PotatoEurope
La transformation belge connaît une croissance en flèche
En Belgique, tous les indicateurs sont au vert. Les industriels doivent néanmoins rester vigilants face à une possible surproduction structurelle et à la surcapacité de leurs outils.
En 1990, 500 000 tonnes de tubercules ont été transformées. Six fois plus en 2010 et peut-être les 4 millions de tonnes bientôt atteints ! Mais qu’est-ce qui arrêtera le développement des transformateurs belges de pommes de terre ? Pierre Lebrun, ingénieur agronome et coordonnateur de la Fiwap (1), évoquait une véritable “success story”. C’était à l’occasion de PotatoEurope, les journées européennes de la pomme de terre, qui se tenait cette année les 7 et 8 septembre à Tournai (Belgique).
La Belgique se classe en effet désormais parmi les plus importants transformateurs européens. Les surfaces cultivées y ont longtemps “flirté” avec la barre des 60 000 hectares pour augmenter brutalement de 20 % en 2009 puis de 15 % en 2010 pour s’établir à 81 760 ha. Quant à la production totale, elle a passé pour la première fois la barre des 3,5 millions de tonnes en 2010. La Bintje représente encore « le socle de la production belge » avec deux tiers des surfaces, même si elle a tendance à diminuer au profit de nouvelles variétés comme Fontane, Innovator ou Challenger. Elle n’occupe d’ailleurs pas plus de surfaces en 2010 qu’en 1996, mais offre l’avantage d’un prix du plant moins élevé, d’un itinéraire cultural maîtrisé et d’une forte polyvalence. Les industriels en apprécient d’ailleurs ses qualités technologiques (goût et croustillance).
Quelles sont les raisons d’une telle expansion ?
Selon Pierre Lebrun, l’expansion s’explique par le dynamisme de l’industrie. Souvent des structures familiales qui permettent souplesse et réactivité dans les décisions. Sur les vingt usines belges, Pinguin-Lutosa (700 000 t), Clarebout (550 000 t), Mydibel (400 000 t) et Farm Frites (375 000 t) en sont les plus importantes, souvent tournées vers les “produits blancs” et marques de distributeur pour les marchés intérieur et export. Les chiffres export de produits finis ont été multipliés par trois en l’espace de douze ans (600 000 t exportées en 2010). La production est concentrée : 684 des 2 000 producteurs belges exploitent 34 % des surfaces. Des exploitations sont parfois issues du négoce intermédiaire, ce qui explique aussi l’importance d’un marché libre, même si depuis 2009, les contrats dépassent la barre des 50 %.
Bien sûr, le secteur possède ses points faibles parmi lesquels la stagnation des rendements tant en Bintje que dans les nouvelles variétés, contrairement aux céréales ou à la betterave. Va-t-on assister à un glissement des surfaces de la Flandre vers la Wallonie et quelles en seront les conséquences pour les coûts d’approche des industriels ? Ce sera l’un des enjeux des prochaines années.
(1) La Fiwap est la filière wallonne de la pomme de terre.