Coopératives
Jean-Michel Delannoy : « La coopération est riche de leaders structurants »
A l’occasion de l’Assemblée générale de Felcoop, son président, Jean-Michel Delannoy, a répondu, en exclusivité, aux questions de fld.
Fld hebdo : A la veille de votre Assemblée générale, quel bilan tirez-vous de la réforme de l’organisation économique, un peu plus d’un an après sa mise en place ?
Jean-Michel Delannoy : Le ministère de l’Agriculture a souhaité la suppression des comités économiques et la mise en place d’AOP nationales par produit reposant sur l’adhésion volontaire des OP. Si cette déclinaison produits était nécessaire, elle n’est pas suffisante ! Les coopératives, en tant qu’entreprises commerciales, sont la clé de voûte de l’organisation économique. Nous voulons une unité de la représentation de cette organisation. Nous souhaitons donc une seule Fédération avec une représentation harmonieuse des produits et des territoires. Toute organisation représentative au niveau national ne peut être que la somme des stratégies réelles des entreprises.
Fld hebdo : Calcul de la valeur de la production commercialisée (VPC), accord tomate avec le Maroc, baisse du tariff only pour la banane : la Commission semble vouloir passer ses dossiers en force. Qu’en pensez-vous ?
J.-M. D : Je pense en effet que la Commission est en quelque sorte heurtée par le principe de codécision avec le Parlement européen, principe hérité du traité de Lisbonne. Pour le calcul de la VPC de la première transformation, elle s’attribue le pouvoir de modifier l’esprit d’un Règlement adopté par le Conseil des ministres. Sur cette question, nous venons de demander un rendez-vous en urgence au ministre de l’Agriculture. Sur le commerce, la Commission privilégie les accords bilatéraux. Cette libéralisation des importations met en danger le futur des coopératives et de leurs producteurs. Il faut cesser de faire de nouvelles concessions tant que les contrôles aux frontières ne sont pas assurés et que la réciprocité des échanges n’est pas garantie.
Fld hebdo : Vous appelez de vos vœux l’émergence de leaders structurants. Pouvez-vous préciser votre idée ?
J.-M. D : Je répondrai en deux temps. Un leader, sur un marché, est celui qui est capable de conduire un projet et de le faire partager à l’ensemble de la filière. Une entreprise structurante est une entreprise dont la taille économique sur le marché lui permet de structurer son amont, et d’être force de proposition et d’évolution à l’aval. Un leader structurant est la somme des deux. Il est capable de développer des marques fortes. Notre secteur se caractérise par un très grand nombre d’opérateurs qui sont en concurrence. La Coopération est riche de leaders structurants, indispensables pour développer nos performances à l’exportation, nos relations commerciales avec les grandes surfaces. Il faut savoir conforter ces leaders, car étant capables de développer des marchés, ils permettent d’assurer non seulement la vente des productions des associés-coopérateurs, mais aussi de développer leur mise en production.