La Tunisie, trublion du marché européen?
La Tunisie bénéficie de facilités pour entrer sur le marché européen. Le Copa Cogeca s'interpose, mais Phil Hogan reste inflexible.

En plus de la plantation des premiers vergers intensifs dans le nord, la Tunisie a lancé une opération de rénovation d'oliveraies dans le sud.
En plus de la plantation des premiers vergers intensifs dans le nord, la Tunisie a lancé une opération de rénovation d'oliveraies dans le sud.
Le gouvernement tunisien investit dans la filière oléicole. Son plan de relance est fondé sur la plantation de 5 millions d'arbres sur cinq ans pour un montant de 4,25 milliards d'euros et sur 50 000 ha. Les surfaces seront réparties entre les différents gouvernorats. Des investissements seront également engagés pour améliorer le maillon industriel (traçabilité), gagner de la valeur ajoutée (label dès 2016 et plan marketing), préserver les marchés traditionnels et en gagner de nouveaux, notamment en Asie.
Le coup d'envoi a été donné en octobre dans le nord avec la plantation des premiers vergers intensifs. Le pays a également lancé une opération de rénovation d'oliveraies dans le sud. Cette initiative démontre que la Tunisie mise sur l'oléiculture pour relancer son économie mise à mal dans son secteur touristique. Néanmoins, le pays devra aussi compter avec les aléas de la nature.
La récolte 2015-2016 est estimée à 150 000 t contre 300 000 t l'an dernier lui permettant ainsi d'abonder le marché mondial et d'y figurer parmi les leaders. Ceci étant, les voix sont nombreuses à s'élever contre les facilités accordées à la Tunisie pour exporter vers l'Union européenne. En fin d'année dernière, un nouveau quota de 35 000 t en franchise de droits était venu s'ajouter, pour deux ans, aux 56 000 t précédemment accordées. En outre, l'Union européenne vient d'en faciliter encore l'entrée avec la suppression des limites mensuelles. D'où la colère du secrétaire général du Copa Gogeca, Pekka Pesonen.
Des stocks d'huile d'olive historiquement basDans un courrier au Parlement européen, Pekka Pesonen dénonce cet “avantage injuste” offert à la Tunisie au détriment des agriculteurs européens et des intérêts de l'économie européenne. Expliquant que « cette mesure est totalement inacceptable à un moment où le marché de l'UE est déjà saturé et que les prix de l'huile d'olive en 2014 sont à 43 % plus bas que ce qu'ils étaient en 2005. »
La réponse est venue de Phil Hogan, interpellé par une eurodéputée espagnole. Le Commissaire européen considère que l'accès temporaire supplémentaire de l'huile d'olive de Tunisie à l'Union européenne ne nuira pas aux producteurs communautaires, les stocks d'huile d'olive étant à un niveau « historiquement bas ».