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Pommes de terre
La pomme de terre passe plus de temps en bâtiment qu'en terre

La conservation constitue une étape primordiale dans l'itinéraire de la culture, représentant la moitié de son empreinte carbone. De quoi inciter à une gestion optimale de sa conservation.

La consommation énergétique des bâtiments de stockage de pommes de terre pèse pour près de la moitié sur l'empreinte carbone de la culture. Ce score élevé est lié à 80 % à la consommation électrique des installations. Et souligne l'importance d'un tel poste dans le bilan énergétique global d'une culture qui passe le plus souvent plus de temps en bâtiments qu'en terre. Ce chiffre interpelle tous les opérateurs de la filière à un moment où les questions d'économie d'énergie et de réduction de gaz à effet de serre sont au cœur des débats.

La question est d'autant plus d'actualité que des industriels considèrent la responsabilité sociale et environnementale comme un pilier de leur stratégie (à l'image de McCain qui développe cette approche depuis 2007) et font tout pour réduire leurs impacts sur l'environnement en travaillant à une meilleure réassurance nutritionnelle et environnementale.

« C'est dire si le stockage s'inscrit complètement dans l'itinéraire technique de la pomme de terre, explique Michel Martin, responsable équipements et conservation pommes de terre à Arvalis-Institut du Végétal. Si le stockage vise à maintenir l'intégrité physique des tubercules dès la récolte, il doit permettre également de préserver leur qualité physicochimique spécifique à chaque débouché. ».

Une démarche de progrès

De multiples facteurs influent sur « une conduite optimale de la conservation de tubercules ». Le 26 juin à l'occasion du troisième rendez-vous technique de la pomme de terre à Villers-Saint-Christophe (Aisne), Arvalis organisait un colloque sur les challenges qui attendent les producteurs en matière de conservation. « Tout comme la phase de production au champ, la conservation des tubercules s'inscrit pleinement dans une démarche de progrès », expliquait d'entrée de jeu Michel Martin.

La conduite du stockage varie en effet selon que le tubercule est destiné au frais ou à la transformation. En outre, hormis cette différence de destination, elle dépend également de la variété stockée, voire du temps de stockage du tubercule, comme de la température ou de l'hygrométrie.

Des expériences menées sur des lots de variétés stockées à différentes températures (entre 4 et 9 °C) ont permis d'obtenir une grande variabilité de teneur en sucres réducteurs pour la confection de frites ménagères. Dans ses études récentes, Arvalis-Institut du Végétal a par exemple étudié les principaux effets sur la variété, de la température de stockage (trois à six mois) ainsi que du mode de cuisson sur la teneur en glucose, sur les couleurs et la teneur en acrylamide des frites.

Une qualité technologique

Hormis ce paramètre température, le producteur se doit également de respecter le programme inhibiteur de germination car les programmes d'application de produits antigerminatifs diffèrent eux aussi suivant la destination des tubercules (frais ou transformation). Par exemple, des basses températures de stockage peuvent limiter l'usage d'antigerminatifs et le développement des maladies superficielles pour les variétés destinées au marché du frais. En revanche, elles peuvent avoir un impact sur la production de sucres réducteurs et réduire d'autant la qualité culinaire et gustative des variétés destinées à la transformation. Les études menées depuis plusieurs années démontrent en effet que « les variétés réagissent de façon très contrastée sur ce dernier point ».

Selon Arvalis, la capacité des variétés à pouvoir être stockées à basse température est devenue un critère important face aux exigences de plus en plus fortes sur la qualité culinaire ainsi que sur l'argument “santé” (réduction des inhibiteurs de germination, limitation de la formation d'acrylamide).

Pour les variétés de transformation, les industriels précisent aux producteurs les paramètres de stockage spécifiques à chaque variété pour maintenir une qualité technologique optimale tout au long de la conservation.

Evolutions réglementaires

C'est ainsi que les démarches de progrès se multiplient dans la filière et intègrent désormais tout à la fois le respect de la qualité des produits stockés, leur durabilité, la prise en compte des souhaits des acheteurs qui demandent une utilisation moindre des produits phytos et une meilleure gestion des risques environnementaux. Selon Arvalis, des évolutions sont en cours sur au moins trois volets. Le premier concerne les inhibiteurs de germination. Les analyses des produits mis en rayon démontrent “une bonne maîtrise des résidus et de la teneur des produits en linéaire”. La gamme des produits inhibiteurs commence à s'élargir avec l'autorisation attendue de deux molécules d'origine américaine.

Néanmoins, se pose la question du renouvellement de l'autorisation d'emploi du CIPC. Pour cet inhibiteur de germination utilisé dans les bâtiments de stockage sous forme de nébulisation, la plupart du temps, d'ici juillet 2017, on saura si son autorisation d'emploi est renouvelée.

Les fluides frigorigènes doivent, quant à eux, faire face à des évolutions réglementaires qui obligent les utilisateurs à les intégrer dans leur stratégie d'équipement. Car les équipements travaillant encore au R22 n'auront plus la possibilité d'être réapprovisionnés en cas de fuite à partir du 1er janvier 2015. Il s'agit là de protéger la couche d'ozone et de limiter l'impact sur le réchauffement climatique.

Enfin, la contribution énergétique des bâtiments reste un poste à diminuer. Rien que le refroidissement des pommes de terre au moment de leur introduction dans le bâtiment de stockage représente près de 40 % de la consommation globale. « L'introduction de variateur de vitesse sur les ventilateurs peut réduire leur consommation une fois la période de séchage terminée », souligne Michel Martin.

FRANCEAGRIMER : Quelques chiffres

A la suite de l'appel à candidatures de février 2014 concernant l'aide aux bâtiments de stockage, FranceAgriMer a décidé de soutenir 52 projets sur les 75 éligibles pour un montant global de 869 000 €.

Il s'agit de la construction de bâtiments (25 dossiers pour environ 35 000 t) et d'aménagements de bâtiments (27 dossiers pour 26 300 t environ).

Compte tenu des crédits et du pourcentage alloué à chaque secteur, la répartition de ces dossiers est la suivante :

• 16 dossiers plants pour un montant de 266 00 € (31 %)
• 14 dossiers consommation pour 261 000 € (30 %)
• 22 dossiers transformation ou mixte pour 342 000 € (39 %).

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