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Endive - Commercialisation
La formation du prix, la priorité des priorités

La profession a connu l’une de ses pires campagnes. Pour 2012, peu de clignotants sont au vert, alors que la plupart des opérateurs réduisent la voilure en matière de communication !

La campagne 2010-2011 a été plus que décevante. « C’est la pire saison que l’on ait connue », résume Philippe Dupont d’Endelis. Les rendements de racines ont dépassé les 25 t/ha sans rencontrer de gros problèmes qualitatifs. Seuls les producteurs “techniquement au point” ont pu compenser le manque de prix par un accroissement de productivité. « Cela fait trois ou quatre campagnes que nous assistons au même phénomène », explique, de son côté, André Tondeur, le président du Marché de Phalempin.
Pourtant dans le grand bassin Nord-Picardie, des endiveries – parmi les plus importantes – investissent encore massivement. Soit pour doubler leurs capacités de production, soit pour automatiser et diminuer au maximum leurs coûts de revient.
Certains endiviers regrettent cette « fuite en avant et cette automatisation à outrance » qui ne fera que tirer globalement la production nationale vers le bas. Et ceux-ci d’arguer du fait que « plus la production diminuera, plus l’endive sera marginalisée dans les linéaires ! »

Bonne tenue des cours
« La production commercialisée a été plutôt mal valorisée avec des niveaux de prix inférieurs à ceux de la moyenne quinquennale sur la totalité de la campagne », constate ainsi l’Apef dans son dernier rapport d’activité présenté le 29 septembre.
Du côté de FranceAgriMer (SNM), les termes sont moins nuancés. « C’est une des pires campagnes connues par la filière endivière », relève de son côté le service dans son bilan de campagne. « Malgré les campagnes de promotion ou des opérations de retrait volontaire, le marché de l’endive n’a jamais atteint un équilibre permettant aux producteurs de valoriser leurs produits à un prix rémunérateur », ajoute-t-il.
Selon l’Apef, le prix moyen pondéré a été de 0,87 €/kg en baisse de 0,17 €/kg sur la précédente campagne : un niveau identique avec celui de la campagne 2008-2009 qui ne restera pas non plus dans les mémoires ! Cette année, les choses sont différentes. Les rendements au bac ne dépassent pas en début de campagne les 70 kg au lieu des 90 kg habituels… quand on ne parle pas de 40 kg au bac ! Cette moindre productivité pourrait d’ailleurs expliquer la bonne tenue des cours rencontrée en octobre-novembre 2011. Mais comment se déroulera décembre ? Personne ne peut se hasarder à faire des pronostics… si ce n’est que l’on prévoit le forçage de racines d’une qualité bien meilleure que celles du début de campagne !

La formation du prix
« Rien ne changera tant que le scénario de début de campagne se déroulera de la même façon », explique André Tondeur. Car tous les ans, « c’est la même histoire » : producteurs indépendants et OP proposent « des promos moins chères que moins cher ! » dans une lutte sans merci pour l’obtention de “leurs” parts de marché. « Mi-novembre, producteurs indépendants et OP ont obtenu chacun “leurs” bases de centrale d’achats qu’il ne restera plus qu’à fidéliser tout au long de l’année », poursuit-il. A condition bien sûr qu’il n’y ait pas de “promotions déconnantes”, à l’image de ces 2 kg d’endives à 1,5 € relevés dans un tract de l’enseigne Leclerc à la mi-novembre !
« Aujourd’hui, le vrai problème, c’est la formation du prix de l’endive », constate le président du Marché de Phalempin. « La formation du prix est le véritable talon d’Achille de notre filière fruits et légumes », insiste Jean-Michel Delannoy. A Felcoop comme à Coop de France, le président de France Endive, défend « l’absolue nécessité pour la filière de disposer d’un goulot d’étranglement où passe toute la marchandise » tout comme « l’indispensable transfert de propriété ».
C’est ce qui a été adopté par Perle du Nord depuis deux campagnes. D’après le président de Felcoop, le ministère de l’Agriculture a pris conscience de l’importance de ce transfert de propriété. Le schéma Perle du Nord, qui s’appuie sur ce système, pourrait d’ailleurs servir d’exemple à d’autres filières comme l’AOP “Pêches”.

Des OP qui vont se concentrer
Chacun a désormais conscience que le prix de l’endive ne se fera plus au cadran. « Il faudrait créer un ou deux groupes aux côtés des six OP réunies dans Perle du Nord », propose André Tondeur. Avant tout, ces deux ou trois groupes disposeraient de règles communes. Il pourrait y avoir les 250 producteurs indépendants (qui représentent encore 30 à 35 % de la production nationale) et certaines OP qui refusent de rentrer dans Perle du Nord.
Le président du Marché de Phalempin émet d’ailleurs l’idée d’une AOP nationale qui puisse facturer à tous les endiviers de France. « Tout le monde aurait ainsi connaissance des ventes d’endives quotidiennes ». « Il y aurait beaucoup moins de prix incohérents par rapport à la réalité du marché », explique-t-il. En fait, le système adopté par Perle du Nord voici deux ans pourrait être appliqué par tous les endiviers. Et cette nouvelle transparence des transactions réglerait enfin la lancinante question de la formation du prix !
Le moment est sûrement favorable, car il est fort probable qu’on assiste à de prochains changements dans le paysage des OP du Nord-Pas-de-Calais. A l’Ouest de la région, les choses pourraient évoluer dans le sillage de la SA France Nord Fruits et Légumes. A l’Est, Nord Alliance et Soleil du Nord ont décidé de ne plus fusionner et pourraient se dissoudre. De nouveaux regroupements pourraient ainsi s’opérer avec une nouvelle répartition des cartes… 2012 devrait être, de ce côté-là, riche d’enseignements.

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