Vaucluse
La situation se durcit entre Kerry et les producteurs de cerise d’industrie
Les relations entre la coopérative Copebi et le transformateur se sont fortement dégradées la semaine dernière.
Les producteurs de cerise d’industrie ont manifesté mardi dernier avec les salariés de Kerry à Apt. D’ordinaire confiant et mesuré dans ses propos, Jean-Pierre Cuxac, président de la coopérative Copebi, est en passe de perdre patience : « Il y a trois ans, nous avons accepté une baisse de prix de la matière première de -20 %, ce qui nous a amenés à nous aligner sur les prix mondiaux. Kerry s’était alors engagé à redresser la situation et avait présenté son plan de développement. Or, aujourd’hui l’entreprise nous annonce qu’elle va réduire son approvisionnement en produit local. Lors de notre séminaire interprofessionnel d’avril, Kerry a souhaité la mise en place d’un accord sur deux ans pour 4 000 tonnes. Ce n’est pas possible. Nous leur proposerons la prorogation des accords précédents, mais nous n’accepterons pas l’inacceptable. Nous sommes dans la même situation qu’en 2006 : on continue à nous raconter des salades. »
La diminution des volumes représente environ 40 % des achats habituels de Kerry. Jean-Pierre Cuxac y voit une explication : « l’an dernier, Kerry a acheté 2 900 tonnes en Espagne, ce qui est plus que leur capacité à produire. Aujourd’hui, ils argumentent sur des stocks importants pour expliquer la baisse des achats. Je pense personnellement que c’est un mensonge. Ce sont des gens qui ne sont pas bons sur le marché mondial, qui veulent vendre des fruits et qui ne savent pas le faire. Nous n’avons pas affaire à des industriels, mais à des financiers. Le plan social actuellement en cours est un palliatif pour redorer le blason de la société et la rendre vendable. Dans ces conditions, s’ils veulent partir, qu’ils s’en aillent. » Copebi est ultra dépendante de Kerry qui représente 77 % de sa commercialisation et la coopérative représente 96 % des achats de Kerry en France.
« Nous sommes au pied du mur et il est urgent d’ajouter des cordes à notre arc. C’est ce à quoi je vais m’employer durant l’hiver afin de trouver des solutions. » Par ailleurs, reçu par le Sous-Préfet d’Apt, Jean-Pierre Cuxac a demandé des aides publiques pour le stockage des cerises.