Abonnement paniers en Loire-Atlantique
La Ruche qui dit oui!, un e-commerce qui fonctionne
A Carquefou, avec le réseau La Ruche qui dit oui !, Marie-Aude Leroy met en contact 700 acheteurs potentiels et une vingtaine de producteurs.









En deux ans et demi, le site de vente en ligne La Ruche qui dit oui ! a suscité la création de près de 360 ruches, initiatives locales de mise en relation directe entre producteurs et consommateurs. Fin 2013, Marie-Aude Leroy a ouvert une ruche du réseau à Carquefou, près de Nantes. Toutes les deux semaines, elle organise une distribution de légumes, viandes, charcuterie, vins, confitures, pain... prélablement commandés et payés sur Internet, que des producteurs apportent au caveau de Cyrille Bécavin, viticulteur à Carquefou et fournisseur de la ruche. « J'étais intéressée par le fait de consommer des produits locaux, de savoir ce que je mange, d'arrêter d'acheter des légumes qui viennent du bout du monde, explique-t-elle. J'ai d'abord testé un système de paniers sur abonnement. Mais je n'étais pas convaincue par le fait d'avoir des produits imposés, de recevoir un panier toutes les semaines même si je suis en vacances, de devoir cuisiner beaucoup de légumes d'un coup. Quand j'ai entendu parler de La Ruche qui dit oui !, j'ai donc été intéressée. Ce système correspond davantage à notre mode de vie, à des gens qui sont habitués à Internet, qui veulent consommer local et rester libres de leurs achats. »
Une plate-forme commune d'achats en ligne
A l'origine du réseau La Ruche qui dit oui !, il y a Guilhem Chéron, qui après avoir été designer industriel et cuisinier, a cherché un moyen de permettre au plus grand nombre de se fournir en produits alimentaires locaux. Avec son associé, Marc-David Choukroun, ils ont imaginé une plate-forme d'achats Internet. Mise en place fin 2011, ils l'ont appelée La Ruche qui dit oui !. Le responsable de la ruche contacte des producteurs qui doivent être situés dans un rayon de 250 km autour du lieu de distribution. Chaque semaine ou toutes les deux semaines, les producteurs mettent en ligne les produits qu'ils peuvent proposer, fixant le prix et le minimum de commandes à atteindre pour les livrer. Le responsable de la ruche valide ensuite les produits. Puis les consommateurs ont six jours pour passer commande sur le site. « Chaque membre est libre de commander ou non, précise Marie-Aude Leroy. Il n'y a pas d'obligation, pas d'engagement. » Le paiement se fait en ligne quand la commande est validée. « Si les produits ne sont pas livrés, par exemple parce que le producteur n'a pas atteint son minimum de commandes, les acheteurs sont remboursés par virement. » Le jour J, les consommateurs et les producteurs se retrouvent à la ruche pour la distribution des produits. Le producteur paie des frais de service (16,7 % de son chiffre d'affaires hors taxes). Ces frais servent pour moitié à rémunérer le responsable de la ruche et pour moitié à payer les frais bancaires liés au paiement en ligne et l'équipe de la Ruche-Mama (l'entreprise), soit plus de trente salariés.
Un revenu complémentaire pour le responsable de la ruche
Pour créer sa ruche, Marie-Aude Leroy, qui travaille dans la cosmétique, a pris le statut d'auto-entrepreneur. « Une ruche ne peut apporter qu'un complément de revenu, souligne-t-elle. Pour l'instant, j'y consacre 2 à 3 heures en semaine, pour valider les produits mis en vente, rappeler les producteurs, répondre aux questions des clients. Et la distribution me prend aussi presque 3 heures, toutes les deux semaines. » En pratique, elle met en relation 700 acheteurs potentiels et une vingtaine de producteurs. « J'ai récupéré le fichier d'une ruche voisine qui a fermé. J'ai distribué des tracts, envoyé des mails et il y a eu un article dans la presse locale. Et surtout, le bouche-à-oreille a fonctionné. Mais ces 700 acheteurs potentiels ne sont que des personnes qui se sont inscrites sur le site, pour voir. Je n'ai commencé que depuis quelques mois et il y a en moyenne une trentaine de commandes à chaque distribution. » Les producteurs viennent du département ou des cantons limitrophes. « J'essaie de trouver des producteurs pour l'ensemble des produits alimentaires, explique la responsable de la ruche. Le principe est de ne pas mettre les producteurs en concurrence. Mais je souhaiterais élargir la gamme des produits proposés, notamment avec des fruits et des légumes bio, des produits laitiers... »
La start-up du manger mieux, manger juste
En France, début 2014, on comptait 360 ruches, 209 sont en préparation et des ruches ont aussi été créées en Belgique fin 2013. En Allemagne, des ruches devraient voir le jour cette année. Et le réseau pourrait aussi s'étendre en Espagne et en Angleterre. « Le succès du réseau est lié à la volonté des consommateurs d'avoir des produits locaux, en toute transparence, avec un vrai dialogue avec les producteurs, estime Benjamin Hamiot, du service communication. La simplicité est aussi un atout. Et surtout, il y a une grande liberté. Le client achète les produits et les quantités qu'il souhaite, avec une grande diversité des produits et sans engagement. C'est la différence majeure avec les systèmes Amap. Cela se traduit par un public moins militant mais qui recherche des produits locaux, frais et de qualité. »
Au total, plus de 1 800 producteurs livrent des produits par l'intermédiaire de La Ruche qui dit oui ! 60 % sont en bio, les autres en agriculture raisonnée. Sur 150 000 membres inscrits, 35 000 passent régulièrement des commandes. Les principaux produits livrés sont les légumes (26 %), les produits laitiers et les œufs (25 %), la viande (8 %) et les fruits (6 %). Mais on y trouve aussi du pain, de la charcuterie, des confitures, des boissons, du miel... La Ruche-Mama a aussi créé un blog qui traite de différents sujets sur l'alimentation, la production, les initiatives locales... Et en août 2012, le réseau, dont le slogan est “Manger mieux, manger juste”, a reçu l'agrément officiel “Entreprise sociale et solidaire”.

A Carquefou, les consommateurs qui s'approvisionnent par la ruche viennent des communes voisines. Ils recherchent des produits locaux, frais et de qualité. Pratiquement toutes les commandes comprennent des légumes. La viande de porc, les charcuteries, la viande de bœuf se vendent aussi très bien, car les produits sont excellents. Mais il est important que les producteurs soient présents lors des distributions car les clients veulent pouvoir discuter avec eux.

Je produis surtout pour les circuits longs. Mais depuis quatre ans, j'ai développé la vente directe et il y a des contraintes pour avoir une gamme diversifiée, mais j'y prends du plaisir. Les relations sont différentes de celles qu'on a avec la grande distribution. Il y a une confiance réciproque. Je propose des paniers à 15 € et des produits à l'unité. Cela demande tout de même du temps de préparation, de la réactivité et un peu d'habitude pour utiliser le site.

J'ai d'abord adhéré à la ruche de Sainte-Luce-sur-Loire, il y a deux ans, puis à celle-ci quand elle s'est créée, car j'habite Carquefou. Cela m'intéresse car les produits sont frais, bons, on sait d'où ils viennent. On peut parler avec les producteurs et les produits n'ont pas fait 300 km, ce qui est bon pour l'écologie. J'achète à chaque distribution, pour 30 à 60 € en moyenne. Commander sur Internet est simple. Si un produit n'est pas livré, on est remboursé dans les quatre à cinq jours.