Six sont titulaires d'un poste d'agréage et trente-cinq d'un poste de préparation de commande, précise Morgane Calvez, responsable de l'entrepôt de Mélesse. Les exigences de nos clients sont très complexes et nous devons nous adapter en permanence. Pour maintenir notre compétitivité, nous avons besoin de personnel au top et cela passe par la formation. Celle-ci permet aux salariés d'augmenter leurs compétences, de suivre l'évolution de la réglementation et d'être plus polyvalents et impliqués dans leur travail. La polyvalence est nécessaire car les salariés sont amenés à remplacer ponctuellement leurs collègues sur d'autres postes. Et le fait que des salariés de plusieurs entreprises se retrouvent ensemble est enrichissant car cela permet de découvrir d'autres façons de faire. » V. B.