ABRICOT
L’abricotier se conduit en palmette
La conduite en palmette combine facilité de manipulation des filets paragrêle et mise à fruits précoce. Elle facilite aussi la mécanisation de l’éclaircissage et de la taille du verger.
La conduite en palmette combine facilité de manipulation des filets paragrêle et mise à fruits précoce. Elle facilite aussi la mécanisation de l’éclaircissage et de la taille du verger.




L’utilisation de lamiers et d’effleureuses en vergers d’abricotiers nécessite souvent d’adapter la forme des arbres. Parmi les nouvelles formes, la palmette a séduit plusieurs producteurs suivis par le GRCeta Basse Durance (cf. encadré page suivante). « Cette forme est assez courante en Italie », note Christophe Mouiren, du GRCeta. Elle combine plusieurs avantages. L’intérêt numéro un est une installation et une manipulation plus simples des filets paragrêle. « La conduite en palmette et les filets paragrêle sont difficilement dissociables », souligne le spécialiste. La mise à fruits se fait plus tôt que sur des vergers en gobelet.
Des objectifs de rendements jusqu’à 30 t/ha en 3ème feuille
La mécanisation de la taille en vert et de l’éclaircissage est aussi facilitée. Les consignes de taille sont plus simples que sur gobelet. « Le passage avec des tracteurs cabines est aussi plus pratique, fait remarquer le technicien. Et elle permet d’utiliser des pulvérisateurs tangentiels pour réduire la dérive ». La conduite en palmette s’inspire de travaux sur pommier. Elle est donc basée sur une palmette libre palissée dont le scion a été rabattu à la plantation. « Une fois formé, le plus important est d’éviter une largeur trop importante de haie. La largeur maximum dans le bas est de 60 cm à un mètre de large, explique Christophe Mouiren. Et la largeur du haut des arbres ne doit pas dépasser celle du bas ». Si la formation a été correctement effectuée, les premières branches doivent atteindre le haut du palissage dès la fin de la première année. La taille s’effectue au lamier verticalement pour travailler sur la pousse de l’année, les plus grosses structures parallèles au rang sont conservées. « Durant les premières années, les interventions de taille consistent essentiellement à éviter d’épaissir la haie et à créer des zones de courson propices à la mise à fruit », ajoute le spécialiste. La quasi-totalité des interventions se fait en vert. Un attachage est à prévoir pour lier les charpentières au palissage qui doit en phase juvénile supporter les rendements prévus. Le verger commence à produire dès la deuxième année. « La première récolte peut atteindre 5 t/ha mais avec des calibres souvent petits car les structures sont encore trop jeunes », continue Christophe Mouiren. Dès la troisième année, les objectifs de rendements doivent être de 15 à 30 t/ha. « Ces résultats sont indispensables pour amortir le coût de la structure ».
La conduite en palmette en pratique
Les distances de plantation
Les premières plantations ont été faites en 4,5 m x 2,2 m avec une densité de 1 000 arbres/ha. Avec le recul, les prochaines plantations se feront plutôt à 4 m x 2,5 m, voire à 3,5 m x 3 m, les 4,5 m étant jugés trop larges par les producteurs.
Le palissage
Le palissage à mettre en place a deux fonctions. Dans un premier temps permettre la formation de la palmette et assurer le maintien de la production. Et, dans un second temps, maintenir la structure paragrêle. Pour que les filets résistent aux forts orages de grêle, un poteau ne doit pas supporter plus de 32 m2, maxi 36 m2. Plus les distances d’interrang sont grandes, plus les poteaux sur le rang doivent donc être rapprochés. Pour une plantation à 4 m d’entre rang, les poteaux sur le rang seront au maximum à 9 m entre eux, soit théoriquement environ 280 poteaux/ha. Si cette règle n’est pas respectée, elle fragilise la structure Trois fils de fer de palissage sont indispensables, situés à 1, 2 et 3 m de haut. Avec des piquets de 4,5 m enfoncés de 0,7 à 1 m, il restera une marge de 0,7 à 0,5 m entre le haut des arbres et le filet. Le diamètre des piquets sera de 10/12 et de 12/14 cm pour les piquets de tête.
