Retour de salon - Medfel
La qualité en Méditerranée cherche son langage commun
Qualité sanitaire ou lien au terroir ? Peut-être les deux. L’émergence des signes de qualité dans le bassin méditerranéen concerne en tout cas toute la filière et revêt un caractère commercial de plus en plus important.

Un constat sans ambiguïté est sorti de la table ronde sur l’impact des signes et des démarches qualité sur les filières fruits et légumes du bassin méditerranéen : l’émergence de ces derniers est en passe de transformer l’approche économique des filières fruits et légumes. Ils apportent cette différenciation qui est un véritable enjeu de compétitivité et qui génère de nouvelles formes de coopération. Cependant, il fut tout aussi clair qu’un vocabulaire commun était encore à trouver entre les différents pays du pourtour.
La table ronde aura débuté par un vaste tour d’horizon des signes de qualité existants, mené successivement par un chercheur du CIHEAM-IAMM Selma Tozanli et Zine El Alami, directeur technique de l’EACCE (Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations) au Maroc. La première aura souligné que dans certains pays comme la Turquie ou le royaume chérifien, l’organisation des filières ne permettait pas valoriser les petits produits traditionnels et que les produits certifiés étaient souvent considérés comme un outil offensif participant au développement des exportations. Dans cette optique, les producteurs vont se focaliser de façon préférentielle sur les normes, privées ou non, concernant les bonnes pratiques reconnues et demandées par les pays clients (GlobalGap, BRC, Iso et consorts). Zine El Alami a démontré les progrès faits par le Maroc sur ce point, ne serait-ce qu’en précisant, par exemple, l’accréditation de l’ensemble des laboratoires de contrôles du pays pour 2013 ou le fait qu’à l’heure actuelle, environ 60 % des fellahs ont mis en œuvre la certification GlobalGap.
D’où l’impression d’un hiatus entre une vision purement “sécurité sanitaire” et une plus attachée aux savoir-faire lorsque l’on aborde la thématique “qualité”. Christian Amblard, directeur du Syndicat du Pruneau d’Agen et membre du Comité exécutif de oriGIn (Organization for an Institutional Geograpical Indications Network/Organisation pour un réseau international d’indications géographiques) aura appelé à « ne pas confondre conformité du produit et ajouts liés à l’authenticité du produit. Le terroir, c’est l’association d’un sol et d’un savoir-faire. Ajouter le nom du producteur ou de la zone de production n’est pas suffisant pour créer une valeur ajoutée ». Les producteurs français de pruneau d’Agen ont rapidement agi en 2002, à l’ouverture du marché européen, pour contrecarrer la concurrence du produit chilien. De fait, la question de l’existence ou non d’un terroir pour les fruits et légumes du bassin méditerranéen pourrait se poser. Et pourtant les participants n’ont pas manqué de mettre en avant plusieurs produits où la notion d’origine et de terroir est prégnante. Selma Tozanli évoqua ainsi l’olive turque de Gemlik dont le prix est supérieur de 30 % aux autres variétés : « Contrairement à d’autres produits, les fruits et légumes offrent un profil organoleptique clair aux consommateurs qui, du coup, ne se trompent pas. Mais, c’est aux producteurs de s’organiser et de se faire entendre. Ainsi la filière de l’abricot de la région d’Antalya existait d’abord avant de recevoir une AOC. En revanche, prenez l’orange de Finik, le manque d’organisation de la filière ne permet pas de générer une plus-value sur un produit pourtant reconnu pour sa qualité. »
Au Maroc, il existe aussi un groupe de fruits et légumes disposant d’un référentiel particulier lié à l’origine comme la clémentine de Berkane ou le safran de Taliouine. Ici agissent surtout des coopératives locales regroupant de petits producteurs : rien à voir avec les grands conglomérats agricoles recherchés par le Maroc pour accentuer sa présence à l’exportation au niveau mondial.