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Tendances de consommation
L’autoproduction, une concurrence au commerce traditionnel ?

Gamm Vert et l’ObSoCo ont lancé un Observatoire de l’Autoproduction afin de mieux quantifier et comprendre ce phénomène, qualifié de « vrai mouvement de société ». Deux tiers des Français sont des autoproducteurs et plus d’un Français sur 4 s’alimente en grande majorité par les fruits et légumes qu’il produit.

Premier Observatoire de l’Autoproduction Gamm Vert : Vincent Avignon (directeur général adjoint de In Vivo Retail), Guénaëlle Gault (directrice de l’ObSoCo) et Pierre Blondet (attaché de presse InVivo Retail) débattent en viso-conférence de presse de l’importance de l’autoproduction chez les Français.
© Capture d'écran FLD / Gamm Vert - ObSoCo

Deux tiers des Français sont des auto-producteurs et d’ailleurs, 29 % de ceux qui autoproduisent des fruits, légumes et herbes aromatiques s’alimentent en grande partie grâce à leur production. C’est ce que révèle le premier Observatoire de l’Autoproduction Gamm Vert, lancé par l’enseigne et l’ObSoCo et dont les résultats ont été dévoilés à la presse le 13 mai en visio-conférence.

Vincent Avignon, directeur général adjoint de In Vivo Retail, précise : « Chez Gamm Vert, on observait une tendance forte à vouloir produire soi-même. Peut-être que ces derniers temps c’est davantage lié à une question d’inflation et de pouvoir d’achat. Mais cette tendance a été initiée bien avant la crise Covid, tirée par la volonté et le plaisir de faire soi-même. Aucun chiffre n’existait pour étayer ces observations, d’où le lancement de cet Observatoire avec l’ObSoCo. Nous avons été surpris des résultats, surpris de la magnitude de ce mouvement de société, qui n’est tout de même pas une lame de fond mais qui est là. »

 

282 millions de conserves de légumes, de fruits et de viande sont autoproduites chaque année

L’Observatoire révèle que deux tiers (67 %) des Français sont des auto-producteurs, dont les pratiques et la fréquence varient, de la production d’herbes aromatiques à l’élevage de poules ou l’apiculture. « En extrapolant, ce sont 30,5 millions de Français qui font au moins une pratique d’autoproduction dans l’année (en moyenne trois), précise Guénaëlle Gault, directrice de l’ObSoCo. Et le phénomène est en croissance puisque sur l’année, 9 % s’y sont mis, 40 % ont maintenu leurs pratiques d’autoproduction et 18 % les ont diversifiées. »

L’ObSoCo a ainsi identifié 5 grands types de pratiques.

  • La culture des fruits, légumes et herbes aromatiques, qui concernent 60 % des répondants, soit 27,4 millions de Français ;
  • La production d’engrais naturel pour son jardin (40 %) pour 18,2 millions de Français ;
  • La fabrication de conserves de légumes, confitures, conserves de viande et charcuterie (37 %) pour 16,9 millions de Français
  • L’élevage de poules (10 %) pour 4,5 millions de Français ;
  • L’élevage d’abeilles, « qui est plus complexe, plus exigent », (3%) pour 1,4 million de Français.

 

Et ce qu’on peut dire, c’est que ces autoproducteurs sont efficaces. L’Observatoire estime ainsi que l’autoproduction d’œufs représente 47 millions d’œufs produits par semaine en France (16,8 œufs/semaine/autoproducteur). Pour les conserves, c’est même 282 millions de conserves par an (26,5 bocaux/an/autoproducteur) !

« En fruits et légumes, c’est plus difficile d’avoir des chiffres rigoureux car l’Observatoire est basé sur du déclaratif, et c’est plus facile de compter des œufs ou des bocaux que des kilos de fruits et de légumes », reconnaît Guénaëlle Gault, interpellée par FLD.

 

Des motivations à autoproduire qui limitent la concurrence aux producteurs professionnels

Face à ces chiffres, faut-il voir dans l’autoproduction une concurrence aux producteurs professionnels ? Ces volumes font-ils de l’ombre aux ventes traditionnelles dans les rayons et à la ferme ? « Non !, estime Vincent Avignon. Rien ne s’oppose, et l’autoproduction vient en complément de la production professionnelle. On le voit bien dans les profils et les motivations des autoproducteurs : l’autoproduction est surtout une question de plaisir et d’utilisation de ses surfaces extérieures. Et ce qu’il ne produit pas, il ira l’acheter. »

La première motivation à autoproduire est l’accès à des produits sains, bruts et frais, une motivation largement majoritaire (91 % dont 46 % « très important ». « L’imaginaire industriel est très interrogé et cela se reflète dans les aspirations des Français à autoproduire », traduit Guénaëlle Gault. Mais faire quelque chose de ses mains est aussi une motivation très forte (86 % dont 31 % « très important ». Faire des économies n’arrive que bien plus tard dans les motivations (75 % dont 30 % « très important »).

