La CCP s’inquiète du désengagement de l’Etat
Les opérateurs engagés dans la démarche CCP ont fait part de leur inquiétude quant à leur avenir.
Malgré 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 500 référentiels produits déposés auprès du ministère, sans compter les milliers de producteurs engagés dans la démarche de Certification de conformité produit (CCP), ce signe officiel de qualité serait sur la sellette. Renvoyé au domaine privé. Inquiets, les opérateurs engagés dans la démarche CCP ont fait part de leur inquiétude quant à leur avenir. L’Etat, pour faire des économies, aurait ainsi la ferme intention de se désengager de la gestion de ce signe de qualité. C’est dans ces termes que Xavier Douesnel, président du Cepral *Cepral : association des organismes certificateurs pour la promotion des systèmes de certification de produits du secteur agroalimentaire., a fait part de son mécontentement lors d’une conférence de presse le 17 mars à Paris. “Depuis le début du mois de décembre, des rumeurs ne cessent de courir quant au désengagement du ministère de la CCP. Cette certification engendre une démarche lourde, notamment la gestion des quelques 500 références produits CCP. Il faut du monde pour tout cela, tente d’expliquer Xavier Douesnel. Or l’Etat est en train de réduire sa voilure pour diminuer les coûts.” En 2003, le Conseil national de l’alimentation (CNA) avait fait part d’une refonte complète de ce signe de qualité sans pour autant demander sa suppression. “Les propositions du CNA étaient sérieuses, note Xavier Douesnel. Nous ne sommes pas contre une refonte en profondeur de la CCP. Seulement, en la renvoyant au privé, nous n’aurons plus de moyen pour exiger un minimum qualitatif”.
Refonte de la CCP
Plus étrange est le revirement du ministère. Quand le Conseil national de l’alimentation s’est réuni en septembre dernier, la position du ministre de l’Agriculture, à l’époque, Hervé Gaymard, était claire. “Il n’a jamais parlé de la suppression de la CCP, mais plutôt d’une refonte, d’une simplification dans sa gestion”, indique Pierre Dupont représentant de l’association de consommateurs Familles de France. Pourtant, depuis décembre et plus particulièrement le salon de l’Agriculture, la rumeur s’étend. De ce point de vue, “nous nous interrogeons sur la gestion d’une telle évolution pour les dossiers qui ont reçu l’aval de l’Etat lors de la validation de leurs référentiels. Comment pourront coexister des dossiers anciens validés et des dossiers nouveaux non validés, sans rivalité ou préjudice pour les uns ou les autres ?”, s’interroge le Cepral.
De leur côté, les utilisateurs de la CCP ne sont pas contre une réforme en profondeur. Plusieurs points ont d’ailleurs été soulevés, tels qu’une simplification en matière d’agrément et d’audits. D’autre part, le Cepral, indique qu’il serait nécessaire de revoir la valorisation des référentiels et de ne pas fonder les cahiers des charges uniquement sur le respect de la réglementation. “Pourquoi ne pas ouvrir le référentiel à des caractéristiques environnementales et culturales ?”, ajoute Xavier Douesnel.
Quant aux certifications de conformités produit dans les fruits et légumes, “les démarches sont nombreuses”, note Xavier Douesnel. “Du fait de leur très grande relation avec le climat, il leur est assez difficile de tenir un Label Rouge, ajoute-t-il. La CCP est donc le signe officiel le plus adapté à leur production.” Au total, en 2003, le Cepral comptabilisait 28 références CCP légumes et 23 références en fruits.
“Pour l’heure, rien n’est encore officiel, une concertation est en train de se mettre en place, indique Xavier Douesnel. Nous avons la ferme intention de rencontrer la DPEI, la semaine prochaine.” Mais il semblerait qu’au sein même de la direction, il n’y ait pas de consensus. Enfin, depuis deux ans, le Cepral et Interbev, propriétaires du logo, proposent à l’Etat de récupérer la propriété du logo CCP. Mais rien n’a encore été envisagé de ce sens.