Embargo russe
La France demandera à l'Europe des mesures d'indemnisation
La décision de la Fédération de Russie a jeté le désarroi sur la filière française. Celle-ci attend les dispositions qui permettraient de maintenir la pérennité des entreprises.
L'embargo russe pour un an sur l'ensemble des produits agricoles et agroalimentaires de l'Union européenne, des États-Unis, de l'Australie, du Canada et de la Norvège a fait l'effet d'un séisme (voir nos alertes mail du 7 août). Les réactions ne se sont pas faites attendre. Le 8 août, la France a confirmé qu'elle demandera à la Commission européenne d'approuver des mesures d'indemnisation des producteurs affectés. « Une attention particulière sera portée aux producteurs de fruits et légumes » a précisé un communiqué de la Présidence de la République. L'Union européenne n'exclut pas de porter le dossier à l'OMC. Des mesures de dégagements du marché ont aussi été demandées par les syndicats. La Russie est un marché important pour la France : sur les 100 000 t expédiées (réexportation inclue), les pommes représentent 54 %, suivis de la pomme de terre (20 %) frappée d'embargo sanitaire depuis 2012, des tomates et concombres (8 %), des poires (6 %) et des choux-fleurs (6 %). Le coup est sévère pour les exportateurs : « On pourrait s'acheminer vers l'arrêt de certaines entreprises dont la principale activité est avec le marché russe », constate Éric Guasch, président de l'Afraa (association France-Russie pour l'agroalimentaire).
La pomme, qui représente 54% des f&l français exportés en Russie, est la plus concernée par l'embargo
Les reports prévisibles de volumes des autres pays européens inquiètent. Pour Daniel Sauvaitre, président de l'ANPP, « la récolte en pommes élevée attendue cette année va rendre l'équilibre du marché européen très délicat. Ce qui rend nécessaire une mesure de l'impact de l'embargo. Deux axes doivent être suivis : une promotion accrue pour relancer la consommation et faciliter l'ouverture de nouveaux marchés. Décrocher des parts de marchés hors Europe va être d'autant plus difficile cette année, qu'avec une prévision de récolte de 5 Mt de pommes, les États-Unis vont être très offensifs. » Avis similaire pour Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France : « Nos exportations vers la Russie représentent environ 10 000 t. De gros faiseurs européens, comme la Pologne, la Belgique, les Pays-Bas, vont se recentrer sur le marché européen. Nous n'avions pas besoin de cela. Nous appelons l'ensemble de l'aval, grande distribution, primeurs, restauration, à faire preuve de patriotisme économique et de mettre l'origine France en avant autant que cela soit possible. Et à l'État de prendre la responsabilité de ses actes, en mettant en place les mesures permettant le maintien des entreprises. »