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MARAÎCHAGE
La micro-ferme ou l’art du compromis

La permaculture attire de nombreux jeunes vers l’agriculture. Installés en micro-fermes, la viabilité économique leur impose de faire des compromis.

© Bernard Veyri

Le concept de micro-ferme en séduit plus un. Il a aussi séduit Kevin Morel, jeune ingénieur agronome qui en a fait l’objet de sa thèse. « Aujourd’hui, un tiers des candidats à l’installation n’est pas issu du milieu agricole, analyse l’ingénieur agronome pour Terra. Et la faible superficie qui caractérise les micro-fermes est adaptée à une installation sans capital, ni foncier familial de départ ». Nombre de « néo-paysans » se lancent donc dans une installation en maraîchage sur une petite surface, souvent en dessous de 1,5 ha, avec une diversité de plantes cultivées supérieure à 30 et en circuits courts. « Ils recherchent l’autonomie et sont portés par les pratiques biologiques comme la permaculture, le maraîchage biointensif ou l’agriculture naturelle ». Si beaucoup s’intéressent à ces systèmes de production, c’est aussi parce qu’une littérature abondante existe sur le sujet. « Mais certains auteurs laissent croire qu’avec seulement 1 000 m2/ UTH, on peut gagner des mille et des cents, tout en travaillant peu, s’exclame Kevin Morel. C’est aussi pour rétablir la vérité auprès des porteurs de projet que j’ai mené ce travail ».

Dégager un revenu les premières années reste compliqué

Durant trois ans, il a enquêté sur une vingtaine de ces fermes au Nord de la Loire. Sa conclusion : vivre de sa micro-ferme n’est pas une utopie mais la micro-ferme modèle n’existe pas ! « Les paysans sur micro-ferme développent une grande diversité de stratégies techniques, commerciales, d’investissement, d’organisation du travail et d’ancrage territorial en cohérence avec un projet de vie global », analyse le thésard. Hormis les objectifs économiques, les projets font la part belle à des aspirations de qualité de vie, d’engagement, de sens et d’autonomie. « Toutes ces aspirations ne sont pas toujours compatibles et tout l’art des micro-fermes est de trouver les compromis justes dans leurs pratiques ». A partir des données récoltées, Kevin Morel a réalisé un grand nombre de simulations économiques. « On se rend vite compte que dégager un revenu les premières années reste compliqué. Mieux vaut démarrer avec un peu de capitaux propres et ne pas trop compter ses heures de travail », conseille-t-il. Les facteurs clefs de viabilité sont une intensification forte de l’utilisation de l’espace, avec des hautes densités, l’association de cultures et une succession rapide des cultures. La baisse des charges est permise par des pratiques écologiques (compostage, paillage…), un bas niveau de motorisation et des investissements raisonnés.

Pour en savoir plus : Permaculture & agroécologie, créer sa micro-ferme de Linda Bedouet, éditions Rustica

Le cas d’étude de la ferme du bec Hellouin

Après quatre années d’étude sur les données récoltées sur la ferme référence du Bec Hellouin, en Normandie, des chercheurs de l’Inra démontrent que 1 000 m2 cultivés de maraîchage bio en permaculture permettent de dégager un revenu horaire de 5,4 à 9,4 € pour une personne travaillant 43 heures par semaine. Soit un revenu mensuel net compris entre 900 et 1 570 € en fonction du niveau d’investissement et d’intensification des cultures. « Avec cette étude, nous ne prétendons pas qu’une ferme dont la surface totale serait de 1 000 m2 puisse être viable, tempère le chercheur François Léger pour L'agriculture Drômoise, mais seulement que 1 000 m2 cultivés permettent sur la ferme du Bec Hellouin de rémunérer une personne sur une année. Ni plus, ni moins. »

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