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Champignon - Production
La Pologne, nouveau leader export

Le marché du champignon frais reste stable en Europe. Ce calme olympien cache de fortes turbulences au sein des pays de l’Union européenne. Le leader polonais grappille toujours des parts de marché et agit comme un véritable raz de marée.

Le champignon n’est pas épargné par la crise actuelle. Fin août, l’Anicc (Association nationale interprofessionnelle du champignon de couche) a adressé une lettre au ministre de l’Agriculture au sujet des prix élevés pratiqués par la grande distribution et les effets de la dévaluation du zloty, la monnaie polonaise. Certains producteurs auraient refusé des contrats stipulant une baisse de prix de 40 %. « Nous assistons, il me semble, à plusieurs crises concomitantes, analyse Didier Dupin, directeur de l’Anicc. Les prix pour le consommateur ne baissent pas et la concurrence est exacerbée avec la chute de la monnaie polonaise. Et la consommation a tendance à s’éroder. »
Depuis le début de l’année 2008, le zloty a baissé de 28 % face à l’euro. Un avantage certain pour les producteurs de champignons frais. Depuis son entrée dans l’Union européenne en 2004, la Pologne a profité du marché européen et développé sa production de champignons frais.
Selon les chiffres du GEPC (Groupement européen des producteurs de champignons), la production pour le marché de frais polonais est passée de 55 000 t en 1996 à 115 000 t en 2004 pour exploser à 180 000 t en 2005. Encore la saison passée, l’offre polonaise a progressé de 5 %.
En cinq ans, les importations de champignon frais de la Pologne vers la France ont triplé pour atteindre 10 000 t en 2007 et 2008. Dans le même temps, l’entrée des champignons néerlandais diminue légèrement. Elle était de 9 313 t en 2008 et atteint les 8 900 t en 2008-2009. Au final, la France importe aujourd’hui près de 27 000 t de champignons, un chiffre stable depuis 2007. Quant à la production française, elle s’est effondrée en dix-sept ans. De 41 000 t en 1996, elle se chiffre seulement à 22 400 t en 2008 selon les données provisoires du GEPC. Cette tendance semble irréversible et va encore sans doute s’accentuer.
Selon un spécialiste de la filière, les producteurs français ont tardé à prendre le train de la modernité. Abandonner les caves et opter pour les salles de culture sont des mesures assez récentes en France et ne datent que d’une dizaine d’années.

Perte de marché à l’export pour l’Hexagone
D’après les dernières analyses du GEPC, les exportations françaises ont chuté fortement, passant de 1 300 à 580 t sur l’année 2008-2009. En revanche, les importations demeurent stables (27 193 t contre 27 699 t en 2008) mais avec des prix revus nettement à la baisse. En juin 2009, les champignons frais ont été importés en moyenne à raison de 1,65 euro/kg contre 1,90 euro/kg en 2008 et 1,97 euro/kg en décembre 2008. Dans ces conditions, le champignon français n’est plus compétitif.
La perte en valeur enregistrée par le service des douanes est, au final, de 13 % sur l’année et de 16 % sur les six derniers mois. Cette baisse est corrélée avec l’origine du produit.
Les champignons en provenance de Pologne affichaient 1,45 euro/kg, tandis que ceux de Hollande étaient estampillés 1,92 euro/kg. Perte de marché à l’exportation, importation stable et baisse de consommation dans l’Hexagone d’environ 5 %, la production française souffre. Et pour la première fois, la Pologne devient leader européen en matière d’exportation. Elle devance symboliquement la Hollande avec 9 000 t exportées et 88 t de plus à l’exportation.
En Pologne, les producteurs se sont donnés les moyens de moderniser leur outil. Les unités de compostage, indispensables pour la culture du champignon, sont des plus modernes. Et surtout, le coût salarial est très compétitif, comparé à ceux pratiqués en France. Selon un rapport publié par le Geopa-Copa (Groupe des employeurs des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne), le coût d’un ouvrier horticole en juillet 2007 était de 3,44 euros en Pologne contre 14,28 euros en France, soit un rapport de 1 à 4. Les écarts ont cependant diminué depuis l’arrivée de la Pologne dans l’Union européenne en 2004 puisque les différences de salaire étaient à l’époque de 1 à 7. Mais la tendance pourrait à nouveau s’inverser.
Les producteurs français vont devoir intégrer de nouvelles taxes dans leurs charges salariales comme le 1 % logement, ce qui n’était pas le cas auparavant. Les écarts vont donc encore se creuser avec l’arrivée sur le marché polonais d’une plus grande offre de main-d’œuvre et le retour des expatriés.

