SALADE
La fusariose menace les laitues
Identifiée comme maladie émergente, la fusariose de la laitue requiert une vigilance accrue de la part de professionnels. Un appel à identification est lancé pour cerner son développement.


Avec 14 cas de fusariose de salade observés en 2016, Fusarium oxysporum f.sp. lactucae est un pathogène émergent en France sur les laitues et la mâche. Les symptômes sont marqués par un jaunissement et flétrissement des feuilles âgées puis des jeunes feuilles et surtout un nanisme marqué des plantes (voir encadré). Ce champignon vasculaire, originaire du Japon, est apparu en France dans les Alpes-Maritimes en 2015 et s’est rapidement développé dans le Sud-est, la Vallée du Rhône où quelques cas ont été mentionnés et jusqu’en région parisienne. Avec le retour des conditions de production estivale qui créent des conditions favorables (température élevée, âge du plant…), sa propagation inquiète les professionnels comme en ont témoigné Corinne Pons, chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes, et Benjamin Gard Ctifl/Aprel lors des derniers rencontres techniques phytosanitaires Légumes, au Ctifl de Balandran (30).
Risques de confusion avec Pythium
« L’expansion est rapide et préoccupante lorsque la pression de la maladie est forte », précise Corinne Pons, mentionnant l’exemple de parcelles indemnes en 2015 et totalement contaminées en 2016 avec plus de 50 % de dégâts. A noter que les cas détectés dans les Alpes-Maritimes sont des exploitations avec des rotations intensives salades/salades. La dispersion de la maladie est d’autant plus rapide puis difficile à éradiquer que les chlamydospores (organes de conservation) peuvent survivre dans les déchets de culture et dans le sol pendant plusieurs années. Ceux-ci pénètrent par des blessures naturelles au niveau des racines secondaires. Le champignon colonise alors les vaisseaux de la plante et bloque sa croissance. De plus, les risques de confusion avec des dégâts de Pythium sont très importants. « Ces similitudes et confusions peuvent masquer les premiers symptômes et foyers de fusariose », commente Benjamin Gard. Aussi, le technicien conseille d’effectuer des analyses afin d’identifier l’agent pathogène en cause. « Nous avons besoin de diagnostic afin d’identifier précisément F.oxysporum f.sp.lactucae si possible au niveau de la race », explique-t-il. En effet, quatre races de la maladie sont présentes de par le monde. La race 1 est la plus fréquente, notamment en Italie, les races 2 et 3 sont présentes en Asie, la race 4 a été découverte en 2014 en Belgique et Hollande, sous une climatologie a priori peu favorable. Le laboratoire du Ctifl de Lanxade et le LDA 33 sont susceptibles de réaliser ces déterminations. L’envoi des échantillons doit se faire en prélevant la plante entière (feuilles, pivot, racine) et en la plaçant dans un sac plastique avec une feuille de papier humidifiée pour limiter son dessèchement. Envoyer les échantillons en début de semaine pour éviter qu’ils transitent à la poste tout le week-end et se détériorent. Au vu des recensements effectués en 2016, la fusariose de la laitue semble pouvoir apparaître dans toutes les zones de production en France d’où l’appel à observation et identification lancé par les professionnels. Des travaux d’expérimentation sont déjà en cours à l’Aprel. En 2016, ils ont porté sur l’incorporation de charbon actif dans le sol, l’identification de tolérances variétales et l’effet de la solarisation et de biofongicides. Une collaboration a également été engagée avec le pôle de compétence d’Agroinnova à l’Université de Turin (Italie).
Contacts laboratoire :
Centre Ctifl de Lanxade
41, Route des Nebouts
24130 Prigonrieux
Laboratoire départemental d’analyses
LDA 33 - Site de Villenave d'Ornon
Domaine de la Grande Ferrade - INRA
BP 81 - 33883 Villenave-D'Ornon
Comment identifier la fusariose de la laitue ?
Blocage de la plante entraînant un nanisme très marqué.
Jaunissement et flétrissement des feuilles les plus âgées puis des jeunes feuilles.
Brunissement des vaisseaux, pivot rougeâtre.