Produits transformés
La transformation retrouve le chemin de la croissance
Le marché de la transformation de pommes de terre amorcerait-il une reprise ? En tout cas, c’est l’avis du GIPT Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre. qui tenait son assemblée générale le 15 mars à Paris et qui attribue cette reprise notamment à “l’innovation produits en surgelés et à la segmentation du marché de la chips”.
Peut-être une nouvelle éclaircie après de longues années marquées par un manque de compétitivité de la transformation française que traduisent les chiffres du GIPT : les tonnages de tubercules importés ont été multipliés par deux de 2004 à 2006 et sont passés de 113 000 à 200 000 t. Notre solde de produits transformés est structurellement déficitaire et la France est le seul pays à avoir connu une stabilité de ses produits transformés depuis de longues années, contrairement aux Pays-Bas, à la Belgique ou à l’Allemagne.
L’industrie de la transformation de la pomme de terre n’a qu’une quarantaine d’années. Lunor, Beaumarais, Vaulx-Vraucourt, Vico… en furent les coopératives pionnières. Puis ce fut la conquête du secteur par les groupes étrangers (implantation et développement de McCain dès 1981, arrivée de l’allemand Intersnack et des italiens chez Flodor). Des groupes d’Europe du Nord s’installent en France pour leur approvisionnement ou pour la transformation (Meijer, Potato Masters, Higgins…).
C’est que notre pays ne manque pas d’atouts, comme l’a relevé Jean-Baptiste Danel dans son rapport remis l’année dernière au ministre de l’Agriculture : “Une disponibilité des surfaces permettant la rotation des cultures, une discipline en matière de lutte contre les maladies de quarantaine, une production nationale de plants de qualité, des exploitations spécialisées…”, relève l’ingénieur général du GREF dans un document, que ni ministre, ni profession, n’ont souhaité commenter publiquement jusqu’à présent.
La filière attend des signes forts
Ce fut enfin l’étape des restructurations douloureuses : fermeture de Flodor, de Fraîcheur d’Europe et de la partie “flocons” de Vico, celle des grandes manœuvres en fécule (départ d’Avebe, restructuration des outils de Roquette) dans un marché qui a néanmoins repris au printemps 2006. McCain fermait également son usine hollandaise en juin 2006 et passait dans le même temps de deux à trois “huit” dans son usine française ultramoderne de Matougues.
“Il n’y a aucune distorsion de concurrence entre producteurs européens, alors qu’il peut y avoir un problème de compétitivité entre usines européennes”, souligne cet observateur attentif. Pourtant, côté production, la filière attend des signes forts de son ministre de tutelle : tout d’abord sur la caisse de solidarité en cas de maladies de quarantaine. Les uns pointent du doigt l’immobilisme du ministre, les autres expliquent que la FNSEA bloque le dossier... Puis sur le transport. La profession a engagé des discussions avec le ministre pour faire passer la limitation actuelle de 40 à 44 t… Le dossier traîne toujours.
Enfin, il y a l’accès à l’eau que la filière voudrait voir garanti, tant du côté amont que du côté aval, et qui permettrait peut-être de renverser les tendances de ces dernières années en favorisant de nouvelles implantations françaises. La SAS Féculerie d’Haussimont n’a-t-elle pas ouvert la voie ?