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ÉPINARD
La protection s’étoffe

Avec un nouvel antimildiou et des variétés disposant de résistances toujours plus complètes, l’épinard étoffe ses moyens de protection contre les maladies fongiques. La prophylaxie garde toute sa place.

Pour la campagne 2017, un nouvel antimildiou est à la disposition des producteurs d’épinard. Ce genre d’innovation est suffisamment rare sur cette culture pour être souligné et salué (voir encadré). Toutefois, cette homologation ne doit pas mettre dans l’ombre les autres aspects de la protection. Les semenciers continuent en effet à proposer des variétés avec des résistances toujours plus complètes, pour contrer l’apparition de nouvelles souches de mildiou. Et la prophylaxie garde toute sa place dans la stratégie de lutte contre les maladies foliaires.

Orienter le choix des variétés et la protection

En effet, du fait de sa commercialisation en feuilles, l’épinard exige une végétation saine, sans nécroses et d’un vert homogène. Les maladies fongiques que sont le mildiou, l’anthracnose, et dans une moindre mesure la cladosporiose, peuvent déprécier la qualité des limbes. Afin de lutter au mieux contre ces pathogènes, il est important d’en connaître les conditions préférentielles de croissance. Ainsi, la sporulation du mildiou (Peronospora farinosa f. sp. spinaciae) nécessite des températures comprises entre 8 et 15°C et une humidité saturante pendant 12 heures (forte rosée ou pluie fine). Cela explique que cette maladie soit fréquemment rencontrée sur les épinards d’hiver (attaques au printemps) et de printemps. Néanmoins, des attaques peuvent aussi survenir sur les semis tardifs d’automne, en fonction des conditions climatiques. L’anthracnose (Colletotrichum dematium f. sp. spinaciae) a également besoin d’humidité pour contaminer les plantes (humectation de neuf heures). En revanche, son optimum thermique est plus élevé, entre 20 et 25°C, ce qui la rend plus présente sur les cycles de printemps tardifs et d’automne. La cladosporiose (Cladosporium variabile) se développe dans des conditions similaires. Du fait de leurs conditions de développement différentes, ces maladies sont rarement observées en même temps dans les parcelles, sauf exceptions qui peuvent toujours se produire.

Des variétés testées et peu sensibles

En théorie, il est ainsi possible d’orienter le choix des variétés et la protection fongicide en fonction de la période de production. Comme pour toutes les cultures, la stratégie de lutte contre les maladies de l’épinard doit débuter par le respect de certaines règles de prophylaxie (voir encadré).

Le choix de la variété conditionne ensuite directement l’utilisation de fongicides en culture, notamment contre le mildiou. Toutes les variétés présentent des résistances à plusieurs races de mildiou mais ce champignon a la fâcheuse capacité de les contourner régulièrement en faisant apparaître de nouvelles souches. Toutefois, la sélection variétale demeure une base essentielle pour lutter contre cette maladie. Il existe actuellement 16 races de mildiou référencées dans le monde. Parmi elles, 15 sont présentes en France, la race Pfs : 16 n’ayant encore jamais été observée en Europe. La dernière identifiée dans l’Hexagone est la race Pfs : 15, apparue en 2016. Cependant, 87 % des variétés cultivées en 2016 présente une résistance haute ou intermédiaire à cette race. Elle n’est donc pas la plus problématique.

Les races les plus rencontrées ces dernières années sont Pfs : 13 (la plus virulente) et Pfs : 14. Les autres sont également susceptibles d’attaquer les cultures mais la plupart des variétés cultivées au printemps ou en automne y sont résistantes.

Les épinards d’hiver sont souvent plus touchés par le mildiou car les variétés adaptées à ce créneau de production disposent de résistances moins nombreuses. La race Pfs : 8 est particulièrement redoutée en raison de son optimum thermique plus bas que celui des autres races. Des attaques sont ainsi possibles dès le mois de janvier sur les variétés sensibles à cette souche. La situation est un peu différente contre l’anthracnose. En effet, il n’existe pas de résistance variétale mais seulement des différences de sensibilité. Par le passé, l’Unilet a conduit des essais plusieurs années de suite pour mesurer et valider ces différences. Parmi les variétés testées et disposant d’un nombre suffisant de résultats, Eagle, Falcon et Allouette sont considérées peu sensibles. Silverwhale, Novico, Beaver ou Whale sont classées moyennement sensibles. Les variétés récentes n’ont pas été évaluées.

Le choix du fongicide devient possible

Le traitement fongicide est l’étape ultime, qui ne s’envisage qu’après celles citées auparavant. Il prend le relais de la protection des semences (Apron XL), dont la persistance d’action s’achève au stade quatre feuilles de l’épinard. De 2006 à 2016, Bion MX a constitué le seul recours. Il permet de maîtriser efficacement le mildiou (70-80 % d’efficacité) et présente une action plus limitée sur anthracnose (50 %). Pour atteindre ces niveaux d’efficacité, il est nécessaire de traiter la culture avant l’apparition de la maladie. En effet, Bion MX est composé entre autre d’aciben-zolar-s-méthyl, une molécule stimulant les défenses naturelles. La protection n’est donc effective qu’au bout de quelques jours. La gamme s’étoffe cette année avec l’arrivée d’Infinito. Cette homologation ne révolutionne pas la protection fongicide mais permet de diversifier les modes d’action par l’alternance des produits. Par ailleurs, l’homologation d’un autre fongicide est attendue, avec une très bonne efficacité contre l’anthracnose et un effet intéressant sur le mildiou.

Alexandre Moreul

Une nouveauté pour alterner les produits

Infinito (Bayer) est un antimildiou strict, composé de 625 g/l de propamocarbe et de 62,5 g/l de fluo-picolide. Son emploi est autorisé pour lutter contre le mildiou à raison de deux applications par an (pas par culture) à 1,6 l/ha, avec un délai avant récolte de 14 jours. Infinito agit par voie translaminaire, diffusante et par systémie ascendante. Il a une action anti-sporulante, sporicide et il bloque la croissance mycélienne. Le traitement peut être renouvelé en respectant un délai de dix jours. À ces conditions, son efficacité est équivalente à celle de Bion MX sur le mildiou.

RÈGLES

Règles de prophylaxie à respecter

Espacer les cultures d’épinard d’une période minimum de trois ans pour permettre la destruction naturelle des spores présentes dans le sol. Allonger ce délai à quatre-cinq ans en cas de dégâts avérés sur la parcelle.

Limiter l’irrigation aux besoins de la culture pour réduire les risques de contamination (humidité saturante, projection par les gouttes).

Enfouir rapidement les résidus de culture après récolte afin de favoriser leur décomposition, surtout s’ils sont porteurs de symptômes. Cette recommandation est d’autant plus importante en cas de doubles ou de triples cultures d’épinard, les plantes contaminées non détruites étant les premières sources de dissémination des spores.

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