Fruits tropicaux
La grenade, un fruit peut-être trop prometteur
Véritable phénomène de mode, la grenade est présente toute l'année sur nos étals. Les opérateurs se multiplient et la production mondiale augmente rapidement.


Parmi les fruits exotiques, la grenade a connu un fort développement depuis deux ou trois ans. Commercial Fruits, société basée sur Rungis, s'est spécialisée, entre autres, sur ce produit et en est le leader sur nos marchés. Pour Gabriel Burunat, fondateur en 1993 et président-directeur général de l'entreprise, le développement rapide de la grenade s'explique par sa promotion dans la presse féminine et culinaire. « La grenade est un phénomène de mode. On l'utilise en cuisine, les médias vantent ses vertus antioxydantes et sa richesse en vitamine C. Face à ce succès, nous nous sommes spécialisés dans ce fruit. »
Aujourd'hui, on distingue deux types de consommateurs : ceux qui découvrent et ceux qui connaissent déjà bien le produit, comme les populations méditerranéennes, le fruit étant historiquement produits dans ces zones. « Ces consommateurs sont fidèles. Désormais, nous voulons toucher une autre catégorie de consommateurs, ceux qui ne connaissent pas le fruit, qui seraient intéressés parce qu'ils en ont entendu parler mais qui ne savent comment le préparer. C'est notre principale cible actuellement. » Le frein dans le développement de la consommation d'un fruit exotique est en effet l'absence de connaissances du produit : comment le choisir, comment le cuisiner... «A titre privé, nous communiquons en proposant des conseils et outils pour faciliter la préparation de la grenade. Nous avons lancé une offre promotionnelle l'été dernier, avec un flowpack contenant trois grenades et un “dégraineur” [cf. fld magazine du 10 juillet 2013]. »
Des volumes toute l'année
Les enseignes proposent désormais ce fruit dans les rayons. Même le hard discount s'est lancé dans l'aventure. « Si les marchés traditionnels, grossistes et magasins spécialisés représentent encore 50 % de nos débouchés, le développement de la GMS est non négligeable. Nous réexportons environ 15 % dans l'UE. Nous fournissons presque toutes les grandes enseignes de la distribution. Le secteur GMS constitue environ 35 % de nos ventes, en comptant le hard discount. Par exemple, Dia propose de la grenade toute l'année. » Ce référencement à l'année en GMS est un succès pour Gabriel Burunat. Les ventes se déroulent en continu, mais il faut noter une certaine saisonnalité : les grenades ont moins de succès au printemps et l'été, lorsque les fruits de saison sont présents sur les étals. En revanche, à l'instar des autres fruits tropicaux, les ventes s'accélèrent pour les fêtes de fin d'année. « Le fait d'être spécialisés sur ce produit avec treize ou quatorze origines nous permet de couvrir le calendrier. Nous sommes les seuls présents toute l'année, en particulier grâce à notre exclusivité depuis quatre ans avec POM Wonderful qui nous fournit cette origine à partir de janvier. Puis l'origine Pérou prend le pas au printemps et, là, nous proposons plus de 90 % des volumes. » La majorité des fruits sont transportés par voie maritime, mais l'avion concerne quelques cas, comme le Pérou en mars et avril.
Une concurrence accrue
C'est à l'automne que la concurrence est rude, avec des volumes importants venant de différentes origines : Espagne, Israël, Egypte, Turquie. La grenade n'est pas encore un produit de grande consommation mais les volumes importés sont en progression. Si aucune statistique officielle n'existe, Gabriel Burunat confie que son entreprise a importé 110 conteneurs en 2012, soit entre 2 200 et 2 300 t, « et les volumes vont continuer à croître énormément. Le problème, c'est que tout le monde s'y intéresse et se lance ». Car la grenade représente un marché important en valeur : 4 à 5 M€ de ventes chez Commercial Fruits. Le CIHEAM(1), dans un rapport de 2012, estimait les surfaces mondiales à environ 300 000 ha mais de nombreux pays producteurs ont pour projet d'augmenter fortement les plantations. Le Pérou table ainsi sur 30 % de volumes en plus pour l'année prochaine. « La question qui m'inquiète, c'est de savoir si la production augmentera plus vite que la consommation », conclut Gabriel Burunat.
(1) Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes.