Bananes
Karen De Gucht : la production européenne de bananes « n’est pas rentable ». Fureur des planteurs
Un peu plus d’un mois après son installation, le nouveau Commissaire européen au Commerce s’attire déjà les foudres des producteurs de bananes.
Le nouveau Commissaire européen au Commerce, Karen De Gucht, a été auditionné le 16 mars dernier par la Commission du commerce international du Parlement européen sur les conséquences de l’accord de libre-échange UE-Pérou-Colombie (cf. fld hebdo du 16 mars). A cette occasion, le Commissaire a tenu des propos qui ont énervé, et c’est un euphémisme, les producteurs européens de bananes.
Selon nos sources, Karen De Gucht a présenté l’accord de libre-échange comme « équilibré ». Il a qualifié le niveau de 75 euros/tonne appliqué aux importations de bananes des deux pays d’« avantageux ». La suite est encore plus gratinée.
Il a certes précisé que, pour la banane, « on peut s’attendre à des compensations », mais sans indiquer s’il parlait des producteurs ACP ou communautaires. Mais Karen De Gucht a aussi fait part de sa vision de la production européenne de bananes. « Les producteurs européens de bananes ne produisent pas un produit économique, un produit rentable » a-t-il déclaré. « Il ne s’agit pas d’une production rentable ». Ces mots sont restés en travers de la gorge des planteurs. Eric de Lucy, président de l’UGPBAN, dénonce « le double langage de la Commission européenne, championne du monde des droits de l’homme, du développement durable et de la protection sociale et qui n’en finit pas de faire des cadeaux à des pays champions du monde du dumping social et environnemental ». « C’est une chose admise à Bruxelles que ceux qui sont en charge des intérêts de l’Europe sont en droit de trahir les intérêts des citoyens européens. »
De son côté, Léopoldo Cologan, président de l’Asprocan et de l’Apeb conteste la version du Commissaire qui affirme que l’accord UE-Pérou-Colombie avait été proposé il y a un an et « qu’il ne devrait pas surprendre les producteurs ». « Comment se fait-il ajoute Léopoldo Cologan que les gouvernements de France, d’Espagne et du Portugal se soient réunis en juin 2009 à Madrid pour s’opposer à une telle baisse. » « Pour ma part, conclut le représentant des producteurs espagnols, j’ai l’impression de m’être fait berné par mon gouvernement. »