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La fraise annonce toujours les beaux jours

Comme pour la tomate, la “saisonnalité” de la fraise est un concept à géométrie variable.

Pour les plus optimistes, la saison des fraises s'étale en France d'avril à août, pour les plus radicaux seulement en mai et juin. Pour sa part, Interfel retient les mois d'avril à juin pour un calendrier de consommation idéale.

Le cas du Vaucluse est particulièrement intéressant à observer. La fraise de Carpentras a franchi les frontières départementales par sa notoriété et sa médiatisation, un peu moins grâce à sa capacité à conquérir des marchés.

« Si les puristes, indique Gérard Roche, président de l'Aprel, estiment que la saison fraises ne comprend que le plein champ en mai, ils ne vont pas manger beaucoup de fraises de saison. C'est ignorer les progrès techniques qui donnent la possibilité d'élargir les calendriers de production. Manger de la fraise en mars en Provence, alors que les consommateurs attendent un fruit de sortie d'hiver, pourquoi pas ? »

L'argument est repris par Alex Lauriot Prévost, consultant : « Quelle que soit l'espèce, la saisonnalité reste un élément très important. Les produits de contre-saison, très en vogue à une certaine époque, connaissent un ralentissement. Cependant, il faut bien admettre qu'il existe une sorte de dessaisonalisation des productions dites de saison. Les progrès techniques, la recherche variétale ouvrent des segments de commercialisation, qu'ils soient dans la précocité ou la tardivité. Ceci étant, je pense qu'il restera toujours un lien fort entre saison et local, même si le binôme n'est pas encore bien articulé. A y ajouter la qualité, c'est une martingale gagnante et une manière d'échapper au rouleau compresseur espagnol. »

Les Halles de Provence jouent sur la proximité

En pleine saison, les Halles de Provence écoulent journellement entre 150 et 200 kg de fraises issues de variétés Mara des Bois, Ciflorette, Gariguette, Dely et Cléry, la plus vendue. « Mais, indique Gilles Caste, le gérant, le marché est rendu de plus en plus concurrentiel par les ventes directes qui se développent localement. » La proximité est un atout. « La fraîcheur du fruit est essentielle. Je suis livré tous les matins et j'essaie de terminer avec zéro stock le soir. » En revanche, la situation est plus compliquée au cœur de l'été quand la production décline. « J'ai toujours quelques barquettes au cas où les clients en demandent. Une piste serait de m'approvisionner dans d'autres régions pour plus de volumes, mais je trouve que la qualité n'est plus au rendez-vous. » Un engouement que ne démentent pas les multiples fêtes de la fraise locales, où les ventes se comptent en tonnes et à des prix souvent exorbitants.

« La sensibilité à l'origine ne se traduit pas en actes d'achat »

« Ce n'est pas à moi de faire des choix pour les clients, c'est au client de faire son choix, indique Jean-Louis Ragris, responsable de la plate-forme Scofel Rognonas dans les Bouches-du-Rhône (groupe Auchan) qui dessert quatorze magasins régionaux. Nous n'avons pas le droit à des démarches discriminantes. Plusieurs origines, plusieurs prix peuvent cohabiter. D'autant que si le consommateur exprime de plus en plus sa sensibilité à l'origine, elle ne se traduit pas toujours en actes d'achat. »

La saisonnalité vient au premier rang des critères du groupe. « Elle doit être la plus complète possible, continue-t-il. Cela signifie que nous devons nous approvisionner dans l'ensemble des bassins de production pour tenir avec la fraise française de la semaine 6, comme cette année jusqu'à octobre. Il faut être réaliste, la saison de la fraise ne se limite pas à Carpentras. Nous sommes aux confins de trois régions de production, ce qui nous permet de mettre en avant la saisonnalité et de travailler avec des fournisseurs susceptibles de répondre à nos demandes en volumes pour une meilleure lisibilité de la campagne. Ceci étant, l'aspect local n'est pas à négliger et représente notre second critère de choix. Il nous permet de proposer des fraises dont le délai entre la cueille et la consommation est réduit, pour plus de fraîcheur et limite les délais d'acheminement qui doivent être le plus court possible pour la même raison. Autant que faire se peut, et c'est en fonction des magasins, nous mettons en valeur les productions locales de saison, mais pas question de s'arquebouter sur la proximité. »

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