Etat des lieux
La météo bouleverse la production dans tout l'Hexagone
Pluies, tempêtes et douceur de l'air perturbent la production et la consommation des fruits et légumes. De nombreuses régions et productions sont touchées.
Sur l'ensemble du pays, la pluviométrie est de 20 % supérieure à la normale. Cette météo inhabituelle a déjà eu des conséquences sur les légumes.
Selon Météo France, l'hiver 2013-2014 figure parmi les trois plus chauds en France depuis 1900, avec 1,8 °C de plus que la moyenne. C'est aussi le plus pluvieux en Bretagne depuis 1959. Et sur l'ensemble du pays, la pluviométrie est de 20 % supérieure à la normale. Cette météo inhabituelle a déjà eu des conséquences sur les légumes. Dans le Var, plus de soixante exploitations maraîchères ont été touchées par les inondations. En Bretagne, « les sols gorgés d'eau et froids ont bloqué les plants de choux-fleurs et compliqué les récoltes, entraînant quinze jours de retard », indique Yvon Aufret, du Cerafel. La récolte des poireaux a été aussi plus difficile. Mi-février, la région n'avait écoulé que 61 millions de choux-fleurs sur 127 millions attendus et 1 500 t de poireaux au lieu de 1 900 t habituellement. Pour les artichauts, il est encore trop tôt pour évaluer les effets. Mais la plantation des pommes de terre primeurs et des échalotes a déjà pris un mois de retard. Le Sud-Ouest aussi est très touché. « Depuis début janvier, les arrachages de carottes dans les Landes sont inférieurs de 30 % à la normale, indique Céline Genty, animatrice de Carottes de France et de l'Association nationale Asperge. De nombreuses parcelles sont inaccessibles car les nappes sont saturées et remontent en surface. » L'humidité et la douceur font aussi craindre le développement de maladies. Et en carottes primeurs, si les semis de décembre ont eu lieu normalement, ceux de janvier-février ont été très limités, ce qui entraînera un manque de volumes à certaines périodes. L'asperge est également concernée. « Les récoltes ont débuté aux dates habituelles mais la montée en puissance n'a pas eu lieu car les producteurs n'ont pas pu butter en janvier-février », indique Céline Genty. Le manque de froid en hiver pourrait aussi avoir des effets sur le rendement. En Gironde, la pluie et les inondations ont entraîné des pertes en salades et épinards sous abri. Et les plantations de pommes de terre primeurs et cultures d'été sont retardées. Autre conséquence : les pays importateurs et les ceintures vertes ont pu continuer à récolter et la douceur a limité la consommation de légumes d'hiver. L'arboriculture est également impactée. « En Vallée du Rhône, les variétés précoces d'abricots ont huit à dix jours d'avance, indique Vincent Faugier, de Fruits Union. Il y a des inquiétudes concernant le gel, mais comme tous les ans. Et les arbres ont eu les heures de froid nécessaires en fin d'année. La période de travaux hivernaux a en revanche été réduite parce que nous avons dix jours d'avance et que la récolte 2013 avait fini avec trois semaines de retard et parce que certains vergers sont inaccessibles du fait des excès d'eau. » Même constat dans le Sud-Ouest. « La taille et les plantations sont retardées et plus compliquées, constate Pierre Gaillard, d'Invenio. Et les pommiers ont quinze jours d'avance, ce qui augmente le risque de gel. Le manque de froid cet hiver pourrait aussi poser des problèmes de parasi-tisme. » L'incidence sur la fraise semble en revanche limitée. En Bretagne, si les tempêtes ont brisé quelques carreaux sur les serres, la production n'a pas été touchée. Et dans le Sud-Ouest, si les premières fraises sont arrivées avec huit à dix jours de retard, la qualité était au rendez-vous. « La tech-nicité des producteurs leur permet aujourd'hui d'avoir une bonne adéquation entre luminosité et chauffage », estime Pierre Gaillard.