L’arrivée du champignon polonais concerne l’Europe entière
La France n’est pas la seule à être touchée par le tsunami polonais. En Angleterre, la production a été divisée par presque trois par rapport à ses années fastes de 1998 et 1999 et ne dépasse pas aujourd’hui 40 000 t. Les Irlandais, en plein développement économique dans les années 2000, ont grignoté des parts de marché aux Anglais. La Hollande a, elle aussi, réduit la voilure, passant des 100 000 t à 90 000 t en 2008.
Fer de lance de la production de champignons jusqu’en 2004, nos voisins néerlandais ont révolutionné le mode de culture en créant des salles de cultures, en travaillant sur les souches et en perfectionnant le compost. Leur avancée technologique leur a sans doute permis de mieux résister, même si leur production a d’abord chuté ces dernières années en raison de perturbations sanitaires provoquées par un champignon, le verticillium. Si la concurrence est très exacerbée entre les pays de l’Union européenne, la production globale se développe à vitesse ralentie et ne progresse plus comme il y a dix ans ? « Sur le plan européen, le marché des souches s’avère stable, voire en légère régression, affirme un spécialiste. Cela ne veut pas dire que la production de champignons de couche diminue. Les outils modernes de production sont moins gourmands en semences. »

Vers un potentiel polonais de 300 000 tonnes
Le leader polonais va-t-il encore poursuivre sa course au développement ? A entendre certains, il ne serait pas impossible que leur volume progresse au global jusqu’à 300 000 t, dont 40 000 à 50 000 t de champignons transformés (chiffre stable) si aucune contrainte ne vient perturber leur potentiel.
Contrairement à la production de champignons frais, la France reste l’un des leaders de fournisseurs de semences. La plus grosse unité mondiale, dépendant de l’américain Sylvan, réside à Langeais en Maine-et-Loire. Il fournit essentiellement les pays au Sud de la France, tandis que son concurrent français Amycel s’est spécialisé vers une distribution des pays plus septentrionaux.
Chez Sylvan, d’importants efforts de recherche sont octroyés pour améliorer les souches afin de répondre aux exigences de cultures et l’évolution du compost ainsi que les demandes de leurs clients.
Les premiers hybrides lancés depuis une vingtaine d’années sur le marché par les Hollandais évoluent progressivement et sont adaptés aux salles de culture. Les champignons blancs et lisses se sont substitués aux produits pelucheux et crème. Ils sont aussi plus productifs. Les exigences commerciales – comme une meilleure tenue en rayon – sont également prises en compte. Le produit frais diffère ainsi du produit destiné à l’industrie qui exige des pieds coniques plutôt que des pieds droits et plus de matière sèche.
Les nouvelles techniques et les exigences de productivité ont-elles eu raison du champignon de couche blond ? « Il est vrai que ce type de champignon reste très minoritaire sur les étals aujourd’hui, regrette un producteur. Il est encore moins présent en France que chez nos voisins. Pourtant, il est réputé pour être plus goûteux. Plus rustique mais moins productif, il s’adapte plus difficilement aux exigences des salles de culture. Sans doute aurait-il mérité des campagnes promotionnelles plus importantes comme cela a été le cas dans les pays anglo-saxons et nordiques. »

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