Amélioration variétale
La Flhorban 925 ouvre la voie de la différenciation
Les freins : le mûrissage et la distribution
Depuis la détection de la cercosporiose noire en 2010 en Martinique et en 2012 en Guadeloupe, la pression sur la production antillaise n'a jamais été aussi forte. Politique agricole, opinion et santé publiques : les épandages aériens, pourtant raisonnés aux Antilles et seul moyen de lutte actuellement, sont amenés à disparaître. L'UGPBAN, associée au Cirad et à l'Institut technique tropical (IT2 ), a ainsi porté l'effort de recherche pour développer une variété qui réponde à quatre critères : tolérance aux cercosporioses jaune et noire, goût, coût de production et qualité post-récolte. Le programme de recherche a mis au point et testé une série de cultivars. La Flhorban 925 s'est distinguée. « La 925 est une belle création variétale avec des parents banane ancestraux », explique Denis Loeillet, responsable de l'Observatoire des Marchés du Cirad. Lancée en 2008, cultivée sur de petites parcelles aux Antilles, résistante aux cercosporioses, la 925 est encore en phase de pré-test, évaluée sur toute la filière. En 2013, des dégustations ont montré que la Flhorban 925, différente en goût, légèrement acidulée, était autant appréciée des consommateurs que la Cavendish. « Physiquement elle est un peu différente, plus petite et plus courbée », précise Philippe Ruelle, directeur général de l'UGPBAN. La 925 exige une température de transport plus élevée que la Cavendish (15 °C contre 13 °C). Elle est sensible à l'éthylène, sa peau mûrit plus vite que la chair et ne tigre pas.
Les freins : le mûrissage et la distribution
« Il y a encore du travail, surtout pour le protocole de mûrissage, estime Philippe Ruelle. Mi-janvier, nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure avec plus de parcelles plantées. Six palettes (environ 300 t) au lieu de une arriveront chaque semaine dans nos mûrisseries pour des batteries de tests. » La Flhorban étant une copropriété, en cas de succès, seule la filière antillaise pourra la commercialiser en Europe, « un peu comme une variété club. Mais attention, nous n'en sommes qu'au début », modère Denis Loeillet. Quant à son implantation éventuelle sur nos marchés, le chemin sera long. « En aucun cas la nouvelle variété ne remplacera le monopole de la Cavendish, comme cette dernière l'a fait avec Gros Michel dans les années 60 suite à la maladie de Panama, estime Denis Loeillet. La filière antillaise est trop importante pour se contenter de fournir un produit de niche, et pas assez pour changer les standards européens et mondiaux ; mais avec la 925, nous avons ouvert un processus de différenciation. » La difficulté sera donc d'imposer ce nouveau point de vue aux distributeurs, à grands renforts de communication.