La planète est son jardin
Le marché a guidé le développement de Fruits rouges & Co durant vingt-cinq ans. L'entreprise surfe sur le côté “bon pour la santé” des fruits rouges, mais sans pouvoir utiliser toutes les allégations.
Il y a encore tellement de choses à faire ! », reconnaît Sylvie Cathelain, la présidente de Fruits rouges & Co. Elle sait que s'ouvrent encore devant elle de nombreux « champs du possible ». Prudente et discrète avec les médias, mais efficace dans les affaires, elle sait que beaucoup de choses sont encore à défricher dans cette filière si particulière des “petits fruits rouges”.
Après avoir été remarquée au Sial 2014 pour ses purées de fruits surgelées, elle vient d'être distinguée par BPIfrance en 2015 « pour son potentiel de croissance ». Car l'entreprise connaît des taux de croissance à deux chiffres depuis plusieurs années et a quasiment doublé son chiffre d'affaires annuel depuis cinq ans, en passant de 36,5 à 64 millions d'euros.
Une production de “baby food” Les petits fruits rouges sont à l'origine de Fruits rouges & Co. Et même si l'entreprise traite aujourd'hui une palette impressionnante de fruits et d'agrumes (“sa collection”) qu'elle transforme en purées, coulis, zestes, pulpes ou écorces…, le fruit rouge reste une composante essentielle de son développement avec principalement la fraise, la framboise, la myrtille, la groseille et la mûre.
Son “sourcing” dépasse désormais largement les frontières de la Picardie. Elle s'est ouverte sur le monde entier, et la planète est devenue son jardin. Elle s'est implantée au Maroc en 2003. A Kenitra, à 40 km au nord de Rabat, Fruits rouges & Co produit des fraises sur 80 ha au milieu desquels une cellule de surgélation transforme des fraises mais aussi des fruits locaux (abricots, agrumes…). Cette implantation permet à la société de s'approvisionner en fraises durant la saison (de décembre à avril), puis de les transformer le reste de l'année. Sur ces 80 ha, des parcelles isolées sont dédiées à la production de “baby food”.
Une réglementation draconienne Face à la croissance exponentielle du marché des myrtilles, elle a également conclu un partenariat avec trois producteurs français, dont Bruno Billotte. Après s'être installés dès 2007 en Roumanie (à Foieni près de Carei non loin de la frontière hongroise), ces derniers ont eu le soutien financier de Fruits rouges & Co en 2011.
Le secteur doit apprendre à jongler entre tous les types de consommateurs : entre l'écolo, le gourmand, le consommateur soucieux de sa ligne, celui qui recherche avant tout un prix, celui qui veut de la qualité et celui qui demande de la praticité et celui qui veut tout à la fois… sans oublier l'argument santé ! A l'occasion du Medfel 2015, l'entreprise avait notamment lancé un shaker de myrtilles en surfant sur la vague du “snacking”.
C'est dire si Fruits rouges & Co doit adapter ses messages à de nombreuses cibles. Mais la réglementation actuelle est draconienne. « La législation française ne nous permet pas d'apposer la mention “Riche en antioxydants” sur nos emballages », regrette Mélanie Planchon, responsable marketing de l'entreprise depuis 2012. Heureusement, leur côté naturel et sain qui prévaut dans l'esprit du consommateur est un bon accélérateur de croissance et semble suffire à dynamiser le marché.
Car les consommateurs sont sensibles aux études et communications diverses, dont certaines sont plus ou moins scientifiques, et qui indiquent que “Les bleuets et les myrtilles sont les champions des antioxydants comparativement à d'autres petits fruits rouges. Ils préviendraient plusieurs maladies”. Rien d'étonnant alors que leurs consommations explosent.
Nouveaux produits Mais l'argument santé suffit-il à être l'unique moteur du développement de l'entreprise ? Le consommateur en veut beaucoup plus. Il faut en supplément lui raconter de véritables histoires : celles des producteurs, leurs actions pour protéger l'environnement, leur expliquer la traçabilité des fruits qui viennent parfois de loin… Le “producteur et transformateur de fruits d'ici et d'ailleurs”, dont le slogan s'affiche sur sa flotte de camions se doit d'accompagner le mouvement. « C'est le marché qui guide notre développement », souligne sans cesse Sylvie Cathelain.
Après avoir changé de nom en septembre 2015 au moment même de fêter ses vingt-cinq ans, de modifier l'ensemble de ses packagings d'abord en frais puis en surgelé-transformé, Fruits rouges & Co s'apprête à lancer de nouveaux produits. Ils devraient s'ajouter à une gamme frais et surgelés-transformés déjà bien fournie. Mais discrétion légendaire de l'entreprise oblige, on n'en saura pas plus ! Tout au plus peut-on supposer que cette innovation – qui pourrait marier habilement les savoir-faire de l'entreprise dans les secteurs frais et transformés – sera dévoilée au prochain Sial d'octobre.
Elle sera en cohérence totale avec le changement d'identité « qui affirme un peu plus la forte complémentarité de nos activités », conclut Mélanie Planchon.
Aujourd'hui, la France ne représente plus que 20 % de l'approvisionnement en fruits de l'entreprise. Le reste des fruits et des agrumes provient de l'hémisphère Sud (Amérique du Sud, Chili, Pérou…), du bassin méditerranéen (Espagne, Portugal, Maroc…) ou d'Europe de l'Est (Pologne, Serbie et Roumanie) ainsi qu'en Amérique du Nord pour les cranberries. T. B.