Tomate d’industrie
La filière veut trouver un nouvel élan
La filière tomate d’industrie a échappé au découplage total des aides qui la condamnerait définitivement. Mais son avenir n’en est pas pour autant assuré.
Lors de la campagne 2006 de la filière tomate d’industrie, 118 185 t ont été contractualisées, 106 101 t ont été réceptionnées en usines et 105 066 t ont été transformées après réfactions contractuelles. C’est un nouveau recul par rapport aux décrochages significatifs des années 2004 et 2005 et une diminution de 50 % des volumes par rapport à 2004. Cela se traduit par une réduction de 16 000 t/semaine des entrées en usines sur les semaines 36 à 40 et « c’est colossal », constate Pascal Lenne, secrétaire général de la Sonito.
Dans le même temps, le nombre de producteurs a passé le seuil plancher de 200, avec 180 apporteurs contre 273 en 2005. C’est une perte d’un millier de producteurs en dix ans. 2007 sera de la même veine. Les intentions de plantations laissent paraître que la récolte sera de 90 000 t, voire moins. C’est une régression de 54 000 t par rapport aux années 2005-2006.
Ce décrochage est très marqué en Paca. Il est essentiellement lié à la nouvelle politique d’approvisionnement du Cabanon. En revanche, la baisse constatée en Aquitaine (- 50 %) est une volonté des professionnels désireux de marquer une pause et de réorganiser l’outil industriel et devrait s’inverser cette année. Quant au Languedoc-Roussillon, la fermeture du site de Ledenon a signé la fin d’une production passée de 46 000 t en 2002 à 112 t en 2006. Les industriels eux aussi modifient leurs stratégies. Les fabrications à haute valeur ajoutée sont en voie de disparition alors les fabrications de concentré, production sur laquelle se livrent les grandes bagarres mondiales, absorbent entre 80 % (2005) et 75 % (2006) des apports de tomates fraîches. Cette situation tendue a des conséquences sur le fonctionnement de la Sonito en raison de la baisse des cotisations et par celle de la baisse des prestations de son service technique.
Réduction des coûts de fonctionnement
L’an dernier, l’Interprofession a réinjecté une partie de ses réserves pour réaliser un solde excédentaire. « Nous avons réduit nos coûts de fonctionnement et nos dépenses. Mais,prévient Pascal Lenne, il arrivera un moment où nous ne pourrons aller plus bas. » Le conseil d’administration a décidé de vendre le bâtiment de la Sonito dont les bureaux seront installés à la chambre d’Agriculture de Vaucluse. « Le produit de la vente, explique André Bernard, sera mis en réserve pour le cas où la filière trouverait les moyens de rebondir. Même si nous sommes dans une situation critique par rapport à d’autres filières, nous devons résister, avec l’aide des Pouvoirs publics, et tenter de trouver un nouvel élan. Les réponses à toutes les questions que nous nous posons ne sont pas uniquement dans le découplage total ou partiel des aides et elles ne concernent pas que les agriculteurs. Elles découlent aussi des choix qui sont faits de politiques économiques et industrielles. Faire reculer nos productions au point de les détruire complètement, en pensant que l’on pourra s’approvisionner sur d’autres marchés ne tient pas et impliquent une paupérisation de tous que l’on doit combattre. »