Paca
La truffe ne veut plus rester souterraine
, le bilan de la campagne 2014-2015 (novembre à mars) est bien morose pour la truffe. Il faut relancer la production locale.

luies, humidité, gelées ont contrarié le cavage* et l'offre régionale est estimée à 11 t pour les six départements de la région. Conjoncturellement, c'est la plus faible campagne après celle de 2008-2009. L'hypothèse d'une production régionale entre 21 et 23 t/an est celle retenue par le RNM. Le Vaucluse fournit près de 45 % de la production, suivi des Alpes-de-Haute-Provence (22 %), du Var (18 %), des Bouches-du-Rhône (10 %) les Alpes-Maritimes et les Hautes-Alpes comptant pour 5 %.
Les professionnels de la filière estiment que 40 % des volumes transitent par les marchés professionnels de Carpentras, Riche-renches, Valréas (Vaucluse) et de Montagnac (Alpes-de-Haute-Provence) qui reçoivent aussi des apports de la Drôme, de l'Ardèche et du Gard.
Les marchés de détail hebdomadaires (Riez, Forcalquier, Apt, etc.) voient passer 20 % de la récolte régionale. Les transactions directes avec les courtiers/négo-ciants représentent 33 % des volumes, le reliquat étant dilué entre les ventes directes au consommateur et l'autoconsommation. En termes de volumes, c'est le marché de Richerenches qui est le plus important avec 55 %, pour 21 % à Carpentras, 1,3 % à Montagnac et 20 % pour les autres marchés. C'est le marché de Carpentras qui fait référence en termes de flux et de cotations, selon Gilbert Chiron, chef de centre RNM Avignon : « Ce sont ses références qui sont le plus demandées au RNM car consolidées par une expertise de plus de trente ans ». La Draaf estime que l'augmentation des prix dès février n'a pas suffi à compenser la baisse des volumes et la perte de chiffre d'affaires du secteur à 40 %.
Concurrence espagnole« Il ne faut surtout pas négliger la concurrence de l'Espagne, ajoute Gilbert Chiron, notamment sur la Tuber melanosporum, qui n'a jamais été aussi exacerbée. » « Face à cette concurrence, il est important de relancer la production locale, préconise Patrice Goavec, président du Syndicat des trufficulteurs de Vaucluse. Elle passe par l'extension des réseaux d'irrigation qui permettra une entrée en production plus rapide – six à huit ans contre quinze à vingt – des nouvelles truffières. Il faut également accélérer les programmes d'expérimentation sur des vergers collectifs et non plus privés. L'axe majeur devra en être l'amélioration qualitative qui ne peut que conforter la notoriété de la melano vauclusienne. » Les travaux de l'Inra sont encourageants. Les plantations, toutes variétés confondues, vont bon train, portées par les aides des collectivités, de la Pac. « Il est aussi possible de remettre en état d'anciennes truffières qui font l'objet d'un recensement par la Safer. Et enfin, sortir la truffe de son environnement “folklorique” », poursuit Patrice Goavec. Cela contribuerait à lui donner une véritable dimension économique.
* Action consistant à rechercher des truffes.