Aller au contenu principal

Medfel - Logistique
La palette devient une vraie épine pour toute la filière

Dérive du système d’échange, coûts exorbitants, réglementation renforcée sur les conditions de travail : jamais la palette, indispensable au travail logistique, n’avait suscité autant de polémiques...

La palette, qu’elle soit en bois ou en plastique, est un élément indispensable de toute action logistique ou de transport. On imagine mal le travail sans elle. Néanmoins, elle est depuis plusieurs semaines au centre des polémiques. Fin mars, l’Union nationale du transport frigorifique (Untf) a profité de la tenue de la Semaine international du transport et de la logistique à Paris, pour diffuser son livre noir de la palette. Il décrit par le menu les dysfonctionnements du système de l’échange palette, pourtant très répandu en France. Selon l’Ademe, sur le parc global de palettes en bois dans le pays (entre 250 et 300 millions d’unités), de 170 à 190 millions de palettes relèveraient de ce système ou seraient perdues. Le principe de base est celui de la consigne : le fournisseur qui a acheté la palette confie au transporteur ses marchandises palettisées puis, à réception, le destinataire remet à celui-ci un nombre identique de palettes de qualité équivalente, à restituer au fournisseur.
Clair et plutôt équitable sur le papier, l’échange palette est devenue une plaie pour les transporteurs. Car, souvent, les plateformes des distributeurs ne disposent pas de palettes en quantité suffisante, celles-ci étant réutilisées pour les livraisons aux magasins. Comme ni ceux-ci ni les plateformes n’en sont propriétaires, elles deviennent un peu le cadet de leurs soucis. Du coup, l’usage de “bons palette” s’est systématisé, créant un encours chez le destinataire et un compte chez le fournisseur, le transporteur étant parfois forcé d’acheter des palettes pour éviter une dérive de leur “compte palette”. De plus, l’équivalence en qualité est loin d’être respectée, entraînant des pratiques abusives : non respect du taux de freinte (usure normale et naturelle d’une palette) par les fournisseurs, imputation aux transporteurs du coût de réparation, voire gestion par celui-ci du stock de palettes chez le destinataire. « Le problème réside certainement plus dans le comportement des acteurs dans la filière par rapport à la palette, qu’au support de manutention lui-même, remarque Xavier Goube, directeur général de LPR France. Il y a ici des us et coutumes qui perdurent depuis longtemps. Il est intéressant de voir le transport, sous température dirigée, prendre le sujet de l’échange palette à bras le corps : c’est une démarche louable, même si on est en droit de s’interroger sur la mise en pratique des changements désirés, ce qui ne sera sûrement pas facile. On ne peut nier le coût supporté par les transporteurs. Cependant, si un client est favorable pour changer ses habitudes, que demeurera-t-il en échange à son prestataire ? Là est la question. C’est une opportunité pour rééquilibrer entre palette échange et palette louée. Il est tout de même étonnant de voir qu’en Espagne, par exemple, l’ensemble des produits frais est transporté sur des palettes louées. La France demeure étonnement réfractaire. »

