Pomme - Portrait d’entreprise
La diversification comme stratégie chez Gazeau
Producteurs de pommes en Deux-Sèvres et Vendée, les quatre fils Gazeau poursuivent la politique familiale en se développant sur tous les marchés.
Depuis trois générations, la famille Gazeau produit des pommes, autant dire qu’elle maîtrise parfaitement son produit. Olivier, Stéphane, Vincent et Jean-Charles, les quatre petits-fils de Marcel le fondateur, se sont tous impliqués dans ce que représente désormais le groupe Gazeau : 230 ha de verger, 80 permanents et des saisonniers (180 équivalents temps plein), pour un potentiel de 12 000 t de pommes réparties sur trois sites en Vendée et trois sites dans les Deux-Sèvres. Si Marcel, ancien courtier en pomme clochard, a contribué à développer la Golden, initié la démarche du stockage en chambre frigorifique, Yves, son fils aujourd’hui retraité, a développé l’entreprise en respectant la règle formulée de nombreuses fois par son aïeul : « Un paysan ne doit jamais laisser son produit au bord de la route. » En clair, le producteur a intérêt à maîtriser la commercialisation de ses récoltes. La dernière génération dirigeante du groupe reste elle aussi fidèle à cet adage. Les pommes sont commercialisées auprès des grossistes et des GMS ou via divers bureaux de vente à l’exportation ou en France. L’entreprise se fait connaître sous les marques “Vergers de Vendée”, “Vergers Gazeau” et aussi “La Reinette clochard des Deux-Sèvres” créée en commun avec une autre exploitation voisine Pom’2Sèvres.
Multiplication des débouchés
Comme toute la profession, la famille Gazeau subit les crises répétées du marché et s’est donc adaptée aussi bien que possible à cette situation : « Les perturbations des années 2000 et la fermeture du marché anglais nous ont fait prendre davantage conscience qu’il fallait à la fois diversifier les variétés et nos marchés », précise Yves Gazeau. A l’époque, l’exportation, représentait 60 % des ventes. Et la variété Braeburn était destinée seulement à deux marchés : l’Angleterre et l’Allemagne. Aujourd’hui, les ventes françaises sont plus importantes et atteignent 60 % (grossistes 35 % et GMS 25 %). Les marchés privilégiés hors de l’Hexagone sont l’Angleterre, l’Allemagne, le grand export, le Benelux et la Russie. Et la variété favorite des Anglais a diminué dans le verger au profit de variétés club comme Pink Lady et Honey Crunch, ou de niche comme Clochard, Belchard, Rubinette, Délisdor et Juliet. Toutefois, Golden, toujours appréciée, reste la variété dont les tonnages sont les plus importants.
L’objectif est de conquérir tous les marchés. Depuis deux ans, le groupe commercialise des pommes issues de l’agriculture biologique à travers les variétés Délisdor et Juliet. La vente directe au consommateur a pris également de l’importance. L’entreprise est présente sur quinze marchés hebdomadaires des villes côtières de la Vendée. De plus elle est la seule de la région Ouest à adhérer à Chapeau de Paille qui fédère des producteurs ayant mis en place la cueillette à la ferme. Les consommateurs peuvent cueillir non seulement des pommes à Mareuil-sur-Lay en Vendée mais aussi d’autres fruits et légumes. Six hectares y sont totalement consacrés, de même que 5 ha de fraises et 1 ha de fraises produites en gouttière sous tunnel. Un site Internet (www.cueillettedemareuil.fr) permet aux gourmands de prévoir leur cueillette, de se renseigner sur les produits, ainsi que les six magasins Vergers de Vendée dans le département.
Diversification géographique
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ce dicton sied bien à la famille Gazeau qui, dès le départ, a diversifié sa production aux abords de son siège à Vernoux-en-Gâtine mais aussi en Vendée sur les anciennes terres maternelles. « Nous ne sommes pas à l’abri d’un accident climatique, même si toutes nos parcelles sont irriguées, 95 % d’entre elles ont une protection anti-grêle et 60 % un système antigel, affirme Vincent Gazeau. La dispersion de nos vergers – qui sont distants au maximum de 80 km – assure une certaine garantie. Et cela va même au-delà de la répartition des risques. »
La récolte commence d’abord en Vendée, une semaine plus tôt que sur les Deux-Sèvres : « Notre verger de Mareuil-sur-Lay est certainement l’un des plus précoces de la région Ouest », note Yves Gazeau. La gestion du personnel s’en trouve facilitée. « Face aux difficultés à recruter, nous n’hésitons pas à transporter par bus les cueilleurs d’un site à l’autre », souligne Jean-Charles Gazeau.
Aux vues des exigences de ses marchés, le groupe s’est évidemment investi dans les démarches de qualité et de traçabilité. L’ensemble des parcelles est certifié GlobalGap et répond aux cahiers des charges Nurture (anciennement Nature’choice). La station basée à Mazières-en-Gâtine est certifiée BRC. Et le label AB a été obtenu depuis deux ans pour un verger de 15 ha basé en Vendée à Saint-Hilaire-des Loges. Et tout récemment, elle vient d’obtenir le label Ecoresponsable créé pour les adhérents de l’ANPP (Association Nationale Pommes Poires). Il signifie que l’entreprise privilégie la biodiversité et la lutte biologique (utilisation de prédateurs à la place de produits chimiques).
Cette année, par exemple, aucun acaricide n’a été pulvérisé dans les vergers. Les typhlodromes lâchés dès le printemps ont consommé les acariens, évitant ainsi des dégâts dommageables.