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Interview de Bernard Piton et Luc Métral

A l’occasion de leur congrès annuel, qui se tiendra les 11 et 12 mars prochains à Arles, Bernard Piton, président de l’UNCGFL, et Luc Métral, président de l’Aneefel, ont accordé une interview à FLD. L’occasion de faire le point sur la crise que traverse l’interprofession.

FLD Hebdo : Pouvez-vous préciser la position de votre fédération vis-à-vis de Interfel ? Quelles sont les conditions de retour “actif” au sein de l’interprofession ?

Bernard Piton : L’interprofession, c’est comme la Fraîch’Attitude, c’est un état d’esprit : identifier ce que l’on peut faire et construire ensemble et non ce que l’on peut imposer aux autres.

Nous reviendrons à Interfel pour nous associer aux seules missions qui sont les siennes quand les tenants du discours économique (y compris syndicaux) se seront ralliés à cet état d’esprit : ce n’est pas une opération de chantage comme certains voudraient le dire, c’est bien un état d’esprit pour pouvoir envisager du travail efficace, productif et avec des chances d’y entraîner des entreprises.

La préférence française peut faire partie d’un discours légitime et même souhaitable pour l’économie en général : elle se mérite par des éléments objectifs de compétitivité, elle ne se décrète pas.

FLD Hebdo : L’année 2004 a été dans les grandes lignes mauvaise pour l’ensemble de la filière. Quelle est la situation économique des entreprises du secteur des grossistes ? Quelles sont les perspectives pour cette filière ?

B. P. : A fin décembre, sur douze mois, nos indicateurs internes tournent à - 1,7 % de tonnage et - 6,7 % de chiffre d’affaires. C’était globalement ce que nous devinions avec des dispersions plus ou moins importantes par types d’entreprise selon qu’elles intègrent une part importante ou non de service. La marge brute a régressé, en moyenne, de 10 %, ce qui est, ne nous le cachons pas, déprimant et préoccupant. Paradoxalement, je reste positif à moyen terme pour cette filière professionnelle ; les stratégies de masse montrent leurs limites, celles plus complexes de différenciation, de fragmentation, de proximité vont être des obligations pour le sauvetage de toute la filière, en amont comme en aval : c’est plus compliqué, et quand c’est plus compliqué c’est meilleur pour les grossistes.

FLD Hebdo : Depuis plusieurs mois, le système du PAV est à nouveau sur la sellette. Il est remis en cause à la fois par la production et par la grande distribution. L’administration crée des groupes de travail sur ce point. Quelles évolutions les grossistes sont-ils prêts à accepter sur le prix après-vente ?

B. P. : J’ai surtout entendu le système du PAV remis en cause, soit par des institutionnels, soit par des gens qui ne le pratiquent pas, ne le connaissent pas ou le découvrent seulement dans des situations de crise ; c’est un traitement, une fois encore, politique du dossier, qui a besoin d’être encadré sur un plan économique pour maîtriser ses effets pervers. C’est ce que nous proposons avec la mise en place d’un guide de bonnes pratiques à partager entre acteurs qui utilisent ce mode de valorisation dans leurs relations régulières de travail. Mais de grâce, cessons de gérer les dossiers économiques avec des anathèmes tirés des relations concurrentielles orageuses au risque de jeter le bébé avec l’eau du bain.

FLD Hebdo : Après le départ de l’UNCGFL, vous restez la seule famille membre du collège distribution. Comment voyez-vous votre place au sein d’Interfel ? Comment souhaitez-vous voir évoluer l’interprofession ?

Luc Métral : Suite à la crise de cet été, et aux tensions entre les familles d’Interfel, il nous semble indispensable de réfléchir à une recomposition du paysage interprofessionnel, en cessant d’opposer la production et la distribution, et en valorisant le rôle de la mise en marché. Nous avons ainsi proposé dans le cadre des réflexions actuelles amenées par chacune des familles la création d’un collège interprofessionnel de mise en marché au sein d’Interfel, associant tous les acteurs concernés. Notre rôle est bien charnière, entre la production et la distribution, entre l’amont et l’aval. Chacun doit avoir sa place dans la filière

FLD Hebdo : Vous vous êtes récemment prononcé en faveur du coefficient multiplicateur en cas de crise. Pouvez-vous préciser votre position ?

L. M. : Cette question m’a été posée à l’occasion de la convention nationale des OP le 1er février 2005. J’ai tenu à rappeler qu’une trop grande différence entre les prix départ station et les prix au détail n’était bonne pour aucun acteur économique, jusqu’au consommateur qui a eu tout l’été cette image de produit cher. L’amont ne peut supporter de travailler avec des prix qui ne couvrent pas les coûts de revient. J’ai également beaucoup insisté sur la préparation de campagne et l’anticipation des périodes difficiles. Mais il ne faut pas se voiler la face, il nous faut aussi admettre que des outils immédiats puissent être mis en place en période de crise pendant des temps courts et déterminés.

FLD Hebdo : L’année 2004 a été dans les grandes lignes mauvaise pour l’ensemble de la filière. Quelle est la situation économique des entreprises du secteur de l’expédition ? Quelles sont les perspectives pour cette filière ?

L. M. : Les entreprises d’expédition souffrent de cette atonie de la consommation, de l’évolution des relations commerciales, de la concurrence internationale qui freine aussi nos exportations. Ces trois thèmes seront notamment développés au cours de notre Congrès le 12 mars, après une journée consacrée aux réflexions internes que nous aurons avec nos membres. Il est indispensable que nous puissions développer, malgré la situation difficile, des projets de partenariat entre metteurs en marché, avec nos producteurs avec qui nous entretenons d’étroites relations et avec nos clients.

Notre filière ne pourra s’en sortir que par le dialogue permanent entre tous les acteurs et la mise en place d’une vraie et consensuelle politique nationale de mise en marché.

Bernard Piton : “L’Interprofession c’est un état d’esprit : identifier ce que l’on peut faire et construire ensemble et non ce que l’on peut imposer aux autres”  Luc Métral : “Il faut cesser d’opposer la production et la distribution”

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