Medfel 2014 : les pays du dialogue 5+5
La Tunisie, un carrefour entre Europe et Maghreb
Si la production de fruits et légumes demeure solide, la Tunisie cherche aujourd'hui à renforcer son potentiel à l'export.
La Tunisie cherche aujourd'hui à rééquilibrer son agriculture et ses circuits de distribution. En 2012-2013, la croissance du secteur agricole a baissé de 3,6 % en partie à cause du déficit pluviométrique et du recul de la production oléicole. Cependant, le pays fait preuve d'un réel dynamisme. En 2013, les investissements ont atteint 861 millions de dinars (395 M€). A titre d'exemple, la région du Kef va, cette année, mettre en place un programme de plantation d'arbres fruitiers et d'oliveraies pour 2 200 ha.
Agrumes : diversification dans l'offre
En agrumiculture, la production devrait augmenter de 7 % au cours de la saison 2013-2014, à 355 000 t contre 330 000 t précédemment. L'accroissement devrait provenir de la hausse de production des citrons (+ 32 %), de la clémentine (+ 22 %), de la variété Valencia (+ 13 %) et de la mandarine (+ 10 %). En revanche, la “maltaise” devrait être en recul de 7 %, malgré l'entrée en production de nouvelles plantations. En ce qui concerne les exportations, il est prévu en 2014 d'exporter 20 000 t de cette variété. Une séance de travail ayant regroupé techniciens et exportateurs s'est tenue courant mars en vue de rationaliser l'utilisation des pesticides et de préserver la qualité du produit, qui reste une référence forte surtout pour la France (95 % des tonnages). Les exportations des produits maraîchers (tomates, pastèques, pommes de terre, salades) ont fortement progressé en une décennie, passant de 3 568 t en 2002-2003 à 59 000 t en 2011-2012 (derniers chiffres disponibles). Les principales destinations étaient la France (32 % du total), Italie (15,5 %) et surtout la Libye (32,5 %).
Une filière profondément troublée
Les événements du Printemps arabe ont eu des répercussions sur la capacité d'exportation du pays. Si l'Union européenne n'a pas été affectée, « la filière exportatrice dans son ensemble est aujourd'hui particulièrement fragilisée, explique Philippe Pons, président-directeur général d'AZ France. N'oublions pas que l'économie des exportations de la Tunisie est fortement corrélée à son voisin la Libye qui représente un marché naturel tout proche. L'instabilité libyenne a nettement plus pesé sur l'économie tunisienne que les tâtonnements démocratiques internes à la Tunisie, qui sont désormais stabilisés avec l'adoption récente d'une nouvelle constitution. »
La porosité des frontières a créé un flux de produits alimentaires, en contrebande, vers la Libye et l'Algérie. Les contrôles aux frontières ont été renforcés depuis. Mais la Tunisie a été obligée d'augmenter massivement ses importations, dont des fruits, légumes et pommes de terre pour éviter la pénurie et juguler une inflation qui, en 2013, a pu atteindre jusqu'à 11 % pour les fruits et légumes.