 

Selon les pratiques, les motivations et leur importance varient. Ainsi, les autoproducteurs de fruits et légumes veulent avant tout des produits sains, bruts et frais (43 %), faire quelque chose de leurs mains (27 %) et faire des économies (26 %) là où les autofabricants de conserves veulent avant tout des produits sains, bruts et frais (48 %), faire des économies (36 %) et faire quelque chose de leurs mains (35 %). En revanche, vouloir passer du temps en famille et étendre ses connaissances, le lien à la nature ou à l’animal sont typique de l’apiculture ou de l’élevage de poules.

 

Un rôle économique moins prégnant mais à ne pas négliger

Au-delà des considérations environnementales et le rôle d’apporteur de lien social, de bien-être et de bonheur, qui ont été soulignés par l’Observatoire, l’autoproduction a un rôle économique à ne pas oublier. Ainsi, 87 % des autoproducteurs de fruits et légumes estiment faire des économies, soit 42 % des Français. Ces économies sont indispensables pour 16 % d’entre eux, appréciables pour 35 % et au contraire, autoproduire revient plus cher qu’acheter pour 13 %.

Côté consommation, 29 % des autoproducteurs de fruits et légumes s’alimentent en grande partie par ce qu’ils produisent, soit 14 % des Français. Dans le détail, 5 % des autoproducteurs de fruits et légumes s’alimentent entièrement avec leur propre production, 24 % en grande partie, 31 % moins de la majorité et 40 % très faiblement. Ces chiffres sont loin de la performance des œufs : 84 % s’alimentent en grande partie avec leur production dont 55 % en totalité !

« L’autoproduction est vraiment reliée à la consommation et au budget des Français. Elle fait aussi l’objet de dons : aux voisins, à ses proches… Au final, très peu d’autoproducteurs vendent leur production. 2 % en revend une partie, 1 % la totalité », glisse Guénaëlle Gault.

 

Les autres chiffres et tendances notables de l’étude

  • Les espaces d’autoproduction

59 % des Français ont un jardin, pour une superficie moyenne de 580 m2. 33 % ont un potager, pour une superficie moyenne 135 m2 (des chiffres très variables selon les situations, nuance l’ObSoCo) et 12 % ont un verger, de 465 m2 en moyenne. Ce qui, extrapolé à l’ensemble de la France, représente 1,2 million d’hectares de potagers et 1,5 million d’hectares de vergers, « des surfaces amateurs non négligeables, si l’on compare aux 55 millions d’hectares du territoire français et aux 28 millions d’hectares de SAU [surface agricole utile] », illustre Guénaëlle Gault. Enfin, 3 % ont accès à un potager partagé, soit 800 000 personnes.

  • Des nouveaux entrants plus jeunes et plus urbains

« L’autoproduction défie les clivages sociaux et au contraire rassemble ! », analyse Guénaëlle Gault. Si la pratique de l’autoproduction dépend bien évidemment du lieu d’habitation (davantage concernée par ceux qui ont un jardin, les zones rurales, peu peuplées), il y a peu de distinction selon le revenu ou la catégorie socio-professionnelle. En revanche, on observe que les nouveaux pratiquants sont plus jeunes et plus urbains.

  • Importance de la pratique

Les autoproducteurs sont plutôt impliqués puisque c’est important pour 49 % d’entre eux (dont 13 % « très important »). Selon les pratiques, les chiffres varient : fabriquer des conserves paraît un peu moins important que de pratiquer l’élevage.

C’est aussi un budget à y consacrer, qui reste « relativement modeste », en moyenne 218 €/an, avec de grosses variations selon les Français et les pratiques. L’apiculture est plus onéreuse que faire du recyclage (124 €/an).

 

Méthodologie de l’étude

Leader de l’autoproduction en France, Gamm vert s’est rapproché de l’ObSoCo pour mieux comprendre l’amplitude de ce phénomène et identifier les pratiques et les attitudes afférentes des consommateurs afin de pouvoir encore mieux y répondre.

L’étude a porté sur 4 000 Français (hors producteurs professionnels) représentatifs de la population, par un questionnaire auto-administré en ligne du 17 au 27 janvier 2022.

 

 

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