La fraise espagnole sous pression inquiète les Français
L'interprofession de la fraise de Huelva, Freshuelva, annonce des prix inférieurs de 40 % à l'année précédente. La rentabilité des exploitations est mise à mal.
En semaine 16, la fraise espagnole s'est vendue en Europe en moyenne à 1,70 €/kg contre 7,34 €/kg pour le fruit français.
La hausse de production – due à un hiver chaud couplée au faible pouvoir d'achat des ménages – entraîne une baisse des prix de la fraise espagnole sur les marchés européens. Pour Alberto Garrocho, président de Freshuelva et Interfresa (Interprofessions fraise de Huelva et d'Andalousie respectivement), « cette campagne est pire que l'an dernier. Les prix début avril ont été inférieurs de 20 % par rapport à l'année dernière, à présent ils sont à - 40 %. » En semaine 15, les prix producteurs ont atteint en moyenne 0,70 €/kg (0,55 €/kg en 2013 et 0,77 €/kg en 2012) pour chuter en semaine 16 (semaine Sainte) à 0,50 €/kg (0,54 €/kg en 2013 et 0,56 €/kg en 2012). « La rentabilité des exploitations est fortement endommagée, ces prix ne couvrant pas les coûts de production, explique Alberto Garrocho. Certains producteurs perdent jusqu'à 2 000 €/semaine. » Les producteurs préfèrent jeter les fruits et achever plus tôt leur campagne. Certains se tournent vers la transformation, mais les usines sont saturées. A cela il faut ajouter la concurrence des pays européens dont les surfaces en fraise ont progressé et dont les campagnes viennent se télescoper avec la saison espagnole (deux à trois semaines d'avance en Allemagne ou en Belgique). Sur les marchés européens en semaine 16, selon l'Observatoire des prix et des marchés de la région d'Andalousie, la fraise espagnole est descendue à des prix très bas, de 1,09 €/kg (St Charles) à 2,49 €/kg (Londres), tandis que la fraise allemande atteignait 5,87 €/kg (Francfort), la française s'étalait de 6,70 € (Toulouse) à 8,40 €/kg (Rungis), la néerlandaise de 3,84 € (Londres) à 5,99 €/kg (Hambourg), et l'italienne de 3,15 € (Francfort) à 4,66 € (Hambourg). Freshuelva vise donc de nouveaux marchés, entre autres la Russie et les pays scandinaves et arabes, mais l'amélioration de la logistique est une condition sine qua non. En parallèle, Elena Víbo-ras, ministre de l'Agriculture d'Andalousie, a proposé mi-avril la création d'un groupe de travail entre la filière et la Région pour faire face à ces difficultés. Côté français, on s'inquiète de la situation espagnole qui « pèse sur le marché global et exerce une pression sur les prix, explique Xavier Mas, président de l'AOPn Fraise. En cette période compliquée, la fraise française est en crise conjoncturelle, les prix expédition étant inférieurs de- 20 % à l'année dernière. On espère que les choses vont se rétablir pour le 8 mai. »