Pomme de terre
La Coop’ de Noirmoutier signe avec Creno
Après le marasme de la campagne 2009, les producteurs de Noirmoutier annoncent la signature d’un partenariat national avec Creno pour la distribution de près de 15 % de leurs primeurs.
Premier jour de récolte. Les arrivages sont faibles (1 t), ce sera les premières sur le marché et donc celles se vendant le plus cher. Ce mercredi 24 mars, dès 11 heures, déjà, les affaires reprennent sur le marché de la pomme de terre primeur. Ce matin-là est bien particulier, Gérard Sémelin, le directeur de la coopérative de Noirmoutier, reçoit Jean-Michel Urien, responsable commercial chez Ame Haslé et tête de pont du réseau Creno pour le partenariat primeur de Noirmoutier. L’objectif de la journée, sceller le contrat d’exclusivité pour la distribution de 10 à 15 % de la production de pommes de terre primeurs de l’île. Et cette année, malgré la volonté des exploitants de réduire de 15 % les plantations à Noirmoutier, les volumes sont estimés aux alentours de 11 500 t. « Avec cette signature, il s’agit pour nous de prendre enfin une position définitive qui dure depuis dix ans avec la société Ame Haslé et par leur biais de créer un partenariat avec le réseau Creno à l’échelle nationale. Je suis un adepte d’une politique de petits pas, annonce fièrement Gérard Sémelin. L’idée étant surtout de ne pas tomber en concurrence avec nous-mêmes. Avec ce rapprochement, il nous est ainsi possible d’assurer au mieux la gestion d’un possible stock et par là même la distribution de notre pomme de terre primeur de manière significative. Il y a trente ans, nous avions des grossistes référents sur chaque marché de gros. Aujourd’hui, le marché a changé et nous avons besoin d’intermédiaires qui soient davantage distributeurs de services. Avec le réseau Creno, nous bénéficions de leur expertise logistique et de marketing et qui plus est en matière d’animations et d’organisation de dégustation dans les magasins. »
« Ce partenariat s’établit en trois points, explique Jean-Michel Urien. Tout d’abord, nous nous présentons comme prestataire logistique pour l’ensemble de la région Grand-Ouest. Nous sommes aussi dans la capacité de compléter les gammes des magasins en pommes de terre primeurs et surtout nous allons maîtriser au mieux la couverture nationale en primeur pour l’ensemble du réseau Creno. » Dans les faits, Creno met à disposition de la Coopérative, depuis le premier jour de la campagne, un semi-remorque chaque jour – voire deux selon les besoins – ainsi qu’une collaboration pour la mise en place d’animations produits en rayon avec les équipes du réseau. « Jusqu’ici, chaque creniste gérait lui-même ses achats de pommes de terre primeurs de Noirmoutier, explique encore Jean-Michel Urien. Depuis fin mars, ce n’est plus le cas, l’objectif étant de créer une synergie afin d’avoir une meilleure lisibilité en termes de distribution au sein du réseau. En revanche, ce partenariat est réalisé sans option de prix. C’est la coopérative qui fixe les cotations chaque semaine. Le bureau d’achat d’Ame Haslé suivra, quant à lui, l’ensemble des dossiers du réseau. »
Gérard Sémelin se dit satisfait et semble rassuré en ce début de campagne. « Imaginez un peu, le plus dur pour un produit aussi fragile que le nôtre, c’est la logistique. On est d’accord, c’est spécifique à tous ceux qui travaillent dans les fruits et légumes frais, mais ça l’est encore plus pour Noirmoutier. Ici, il faut au minimum 4 heures pour venir et repartir, c’est déjà la moitié du temps d’un chauffeur… Alors avec ce partenariat, cet inconvénient est atténué. Cela va aussi nous permettre de mieux normer la production, en créant un stock tampon chez Ame Haslé. » Et plus que cela de lisser au mieux le temps entre le départ de la coopérative et l’arrivée dans les rayons.
La force du contrat, être davantage réactif car ce produit ne souffre pas le stockage
Pour autant, afin de renforcer sa présence, la coop’ a conservé certains liens historiques sur le marché nantais et à Rungis, deux marchés stratégiques à ne pas négliger, comme la coopérative ValNantais ou encore la société MSR sur le marché de gros de Rungis. « ValNantais est préparateur de commandes en partie pour la région nantaise. Tant avec Ame Haslé que ValNantais ou la société sur le marché de Rungis, cela nous permet d’avoir des stocks tampon, précise Gérard Sémelin. C’est de la stratégie d’éclatement de produit. C’est un produit frais qui ne souffre pas le stockage long. Alors, ce qui fait la force de ce contrat, c’est que les stocks peuvent tourner et que nous pouvons être davantage réactifs à la demande des acheteurs de la grande distribution. De pouvoir répondre à des demandes de petits colis. Aujourd’hui avec l’arrivée des sachets P + entre autres, nous avons davantage de références. Cela devient difficile à gérer pour une coopérative comme la nôtre. » Au total, l’Ile de Noirmoutier répartit ses ventes à 45 % sur la région Grand-Ouest, 20 % sur la région parisienne le reste sur la France entière et l’export.
Mise en place d’un référent Noirmoutier pour 50 à 100 magasins
En parallèle, la coopérative de Noirmoutier annonce avoir amputé quelque peu son budget dédié à la communication pour accentuer sa présence auprès des chefs de rayon. « Cette année, nous avons décidé de mettre les moyens pour visiter les magasins et apporter un suivi de notre produit et des conseils spécifiques auprès des chefs de rayon, explique Gérard Sémelin. Car plus que tout, la pomme de terre primeur nécessite d’être soutenue par des mises en avant et des animations auprès du grand public. Nous avons donc décidé de mettre en place un référent pour 50 à 100 magasins. » Pour autant, la communication n’a pas été oubliée et la primeur de Noirmoutier bénéficiera de la campagne générique mise en place par la Commission primeur du CNIPT. Un kit PLV (mobile, leaflet…) sera mis à la disposition des chefs de rayon et sera accompagné d’un jeu concours et d’une diffusion radio forte sur le réseau des indépendants (cf. fld hebdo du 30 mars).
Quant à la célèbre Bonnotte, dont l’Ile est le porte-drapeau – car elle est la seule à en produire –, cette année sera presque une saison blanche en termes de production. « Nous aurons peu de production de Bonnottes, les producteurs n’en prévoient pas plus de 10 à 15 t. Nous en aurons davantage l’an prochain car nous pourrons bénéficier de semences en plus grand nombre », ajoute-t-il.