D’une semaine à l’autre
La semaine de tous les dangers, pour les producteurs et les distributeurs
Entre manifestations violentes en région et prises de position des représentations syndicales, la filière fruits et légumes poursuit son été 2011 particulièrement mouvementé.
Les producteurs de Légumes de France appellent à la grève des paiements publics
« Trop c’est trop », indique un communiqué du syndicat. Sa présidente, Angélique Delahaye, s’en explique : « Nombreux sont ceux qui se retrouvent dans des impasses financières. C’est du rôle de notre syndicat de ne pas les laisser isolés. Nous avons pris la décision de ne payer que ce qui est indispensable. C’est-à-dire les salaires de nos employés, les prestations sociales salariales et de régler nos fournisseurs. Je précise bien, cet appel n’est pas général et ne concerne que les exploitants qui sont dans une extrême difficulté. »
Manifestations paysannes
Dans le Sud les manifestations n’ont pas cessé : l’Ardèche et la Drôme avaient choisi la communication en installant des banderoles au-dessus des ponts enjambant l’A7. La situation est restée très tendue dans les Pyrénées-Orientales. Il y a d’abord eu le blocage de l’entrée de St Charles, le vidage de camions espagnols, puis samedi, la destruction du portail du Consulat d’Espagne et le déversement de fruits devant un bâtiment des services de l’Etat. A Nîmes mercredi, la “grillade party” devant la préfecture du Gard a dégénéré. Des vitres ont été cassées, puis un groupuscule à tenter de s’introduire dans un Lidl. Les choses ont dérapé vendredi, lorsque des manifestants ont pénétré dans un Leader Price, générant des échauffourées entre le service d’ordre, les clients et le personnel.
Xavier Beulin demande « d’urgence » une rencontre avec Bruno Le Maire
Dans un communiqué, Xavier Beulin, président de la FNSEA, « souhaite dans les meilleurs délais » rencontrer Bruno Le Maire. Xavier Beulin plaide pour « prendre des mesures et des décisions concrètes pour éviter que des milliers de producteurs ne déposent le bilan et engager une réflexion sur le moyen terme afin de mettre en place les mesures structurelles pour sortir les producteurs de ce schéma de crises à répétition ».
Légumes de France interpelle « les grands patrons du commerce »
Très actifs sur le plan de la revendication syndicale, les producteurs de Légumes de France ont adressé un courrier à Messieurs les grands patrons du commerce, grossistes, distributeurs et hard discount. Après les récriminations, le syndicat fait des propositions : « Nous sommes prêts à travailler avec vous en bonne intelligence et en appelons à votre bon sens pour améliorer la situation. » Un appel qui n’a visiblement pas été entendu. Le 17 août, à l’occasion du Conseil spécialisé de FranceAgriMer, seuls les grossistes étaient présents, la FCD ayant mandaté un administratif.
Modef : opération vérité sur les marges de la grande distribution
En direct, du producteur au consommateur, le Modef a vendu « au juste prix » près de 40 t de fruits du Lot-et-Garonne le 18 août à Paris. « Cette opération solidarité et vérité des prix avait pour objectif de défendre le pouvoir d’achat de tous, l’indépendance alimentaire de la France et promouvoir le développement durable. »
La Confédération paysanne « attend autre chose des Pouvoirs publics »
Selon la Confédération paysanne « les crises à répétition sont le résultat d’une cogestion où l’objectif restait la compétitivité tous azimuts et la prise de parts de marché maximum via l’exportation. » La Confédération prône l’interdiction de vente à perte, l’obligation d’acter le principe d’auto-suffisance alimentaire et une harmonisation des conditions de production au niveau social, environnemental. « Il faudra plus, conclut-elle, qu’un appel téléphonique entre ministres de chaque pays pour désamorcer la crise. A l’Etat français de trouver les moyens financiers en dehors de la cohorte de mesurettes inaccessibles à beaucoup de paysans par leurs côtés sélectifs et inappropriés. »
Une rencontre pour rien
Le Conseil spécialisé Fruits et légumes du 17 août à FranceAgriMer, n’aura finalement rien eu « d’extraordinaire ». Le constat a été dressé des choses que personne n’ignorait. Ce, en l’absence des distributeurs et des hards discounteurs pourtant appelés à participer à cette rencontre. D’où une certaine irritation d’Angélique Delahaye : « Je m’étonne de l’absence de la plupart des responsables du commerce. Je m’interroge sur l’intérêt et la considération que ces gens nous portent. A partir de là, tout peut arriver. » La présidente de Légumes de France, ne s’en tiendra pas « à des bouts de réponses. La question posée aux Pouvoirs publics et au commerce est de savoir si l’on veut encore d’une filière légumes en France. Que chacun sache, que nous ne lâcherons pas la copie comme en 2010. » La réaction de Bruno Dupont a été plus modérée : « Je ne m’attendais pas à plus. Mais il faut considérer que nous étions dans l’antichambre du ministère, et que c’était la voie pour forcer Bruno Le Maire à une écoute plus intense. Et une réponse à la question : veut-on encore d’une filière fruits en France. »