Le choix du porte-greffe
Sur des situations pédologiques où l'on utiliserait du Myrobolan, Ishtara constitue l'alternative la plus intéressante. Ce porte-greffe très homogène, ne drageonne pas, tout en conférant un calibre supérieur au Myrobolan et une moindre vigueur. Dans les situations où le Montclar est utilisable, on peut rester sur ce porte-greffe. Avec des variétés vigoureuses, Rubira peut présenter un intérêt.
La formation
A la plantation, le scion sera rabattu comme pour une plantation classique. Si le nombre de ramifications après rabattage est entre 3 à 6, elles seront attachées au fil de fer en positionnant les plus vigoureuses à plat, en respectant un angle de 45 à 55°. Si leur nombre n'est pas suffisant, un second pincement sera effectué en mai. En fin de première feuille, il faudra régulièrement attacher sur le palissage, les branches en croissance et tailler les croissances intempestives latérales, de façon à ne pas élargir la haie fruitière. Ces interventions seront maintenues en deuxième feuille et conditionneront en partie la réussite d'une belle entrée en production en troisième feuille.
PAUL MOUROT, producteur d’abricot et de pomme à Rodilhan (30)
Pour couvrir mes vergers, la palmette était une évidence
« C’est à la suite d'un gros orage de grêle en 2009 que j’ai commencé à réfléchir à couvrir mes vergers. A l’époque, on ne savait pas couvrir des vergers en gobelet. Après un voyage en Italie avec Christophe Mouiren, du GRCeta de Basse Durance, où la palmette est courante, j’ai décidé de me lancer dans ce mode de conduite. Comme j’avais déjà l’expérience sur pomme et le matériel adéquat pour une conduite en haie fruitière, la palmette était une évidence pour installer des filets paragrêle. J’ai commencé par planter trois hectares en 2012 et 2013 avec quatre variétés. Les vergers sont maintenant en pleine production. Ils ont été plantés en 4,5 m par 2,3 m. Dès la seconde année, nous avons récolté 7 t/ha, en 4ème feuille. Aucun rendement n’était inférieur à 28 t/ha. Maintenant que nous gérons mieux la charge des arbres, nous allons pouvoir augmenter le calibre des fruits et tabler sur 35 à 40 t/ ha. Même si le verger est plus dense et qu’il entre plus tôt en production avec ce type de conduite, la production cumulée par hectare est finalement identique à celle d’un verger en gobelet. C’est pour augmenter le tonnage que j’ai décidé de planter en 3,5 m par 3 m cette année. En revanche, le gros avantage de la palmette, ce sont les temps de travaux. Je considère qu’ils ont diminué de 20 % sur l’ensemble des travaux. La récolte est particulièrement facilitée car les fruits sont plus accessibles et, avec la nacelle, nous n’utilisons plus d’échelles. Tous les salariés préfèrent travailler dans les parcelles en palmette. Sur la formation et la taille, les consignes sont très simples. Les craintes initiales étaient un problème de vigueur puisque nous n’avons pas changé de porte-greffe. Finalement avec la concurrence entre les arbres en augmentant la densité, la vigueur se régule d’elle-même. L'objectif était de pouvoir aussi mécaniser certaines opérations. Cette année, nous avons utilisé un lamier pour la taille en vert après récolte. Les résultats sont très satisfaisants même si un passage manuel est nécessaire l’hiver. La taille en vert de mai est, en revanche, primordiale pour donner de la lumière aux abricotiers. On ne peut pas faire l’impasse contrairement au gobelet, au risque de voir le bas de ses arbres se dégarnir. L’opération demande entre 40 et 50 h/ha. Nous n’avons pas encore beaucoup expérimenté l’éclaircissage jusqu’à maintenant. Mais avec les parcelles de Kioto que nous plantons cette année, j’envisage de tester l’Eclairvale ».