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Pomme-Bilan
La filière bio au milieu du gué

L’inadéquation entre l’offre et la demande en pommes cette année a fait chuter les prix. Les producteurs tentent de réagir.

Lors de la conférence au Sival animée par l’organisation des interprofessions bio régionales (Brio), la question de la surproduction en pommes bio a été au centre des discussions. Depuis 2009 et les annonces gouvernementales de développer l’agriculture bio, le nombre d’arboriculteurs a progressé de 36 % toute catégorie confondue entre 2009 et 2010 (derniers chiffres connus de l’Agence bio). La palme revient aux spécialistes des fruits à coque qui ont augmenté de 55 % quand les transformateurs de pommes à cidre et d’olives ont évolué de plus de 53 %. La progression du nombre d’arboriculteurs pour le frais reste plus modeste avec tout de même 28 %. Les surfaces arboricoles totales en bio et en conversion ont grimpé de 43 %. Celles destinées à la transformation sont au haut de l’affiche avec 68 % d’augmentation. Viennent ensuite les surfaces pour les fruits à coque avec 58 %. Enfin, le verger destiné au frais progresse de 24 %. Au global, plus de 3 000 arboriculteurs cultivent des fruits pour le frais sur un total de 4 800. Plus de 8 000 ha sont dédiés au frais sur un total de 18 700 ha.
Or la consommation ne suit pas. Le gouvernement français avait annoncé un objectif de 20 % de bio en restauration hors domicile mais le bio ne représente toujours que 4 % en Pays de Loire par exemple.

Création de CohéFLor bio
Michel Delhommeau, dirigeant des Côteaux Nantais, 12 millions d’euros de chiffre d’affaires (soit quatre fois plus qu’il y a dix ans) se réjouit pourtant de cette progression : « Nous devons désormais agir différemment. Certains se lancent encore dans la production sans avoir au préalable rejoint un réseau commercial. Par ailleurs il devient nécessaire que nous entamions des discussions avec les GMS mais de façon groupée. » Créée le 6 décembre 2011 après trois ans de négociations, la nouvelle organisation CohéFLor bio – qui comprend cinq organisations économiques (BioBreizh, Val Bio Centre, Norabio, Bio Loire Océan et Solebio) – aurait pour objet notamment de répondre à cette mission. Au total, elle comprend 280 producteurs pour 5 000 ha de fruits et légumes. Elle prône notamment le développement de filières équitables permettant à chaque maillon de vivre de son activité, d’assurer au producteur des débouchés à des prix rémunérateurs et d’assurer au consommateur un juste prix. Pour l’instant, ces objectifs ont été assez bien tenus puisque la vente directe reste le principal circuit des produits bio.
Selon l’Agence bio, les ventes des produits bio se font essentiellement sur les marchés avec 45 % de part de marché. La grande distribution suit avec 30 % puis la vente directe à la ferme (11 %), les magasins spécialisés (7 %) et les artisans (5 %). Il existe donc des marges manœuvres dans les GMS. Mais, souligne Michel Delhommeau : « Le marché de la pomme est international. Pour certains magasins, la production locale n’est pas prise en compte tandis que des producteurs bio français refusent de livrer aux GMS pour des questions de prix. Avec CohéFLor bio, il sera peut-être plus facile de négocier. » Marc Paugam, maraîcher et porte-parole de CohéFLor bio, renchérit : « Il est hors de question d’ignorer la grande distribution. »

Conquérir de nouveaux consommateurs
Les producteurs de pommes craignent aujourd’hui que la demande en bio, notamment en RHD, ne se “réveille” trop tard et que les arboriculteurs aient déjà mis la clé sous la porte avant de trouver leur clientèle. Le dirigeant des Côteaux Nantais, fort de son expérience, tire la sonnette d’alarme : « Les premières années en bio, les rendements sont faibles mais le producteur est soutenu par les aides bio. Mais après quatre ou cinq ans, il doit faire face aux réalités technico-économiques et assurer une certaine productivité. En dessous de 20 t/ha, la rentabilité est compromise. Certains n’ont pas conscience aussi du véritable prix de revient et pratiquent des prix trop bas. C’est ainsi que récemment trois arboriculteurs ont arrêté leur activité bio. »
Gérard Bernier, président à CohéFLor bio, ne voit pas d’autres solutions à la surproduction conjoncturelle que de conquérir des consommateurs non bio. Mais sont-ils prêts, outre le prix, à acheter des pommes de catégorie II comme sont classées aujourd’hui les pommes bio ? Claude Colin, dirigeante des trois magasins Biocoop de l’agglomération angevine estime que le consommateur a évolué : « Il est clair que la clientèle de nos magasins accepte plus facilement qu’un fruit soit plus ou moins marbré. Et je pense sincèrement que l’acheteur en GMS est plus sensible aussi aujourd’hui qu’hier à la qualité organoleptique du fruit qu’à son apparence. »

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