L’échange palette ne marche plus
En tout état de cause, les transporteurs n’entendent plus se laisser faire : l’Untf préconise plusieurs solutions, qui devraient faire la base des discussions qu’elle entend mener avec les parties prenantes dans les prochains mois : intégration de la palette dans le prix des produits, sortie de celle-ci du champ de la prestation transport (donc contrat à part), suppression de l’échange et de la reprise, etc. Pour le directeur général de Chep France, Laurent Le Mercier, « il faut faire un constat clair : l’échange palette en Europe, à l’exception du cas de l’Allemagne, ne marche plus. Sur le principe, c’est un système intéressant, on ne peut le nier, puisqu’il se fonde sur une quantité et une qualité identiques, immédiatement disponibles. Mais, dans les faits, il est clair que cela ne fonctionne pas. La palette est trop souvent considérée comme une commodité ; et pourtant, il s’agit bien plus que de quelques planches et de quelques clous. La fabrication, la réparation, la gestion et l’usage de la palette requièrent une technicité spécifique et un vrai savoir-faire et cela, quel que soit le matériau usité, afin de répondre à un cahier des charges technique, des contraintes physiques, de sécurité et de performance tout au long de la Supply Chain. Il faut savoir y ajouter une plus-value, que ce soit en termes de supports spécifiques, de services ou de réponses aux problématiques de la chaine logistique. C’est ce à quoi nous nous attachons, tout en maintenant une exigence forte en matière de développement durable : recyclabilité à 100 %, approvisionnement en matière première certifié PEFC et FSC, etc. »
Un autre problème va se poser pour les opérateurs dans les prochains mois. La Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariers a émis un projet de recommandation concernant la palettisation. Ces dispositions devraient être mises en œuvre à partir de l’année prochaine. Elles stipulent en particulier que la hauteur des palettes sera limitée à 1 m 80, afin de réduire la pénibilité des conditions de travail et réduire ainsi les risques de maladies professionnelles, dues aux manutentions manuelles. Elles promotionnent ainsi la double palettisation : les palettes, moins hautes, sont empilées les unes sur les autres. « Les producteurs de légumes sont bien évidemment soucieux de participer à une démarche, permettant aux travailleurs saisonniers d’effectuer leurs travail dans les meilleures conditions et, dans les entreprises, des efforts réels ont été faits, note Francis Andrieu, secrétaire général adjoint de Légumes de France. Nous faisons face à une pression importante de la grande distribution pour la double palettisation. Nous n’y sommes pas favorables. Pour des raisons d’hygiène et de qualité en premier lieu. Pour des raisons économiques aussi : une telle démarche impliquerait une augmentation appréciable du parc de palettes chez les producteurs. Or, cet accroissement aura un prix, que ceux-ci ne veulent pas assumer. Nous considérons que le surcoût, engendré par cette pratique logistique, doit être à la charge de l’acheteur, pas à celle du producteur, qui doit déjà se battre avec des coûts de production toujours aussi importants. Les producteurs de légumes n’entendent pas se laisser imposer un modèle qui leur apparaît inadapté. Légumes de France a envoyé un courrier fin mars à la FCD dans ce sens. » Les producteurs trouvent des alliés chez les transporteurs, qui ne voient pas d’un bon œil le développement de la couche palette : l’Untf souligne qu’avec ce système, le transporteur se retrouve souvent avec une semi-remorque, comprenant 33 palettes au sol mais entre 100 et 200 palettes bois en tout, souvent en échange. Du coup, cela rend pratiquement impossible la récupération de palettes identiques au moment du déchargement.

Les plus lus

Les chaufferettes Wiesel commercialisées par Filpack permettent un gain de température à l'allumage supérieur à celui des bougies.
Chaufferettes contre le gel en verger : un intérêt sur les petites parcelles très gélives

Le risque de gel fait son retour sur cette deuxième quinzaine d'avril. Plusieurs entreprises proposent des convecteurs à…

Parsada : ouverture ce 12 avril d'un appel à projets porté par FranceAgriMer

Initié au printemps 2023, le Plan stratégique pour mieux anticiper le potentiel retrait européen des substances actives et le…

verger abricot Drôme - Emmanuel Sapet
En Ardèche, de fortes pertes dans les vergers d'abricotiers sont à déplorer

Des chutes physiologiques importantes de fleurs sont à déplorer dans des vergers d'abricotiers d'Ardèche, de la Drôme et de l'…

Prix des fraises françaises : il n'est « pas lié aux faibles quantités espagnoles », revendique l’AOPn

Les fraises espagnoles sont pour le moment quasi absentes de nos étals français. Pourtant, ce n’est pas cette absence ou cette…

Loi Agec et emballage plastique des fruits et légumes : le Conseil d’Etat rejette le recours, Plastalliance va porter plainte devant l’UE

Suite à l’audience du 4 avril, le Conseil d’Etat a rejeté, par ordonnance du 12 avril 2024, la requête de Plastalliance aux…

Changement climatique : pour Serge Zaka, « il faut sortir de la stratégie de pansement avec une vraie diversification fruitière »

Avec le changement climatique, à quoi ressemblera la France fruitière et légumière en 2050 ? Le salon Medfel, ces 24 et 25…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 354€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes