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Transport
La bataille du fret retour

Sur les 1,5 million de tonnes qui transitent par Saint-Charles International, plateforme européenne multimodale de transport située à Perpignan, les flux Nord/Sud ne représentent qu'une petite partie de l'activité des opérateurs locaux.

Les flux Nord/Sud sont « du pain blanc pour les entreprises, car un retour à vide est un très gros problème financier », indique Henri Ribes, président du Syndicat national des importateurs et exportateurs de fruits et légumes (Snifel). Dès 1990 José Rodriguez, président-directeur général de Guanter Rodriguez, a positionné l'entreprise sur le Maghreb et plus particulièrement le Maroc où deux filiales ont été créées à Agadir et Tanger. « Nous nous sommes adaptés et trois personnes de l'agence de Tanger s'occupent des flux retour qui sont vitaux, explique José Rodriguez. 2 300 km à vide entre Perpignan et Tanger, cela ne le fait pas. Nous essayons de consolider au maximum le retour avec des marchandises venues du Nord. » Dans ce flux, les fruits et légumes ne sont qu'une composante mineure. « Charger des pommes peut arriver. En revanche, nous avons transporté beaucoup de scions de pommiers destinés à de nouvelles plantations, des produits phytos ou encore des pains de substrat pour les cultures maraîchères. Mais il est essentiel d'envoyer des camions complets. »

Chez Guanter Rodriguez, le retour se fait surtout sur des produits industriels. « Nous récupérons des palettes partout en France pour consolider les chargements. Elles sont ensuite fumigées à Gérone ou Barcelone puis envoyées dans le Sud. » L'entreprise a également décroché de gros contrats Nord/ Sud. « Nous transportons tous les matériaux destinés à la construction du premier magasin Ikea du Maroc et de l'usine Coca-Cola à Casablanca. » Le coût du transport entre Agadir et Perpignan se situe de 3 400 à 3 600 € par camion, 2 200 à 2 300 € par bateau et de 1 400 à 1 500 € dans le sens inverse. « Sur une fourchette de 80 à 100 remorques/jour réceptionnées par notre entreprise sur Saint-Charles, il n'y en a pas plus de 5 à 10 % qui repartent chargées. Pourtant les chauffeurs marocains en sont très demandeurs pour financer les retours. La plupart font des escales en Espagne qui est le plus gros chargeur vers le Maroc. Néanmoins, les flux retour ont été ralentis par la crise économique qui frappe la péninsule ibérique. »

Dans le sens Sud/Nord, le transport des fruits et légumes chérifiens est assuré à 90 à 95 % par des camions marocains (qui tractent des remorques françaises) et « à 100 % chez Iberfrance, l'entreprise dirigée par Henri Ribes. Dans l'autre sens, nous évitons d'entrer au Maroc, car l'évolution du dirham, adossé au dollar, est financièrement pénalisante. »

Casablanca, port d'entrée pour les importations bateau du Nord

« C'est compliqué par la lourdeur administrative marocaine et la complexité des contrôles, déplore José Rodriguez. La durée de ces opérations, c'est un laps de temps d'une quinzaine de jours passés au dédouanement et au déchargement. » Ces opérations ralentissent donc les rotations. « Il faut compter également dix jours de camion entre Perpignan et Agadir. Ce qui fait que 2,5 rotations/mois sont une bonne moyenne. » Une moyenne qui n'est pas tenue du 10 juillet au 10 octobre avec l'arrêt des productions marocaines. « Saint-Charles International participera au Salon Logismed qui se déroulera du 13 au 15 mai à Casablanca, indique Anne Florin, directrice de la communication et des relations extérieures de Saint-Charles. Dédié au transport et à la logistique, il pourrait faciliter la mise en place de nouvelles relations. Par ailleurs, nous espérons que la Maison Sud de France à Casablanca favorisera de nouveaux courants commerciaux. »

C'est d'ailleurs sur la maison de Casablanca que Sud de France Développement s'appuiera pour développer le club “Logistique Maroc” qui est en cours de concrétisation.

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