Produits d'import
La Russie met les marchés sous pression
L'embargo russe touche sévèrement le secteur des f&l, en particulier les transporteurs et négociants lituaniens et polonais et les fournisseurs de Catalogne, Pologne et du Benelux.

Depuis le 7 août, les exportateurs de Catalogne et d'Aragon ont deux urgences à gérer. Ils doivent trouver un débouché aux tonnages qui devaient normalement être achetés par les importateurs russes. Ce sont donc 40 000 à 50 000 t qui vont devoir être commercialisées ailleurs. Dans l'immédiat, plusieurs jours de commandes étaient sur la route et quelque 400 camions auraient fait demi tour ou sont bloqués. Le marché russe était devenu l'une des premières destinations pour les fruits d'été et les poires. Les consommateurs russes sont particulièrement friands de Paraguayos qui constituent au moins 50 % des tonnages vendus.
Les mesures de rétorsion ont aussi un impact négatif pour des opérateurs économiques russes. Les importateurs ont souvent prépayé une partie de la marchandise dont ils ne savent que faire. Toutefois, en ce qui concerne les fruits d'été, le taux de prépaiement était faible cette année. Les transporteurs russes sont peu impliqués car le prix du transport sur le marché intérieur russe est supérieur à celui européen. Ce sont les transporteurs sous pavillon polonais ou lituanien qui sont les plus touchés. Ils commencent à faire des offres de service à prix cassé pour prendre en charge d'autres flux. Des licenciements sont inévitables. Des actions revendicatives sont très probables, d'autant plus que ces entreprises ont des charges et des dettes élevées et des marges faibles.
Pas de frontière en BiélorussieParmi les pays de l'UE, la Lituanie est de loin le premier fournisseur de fruits et légumes avec un chiffre d'affaires de 640 millions d'euros sur un total de 1,8 milliard. La Pologne est en seconde position avec 440 millions, devant l'Espagne (225 millions), la Belgique (191), la Grèce (112) et les Pays-Bas (110).
La Biélorussie et la Serbie font partie des rares pays qui ont un accord de libre-échange avec la Russie. Pour la Biélorussie, il s'agit d'un accord de libre circulation, les deux pays ayant un espace douanier commun. Des transits via ces deux pays devraient vite être possibles si le risque est bien géré. Israël garde aussi un accès libre.
La Turquie avantagéeEn production, les prix sont encore sous pression. En abricot, les prix du calibre 2A ne vont pas encore au-delà de 1,60 à 1,80 €. En nectarine, les cours atteignent et dépassent 1,50 € en 2A et 1,20 en A. C'est deux fois plus qu'en Espagne et en Italie.
Les prix au détail en Allemagne sont encore souvent entre 0,79 et 1 € le kg.
La Turquie va davantage exporter vers la Russie. Les ventes en Europe vont se tarir. Cette semaine 33, la première chaine de distribution allemande et ses filiales ont encore une opération spéciale en Turquie à 3 € le carton de 2 kg.
Parmi les autres offres spéciales, les pommes Gala Tenroy d'Italie sont déjà à 3,50 € le carton de 3 kg. Les prunes locales type Cacak ou Katinka sont le plus souvent à 1 € la barquette d'un kg. A noter aussi la vente de cartons de 2 kg de 8 différents légumes de Hollande spécial barbecue à 3 €.