Portrait d’entreprise
La Boskoop, l’un des fers de lance de la coopérative Sipenord
Sipenord est le leader national de la Boskoop avec une part de marché de 30 % grâce à des producteurs dynamiques, un terroir spécifique et des modes de production adaptés permettant à Sipenord de produire une pomme plus rouge qu’ailleurs.
L’arboriculteur qui fait le pari de la Boskoop sur ces terres de Flandre peut avoir beaucoup de chances et récolter jusqu’à 50 t de fruits par hectare ! Mais il peut tout aussi bien ne rien avoir à cueillir sur ses arbres au moment de la récolte. « C’est l’inconvénient majeur de cette variété : elle est excessivement sensible ! », soupire Claude Vasseur, vice-président de la coopérative Sipenord, et producteur à Godewaersvelde, près de la frontière belge.
Sipenord, une des coopératives légumières régionales, possède 30 % des parts de marché de la Boskoop en France. Implantée près de Dunkerque, elle se place en tête de la commercialisation devant la coopérative de Nesle (15 à 20 %) et Valois Fruits (10 %).
« C’est une pomme qui a beaucoup évolué au fil des années mais qui est très spécifique de la Flandre française. La Boskoop est à la Flandre, ce que la Gala ou la Golden sont au Val-de-Loire. En Nord-Picardie, Jonagold ou Belle de Boskoop sont les principales variétés récoltées », poursuit-il.
Depuis les années 2000, elle rentre également en concurrence avec Valastrid, un clone très rouge mais de plus petit calibre que la Boskoop standard et qui répond aux attentes de la GMS.
Une histoire qui commence en 1969
Dans les Flandres, aux alentours de Steenvoorde, c’est la Boskoop Rouge qui s’est développée à partir d’un noyau d’arboriculteurs passionnés. Au début, ils se sont tous retrouvés au sein de la coopérative “Les Vergers des Flandres”, avant que ce groupe n’éclate dans les années 97-98. Il y a eu les partisans des méthodes intégrées et biologiques qui ont rejoint certains de leurs homologues wallons dans le Gawi-Fruitnet implanté à Vise, en Belgique.
Les autres ont rejoint la coopérative Sipenord en 1997 et ont livré la première année 1 500 t de fruits. « Nous représentions une dizaine d’arboriculteurs et nous pesions environ 60 % de la coopérative Vergers des Flandres qui commercialisait à l’époque 8 000 t de fruits,témoigne Claude Vasseur. L’histoire de la Boskoop Rouge des Flandres a commencé en 1969. Le docteur Hem qui disposait d’une pépinière implantée à Herzeele – aidé de M. Lapierre alors professeur d’arboriculture au lycée agricole de Genech – a sélectionné des arbres à partir de ce qu’ils appelaient “la Boskoop Rouge de Cassel”. »
Son beau-père, qui lui a toujours dit que « le clone intervient pour la moitié de la coloration du fruit », a planté les premiers arbres de l’exploitation en 1969. Et lorsque Claude Vasseur s’est installé sur la ferme avec son épouse en 1981, il a planté 3 ha de vergers. Son exploitation d’une trentaine d’hectares implantée au pied du Monts des Cats compte aujourd’hui 15 ha de pommiers et 3 ha de poiriers.
« Notre Boskoop Rouge est incomparable ; elle bénéficie en Flandre d’un terroir qui lui permet d’être à la fois goûteuse et fortement colorée. Nos producteurs ont beaucoup évolué sur le plan technique et la Sipenord est la seule structure régionale qui en organise le marché, précise François Bauden, directeur de Sipenord. Grossistes comme acheteurs de la grande distribution sont unanimes et reconnaissent aisément que Sipenord commercialise une très belle et très bonne Boskoop ».
La Boskoop doit être absolument présente dans les linéaires des GMS situées au Nord d’une ligne Nantes-Mulhouse pour satisfaire la demande des connaisseurs. « On en parle souvent comme d’une pomme à cuire, mais les connaisseurs la préfèrent comme pomme à couteaux, parce qu’elle a du goût,insiste François Bauden. Dans l’esprit du consommateur, une pomme à cuire est verte et une pomme rouge est une pomme à déguster. »
Mais il n’en demeure pas moins qu’elle reste malgré tout un produit de niche. Et qu’elle doit être traitée comme telle. C’est une des raisons pour lesquelles sur les 2 500 à 3 000 t de Boskoop commercialisées chaque année par les douze producteurs de la Sipenord, 800 à 900 t le sont sous la marque régionale “Saveurs en’Or”.
Les deux hivers précédents ont été pénalisants pour la Boskoop, un fruit dont la commercialisation ne peut durer jusqu’en mai. « On a quatre à cinq mois pour la vendre », insiste Claude Vasseur qui rencontre de plus en plus de difficultés à commercialiser ses pommes avant Noël. « On subit de plus en plus la concurrence des fruits exotiques et des agrumes en cette période de fin d’année », souligne-t-il.
Le mois de mars est désormais devenu le mois « où la coopérative commercialise ses plus gros volumes ».