Produits d'import
La pression climatique modifie la donne
Les zones sous tension climatique sont de plus en plus vastes, dans l'hémisphère sud mais aussi en Afrique du Nord. De nombreux marchés agricoles sont donc dans le creux de la vague.

En moins de trois semaines, le marché du raisin a basculé d'une situation de quasi-pléthore à un manque d'offre. Cette situation est appelée à durer. L'Afrique du Sud ne peut pas honorer ses prévisions. Le Pérou est en fin de saison de Red Globe avec quelques problèmes de qualité. La situation au Chili est encore assez confuse : en pleine période de récolte, les pluies ont touché de vastes zones, ce qui oblige à mettre en œuvre une protection tardive des plantations. L'Inde commence à charger cette semaine. Si la saison des pluies n'est pas trop précoce, les tonnages exportés pourraient dépasser 200 000 t, dont 50 000 à 60 000 t vers l'Europe.
Moins de myrtilles du Chili
Les fruits rouges sont de plus en plus abondants. Les campagnes sont précoces et les surfaces qui entrent en production en Espagne et au Maroc progressent d'environ 35 % en myrtille et de 20 % en framboise. La campagne de myrtille du Chili a passé son pic et le produit disparaît des catalogues à moins de 10 €/kg stade détail. C'est le prix minimum des marques stade import du Maroc qui devrait exporter bien plus de 10 000 t cette année avec un pic entre mi-février et fin mars. Dans le nord de l'Europe, les promotions concernent maintenant la framboise (1,17 €/100 g cette semaine) et aussi la fraise. La campagne de fraise est précoce avec de gros écarts qualitatifs en toutes variétés. Les ventes de dégagement sont toutefois plus rares car des producteurs arrêtent de livrer !
Moins de braderies
Sur le marché des petits agrumes, les prix les plus bas sont éliminés mais ils plafonnent vite en Nadorcot. La fermeture de la frontière américaine à la Nour du Maroc entraîne un petit report d'offre sur l'Europe jusqu'à mi-février. Les mangues bateau, surtout du Pérou, font encore pression pendant quelques semaines, on les trouve à 1,50 €/pièce stade détail.
Le marché des poires continue de se raffermir pas à pas, même la Conférence gagne quelques centimes. En kiwi, la baisse des prix des petits calibres permet de relancer un peu les ventes. En Andalousie, la plupart des légumes de serre affichent des prix en hausse. En poivron et aubergine, l'avance des campagnes compte moins que les effets habituels de la baisse des rendements et du manque de calibre en période de jours courts. En aubergine, les prix vont du simple au double, les fruits de + 250 g sont les plus recherchés.
Les hausses en cours ne permettront pas de rattraper le retard : dans certaines entreprises, le prix moyen cumulé est divisé par deux. De plus, tomates rondes et cerise continuent de se brader à l'amont. Ces prix très bas au stade de la production ne changent guère le niveau de ceux au détail, sauf sur des marchés de plein air. Les magasins ont pour préoccupation de maintenir leur chiffre d'affaires et leur marge. Une braderie de la tomate ronde à cette période de l'année n'aurait pas un grand impact en termes de volumes. Ainsi, en pleine crise de mévente de la tomate ronde, la première chaîne allemande met en promotion nationale la cerise en grappe (1,33 €/100 g) et la mini Roma à 0,80 €/100 g. Les deux sont d'origine des Pays-Bas ! La deuxième chaîne n'a que la tomate Beef à 5,11 €/kg…
Le 4 février, les différents métiers de la filière andalouse ont décidé d'une grève générale. Son caractère interprofessionnel est inédit : syndicats des salariés et des producteurs ont appelé à cesser le travail. Les revendications portent sur les prix trop bas, la concurrence du Maroc ou de la Turquie et sur les restrictions d'eau du fait de la sécheresse.