Maladie de l’olivier
La Corse s'arme contre Xylella fastidiosa
Les producteurs oléicoles de l'île de Beauté demandent des mesures allant plus loin que l'actuel passeport phyto européen.
Courant février, l'Italie a déclaré « l'état d'urgence » dans la lutte contre la bactérie Xylella fastidiosa qui décime les oliveraies dans la région des Pouilles (cf. fld hebdo du 11 mars). La stratégie, à défaut de traitement curatif, est d'installer un cordon sanitaire pour contenir et éviter de nouvelles diffusions de la bactérie. C'est un dispositif similaire que la Corse veut mettre en place (cf. fld hebdo du 18 mars). « Nous tirons la sonnette d'alarme depuis l'été 2014, indique Daniel Sainte-Beuve, responsable des filières végétales au sein de l'Office de développement agricole et rural de la Corse (Odarc). Pour l'heure, aucun cas n'a été détecté mais il faut tout mettre en œuvre pour éviter de laisser entrer la bactérie. »
A défaut d'un plan de lutte, c'est un vaste programme d'information qui a été lancé début mars par les collectivités et les administrations de Haute-Corse et Corse-du-Sud. Des plaquettes informatives ont été conçues à l'attention du grand public et des professionnels qui détaillent les mesures à prendre pour éviter l'introduction de la bactérie via des végétaux commercialisés sur l'île. « Afin d'éviter l'introduction de Xylella fastidiosa, les services de l'Etat ont renforcé les mesures de contrôle et de surveillance de cet organisme nuisible réglementé à lutte obligatoire. Une vigilance de tous est nécessaire pour participer à la protection de la Corse contre cette maladie : précaution lors de l'achat et de la plantation de végétaux, signalement des suspicions », indique un communiqué de la préfecture de la Corse-du-Sud.
Un numéro vert (0800 873 699), spécifiquement dédié à Xylella fastidiosa, a été mis en place. Il sert à signaler les symptômes évoquant la présence de la bactérie et déclenche le déplacement d'un agent qui procède à des prélèvements pour des analyses en laboratoire. Néanmoins, l'Odarc considère que les mesures ne sont pas suffisantes contre cet organisme de quarantaine. « Dans le cas de Xylella fastidiosa, nous considérons que le passeport phyto européen n'est pas suffisant. 5 % seulement des plants sont contrôlés, il faut aller plus loin et mobiliser les moyens étatiques et européens nécessaires pour éviter une catastrophe de type phylloxéra. » L'olivier est particulièrement sensible à la bactérie. Sa destruction totale intervient entre dix-huit et vingt-quatre mois après contamination. La lutte est d'autant plus rude que 200 espèces sont considérées comme des porteurs sains.
« Les chênes, les agrumes, la vigne, les prunus, les plantes d'ornement, le chiendent peuvent être affectés si les conditions de développement de la bactérie et de sa diffusion par les insectes suceurs sont requises. » Il n'y a donc pas pour l'heure de traitement curatif. « Les traitements aux antibiotiques pourraient éventuellement assainir les arbres, mais ils posent la question des résistances. Les Etats-Unis travaillent sur une variété OGM résistante. Mais l'Europe n'y est pas favorable. En Italie, la recherche va plutôt vers la sélection d'une variété naturellement résistante. Mais il faudra du temps. »