Primeurs - Portrait d’entreprise
La coopérative, une réponse à la commercialisation
Dominique Ducoin, en rejoignant la coopérative Océane en 2002, a largement développé sa production de radis et modifié son système de culture.
Il y a bientôt dix ans - c’était en 2002 -, Dominique Ducoin, producteur de mâche et de radis, décide de confier tous ses produits à Océane, aujourd’hui première coopérative de la région, commercialisant 62 000 t de spécialités nantaises. L’exploitant de Carquefou (en Loire-Atlantique) connaissait déjà très bien cette structure, alors régie en Sica, puisqu’il y adhère depuis 1997. Il lui livre sa production de mâche en totalité. A l’époque, Océane se focalisait uniquement sur ce légume et sur la tomate. Dominique Ducoin a donc été le premier adhérent à fournir des radis à la coopérative, avec deux millions de bottes. Aujourd’hui, il en produit le double, et huit maraîchers sont venus le rejoindre pour étoffer le volume d’Océane, qui dispose désormais d’un potentiel de 5,5 millions de bottes. Depuis la reprise en 1984 de l’exploitation familiale, il commercialisait ce légume primeur auprès des grossistes du Min de Nantes ou des grandes surfaces de la région, principalement Système U. Plusieurs raisons l’ont amené à privilégier la coopérative à la vente de proximité : « D’abord, je me sens plus producteur que commerçant. Mais même avec une fibre commerciale très aiguisée, je pense qu’il était préférable pour moi de rejoindre une structure de commercialisation. Les perspectives de développement de mon entreprise en auraient pâti. J’avais peu d’opportunité pour diversifier mon portefeuille clients. »
La chance sourit au Carquefollien. En 2001, Océane, qui jusqu’alors travaillait avec trois grossistes, rachète l’un d’eux, Vinet, installé sur le Min de Nantes : « La coopérative accède alors à la deuxième mise en marché. Nous devenions en quelque sorte concurrents. Je n’avais donc aucun intérêt à poursuivre ma propre commercialisation. Avec Océane, je bénéficiais d’un plus grand nombre de clients. » Aujourd’hui, il ne regrette pas ce choix : « Au contraire, affirme celui qui partage son activité entre deux sites distants d’une dizaine de kilomètres, je peux bénéficier de la dynamique de groupe tant sur le plan commercial que sur le plan technique. Cela nous fait évoluer. Si je n’étais pas monté dans le wagon, les conditions seraient beaucoup plus difficiles maintenant. Et en termes de valorisation et de prix, c’est largement identique. »
Un second producteur pour proposer du radis toute l’année
Jusqu’en 2006, Dominique Ducoin est le seul producteur à proposer des radis à Océane. La production s’effectue essentiellement le printemps et l’été, de mars à novembre : « C’est adapté à la rotation que je pratique. Je cultive quatre séries de radis et trois de mâches par an sur la même parcelle. »
L’arrivée d’un second producteur a permis à la coopérative de proposer le produit toute l’année. Mais pour satisfaire les besoins en produits d’hiver, Dominique Ducoin va donc changer sensiblement son assolement : « Je substitue de la mâche, sous abris en période hivernale, à du radis. C’est pourquoi nous sommes en train d’évoluer et de passer plutôt à 3,5 séries de radis et trois de mâches par an et par parcelle. » En termes de valorisation, le producteur ne perd pas au change : « Le cycle de production est beaucoup plus long pour le radis semé en hiver. Certes, les coûts de production sont plus élevés, avec une récolte de 40 000 bottes à l’heure au lieu de 55 à 60 000 bottes, mais le radis hivernal est plus rémunérateur. En revanche, l’organisation salariale se complexifie avec un besoin de main d’œuvre plus important durant les mois d’hiver. La mâche exige 12 heures de récolte par hectare, quand le radis en demande 650 en récolte manuelle et 150 en récolte mécanique hors maintenance. » Dominique Ducoin opte pour la récolte en machine dès 2007. Environ 60 % des radis sont récoltés de cette façon : « Cela permet d’écrêter les pics de main-d’œuvre et d’être plus réactif. » Mais la récolte mécanique ne peut être totale : « D’une part, la machine nécessite de nombreuses heures de révision et, d’autre part, je produis environ 3 % de radis rouges. Ce type de radis exige une machine spécifique qu’utilisent notamment les Néerlandais. »
A la recherche de variétés plus tolérantes ou résistantes
A l’avenir, le producteur espère développer davantage de radis sous abri en hiver, soit dans des terres non encore exploitées, soit au détriment de la mâche en plein champ. Contrairement à d’autres cultures comme le concombre ou la tomate, où il est encore possible de mieux maîtriser le climat d’été et la lumière en hiver, les producteurs ne peuvent guère espérer améliorer leur productivité en radis : « Les maladies peuvent nous jouer des tours, explique Dominique Ducoin. Il arrive qu’une culture soit détruite à 80 % en raison du mildiou ou des bactéries. En moyenne, cela concerne 5 % de notre production annuelle. Il est donc urgent de faire quelque chose. L’arrivée de variétés tolérantes ou résistantes nous permettrait de mieux nous en affranchir. Les deux semenciers (1) qui dominent le marché s’y emploient mais, pour l’instant, aucun résultat n’est tangible. »
La recherche fondamentale pourrait peut-être à terme apporter des solutions : « C’est la raison pour laquelle, avec les autres membres d’Océane, je suis personnellement adhérent à Végépolys, le pôle de compétitivité des cultures spécialisées, basé à Angers. Quel autre organisme peut mobiliser les scientifiques sur de la recherche fondamentale ? », explique celui qui est également responsable de la commission Structures des entreprises, au sein de la Fédération des Maraîchers Nantais.
Le programme Basele labellisé par Végépolys (cf. fldhebdo du 29 mars), porté à l’époque par le Comité économique du Val de Loire, et bénéficiant du Fonds unique interministériel sur les méthodes de détection des bactéries devrait, à terme, créer une nouvelle dynamique. De même, la recherche de variétés tolérantes au mildiou est inscrite dans le programme Radiallis de Végépolys, financé par la région des Pays de Loire et porté par Vilmorin.
(1) Vilmorin et Syngenta