La Basse-Normandie veut attirer la recherche sur le terrain
LES PRODUCTEURS de légumes normands étaient en première ligne de la semaine du développement durable, la semaine dernière : afin de mieux faire comprendre les démarches entamées par la filière depuis 1994 pour une agriculture plus raisonnée, la station de recherche et de développement, le Sileban, ouvrait ses portes au public et lui proposait un parcours thématique afin de comprendre les enjeux et les techniques mises en oeuvre. Le président du Sileban, Denis Onfroy, avait invité le Ministre de l’Écologie et du Développement durable, Serge Lepeltier, à inaugurer ses journées portes ouvertes, en présence de nombreux élus régionaux et locaux et des producteurs du val de Saire.
La Basse-Normandie fait figure de région productrice pionnière en matière de développement durable, car c’est au milieu des années 90, que les professionnels ont commencé à radicalement transformer leurs pratiques culturales. La prédominance du chou-fleur avait entraîné des effets sur les sols, dégradant la structure de ceux-ci, réduisant les rendements, et dépréciant la qualité finale des produits. Les mesures prises furent drastiques : refonte des assolements avec introduction de céréales représentant aujourd’hui 30 % des surfaces, réduction des apports azotés et phosphatés de 20 %, création de haies. “Nous nous inscrivions dans le développement durable à une époque où l’expression circulait déjà dans les colloques internationaux, mais peu dans nos campagnes”, faisait remarquer Denis Onfroy. Le risque était bien sûr qu’une telle politique entraîne une perte de revenu (diminution des surfaces). Les contrats territoriaux d’exploitations furent l’occasion d’élargir et de consolider la démarche.
Une aventure réussie (la filière génère entre 3 000 et 3 200 emplois directs et indirects, les rendements commerciaux se sont améliorés, de nouveaux produits se sont développés comme, actuellement le céleri branche) qui a été largement félicitée par le Ministre.
Mais, la Basse-Normandie ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Regrettant que le secteur des fruits et légumes soit largement obligé d’autofinancer son volet Recherche, Denis Onfroy a lancé l’idée : “Pourquoi n’existerait-il pas une unité mixte d’expérimentation au sein de notre filière régionale qui accueillerait des chercheurs sur des thématiques concernant le développement durable ?”, histoire d’attirer la recherche sur le terrain. Le conseil général de la Manche est déjà partant et Serge Lepeltier a assuré qu’il étudierait la proposition de près. Que demander de mieux ?