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Medfel - Israël
La filière accentue sa segmentation produits

La chute d’Agrexco l’année dernière a enclenché un processus de regroupement de l’offre selon les produits, une évolution attendue par la clientèle européenne.

Visitant les locaux de Mehadrin aux Pays-Bas en mars, le directeur général du ministère de l’Agriculture d’Israël, Yosi Ichay, se félicitait que, même si les craintes avaient été fortes pour l’exportation des produits israéliens à la suite de la chute d’Agrexco l’année dernière, producteurs et exportateurs avaient su relever le gant. Il est vrai que l’annonce de la liquidation d’Agrexco en 2011 a jeté un grand trouble dans la filière. Mais, en fin de compte, les choses ne se sont pas si mal passées. Philippe Pons, PDG d’AZ France, fait le point : « En France, le marché a été plus atomisé que perturbé. Certains facteurs positifs ont joué : mis à part la variété Ettinger en avocat, il n’y a pas eu pléthore de produits, ce qui a permis de maintenir les prix. Sauf peut-être pour la clémentine Or, mais son niveau de production est devenu telle en Israël, qu’elle est désormais presque trop présente. A contrario, des produits chroniquement difficiles s’en sont mieux sortis comme le pamplemousse Sunrise qui a profité du recul du produit floridien cette saison. Juste après la liquidation d’Agrexco, il y a eu une période en Israël où ce fut un peu le chacun pour soi. Puis, alors que des opportunités de vente se présentaient sur la Russie et le Royaume-Uni, les choses se sont arrangées. Il faut garder en tête qu’à côté d’Agrexco, il existe d’autres structures de commercialisation, dont Mehadrin qui est la plus importante aujourd’hui, mais aussi des entreprises plus petites que cette dernière qui est leader sur les segments agrumes et avocats. » Et Arava Exports Growers est une de ces structures.
Société privée fondée en 1989 par des producteurs de la région d’Arava, dans l’extrême Sud du pays, l’entreprise est très présente sur le marché du poivron (rouge, jaune orange et, depuis cette saison, la variété “Evergreen”). Elle est le principal exportateur israélien sur ce produit avec 25 000 t. Les carottes (20 000 t) sont l’autre grand produit commercialisé avec le céleri et les grenades (3 000 t chacun), les radis, les avocats, le Sharon et la gamme bio (2 000 t chacun). Ce à quoi s’ajoutent les herbes fraîches (3 000 t, vingt-cinq variétés) et le raisin de table, pendant la période entre mai et juin, et les fruits à noyau en été. « La France demeure encore une nouvelle destination pour nous, reconnaît Malou Even, responsable des ventes monde pour les fruits et légumes conventionnels. Nous avons commencé sur cette destination il y a trois-quatre ans. Le marché français se caractérise par une demande très spécifique. Ainsi, pour les agrumes, il y a une préférence très marquée pour la variété Or. De même, les opérateurs français préfèrent la variété Hass quand il s’agit d’avocats. Similairement, la variété Or est préférée en gros calibre, ce qui est une demande différente des autres marchés que nous approvisionnons, celui des Pays-Bas par exemple. Cependant, cela nous permet de bien équilibrer notre offre entre les différents calibres. Nous vendons aussi des herbes fraîches sur la France (basilic, estragon, sauge, ciboulette...). Le marché français est un peu compliqué pour nous car il y a la proximité de l’Espagne qui produit moins cher une gamme de produits similaires mais qui peut accéder au marché plus rapidement. En tout cas, la France demeure un marché en développement pour nous. »

Les opérateurs israéliens ont dû réorganiser la logistique
Viva Agriculture, jeune société lancée en 2010, a aussi abordé le marché français. A sa tête, Amos Betzer jouit d’une trentaine d’années d’expérience dans la filière (il a été directeur général et fondateur d’Agriver). La société s’est développée sur la production et la commercialisation d’herbes fraîches, en en faisant son fer de lance. La société propose la gamme complète, y compris le très délicat basilic qui est cultivé sous tunnels chauffés. Viva Agriculture s’est aussi bien développée dans le domaine des poivrons et des tomates. Samuel Arad, responsable France/Suisse/Belgique, précise : « Nous exportons en moyenne 5,5 t d’herbes par semaine sur la France. Toutes les variétés sont concernées : basilic, ciboulette, estragon, sauge... Nous avons commercialisé nos produits sur cette destination dès le début. La France est un marché particulier. Une de ses spécificités est de demander en priorité des bottes de différents grammages (20, 30, 45 g). Nous avons aussi débuté l’exportation de fraises de la variété Jasmin sur le marché français. » Un des avantages de Viva Agriculture est de disposer d’une excellente position stratégique, non loin de l’aéroport Ben Gourion à Tel-Aviv. « Nous effectuons quotidiennement l’inspection des lots avant départ vers l’aéroport, explique Samuel Arad. Ce contrôle permanent de la qualité de nos produits au profit de nos clients, c’est un peu la marque de fabrique de Viva Agriculture. » L’aéroport de Liège en Belgique et celui de Schiphol aux Pays-Bas ont été sélectionnés pour les envois.
Cependant, le tableau n’est pas totalement rose : « Sur les aspects logistiques, ce fut un peu plus chaotique, reconnaît Philippe Pons. Il ne faut pas oublier qu’Agrexco s’occupait de tout à partir du moment où les fruits et légumes arrivaient à son terminal du port d’Ashdod. Il avait développé une organisation très efficace. Cette interface a disparu, laissant quelquefois les producteurs en déshérence. Par la suite, une réorganisation s’est opérée. En plus des lignes conteneurs déjà existantes de Maersk et de MSC vers l’Europe, une ligne vers Kopper s’est créée fin 2011 pour approvisionner les marchés de l’Allemagne et des pays de l’Est. Par ailleurs, Cosiarma a repris les deux navires d’Agrexco pour une desserte de Sète avec l’armateur israélien ZIM en charge de la gestion des slots en pontée. Certains producteurs ont désiré se lancer dans l’exploration directe sans pour autant bien connaître le domaine du transport, ce qui a créé quelques perturbations. » D’autant plus qu’Agrexco Carmel, la nouvelle entité créée par le repreneur Gideon Bickel en novembre, demeure un opérateur logistique notable avec son terminal maritime “Carmel kor” situé à Ashdod et dont la vocation aujourd’hui est de servir tous les exportateurs israéliens. Et cela même si elle ne table pas sur de grands tonnages cette saison, se satisfaisant d’avoir pu relancer la machine en un mois et demi.
La situation n’est pas totalement figée. « On assiste désormais à un regroupement des producteurs israéliens selon les produits qu’ils proposent. Le poivron, les agrumes et l’avocat sont emblématiques de cette segmentation en montée de puissance. Finalement, c’est ce que l’Europe attendait, surtout les distributeurs. Les enseignes préfèrent travailler avec le leader sur un segment bien déterminé. On se dirige sur une filière où cohabiteront, d’une part, un généraliste offrant une gamme large de produits et, d’autre part, des entités spécialisées sur tel ou tel produit. En tout état de cause, il faudra attendre la fin de la saison 2011-2012, et le règlement final des campagnes, d’ici l’été pour voir si cette situation perdura ou non », pronostique Philippe Pons.

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