Interfel : l’interprofession au bord de la rupture
La semaine écoulée a encore été pleine de rebondissements pour Interfel. Alors que le séminaire des présidents c’était plutôt bien passé Cf. Fld Hebdo du 20 septembre., le conseil d’administration qui se tenait mardi a vu les familles de l’interprofession se replonger dans les délices des querelles internes.
Tout avait plutôt bien commencé : les présidents soumettent au conseil d’administration le schéma de sortie de crise qu’ils ont adopté sept jours plus tôt. Le projet est en quatre points et porte un nom : FEL 2007. Dans ce document, les présidents déclarent “solennellement” que “la filière française des fruits et légumes est en crise”. Ce texte étant par essence consensuel, il y est bien précisé que cette crise affecte “l’économie de tous les acteurs de la filière”.
Une fois le constat établi, les présidents annoncent trois décisions. Il sera procédé, dans les deux mois qui viennent, à un inventaire de situation pour chacun des grands produits de la filière française. Les présidents proposent ensuite d’approfondir le débat stratégique. Enfin, et surtout, ils décident de mettre en place un “comité exécutif”. Ce comité exécutif, composé de Gilles Vignaud, président de l’UNFD, et de Philippe Bauwin, président de Fedecom, se voit doter des “pleins pouvoirs” pour conduire leur mission durant une phase transitoire qui doit se terminer fin 2005 et proposer le chantier FEL 2007. L’adoption de ce texte par le conseil d’administration se fait sans aucune difficulté. C’est ensuite, lorsqu’il fallut préciser la notion des pleins pouvoirs, que tout à de nouveau basculé. Le comité exécutif propose en effet d’ajouter une résolution au texte adopté, résolution déterminant les pleins pouvoirs dont il vient formellement d’hériter. Ce projet prévoit en fait le transfert de la quasi-totalité des pouvoirs du président d’Interfel au comité exécutif. Le président ne garde plus que la possibilité “à ester en justice et à représenter l’association devant les tribunaux “. Une véritable mise à l’écart du président Denis Onfroy que ce dernier n’accepte pas. Il reçoit le soutien de sa famille professionnelle, la FNPL, qui, absente ce matin-là, refuse de donner sa voix à cette contribution.
Le texte est donc adopté par 20 voix sur 24 : la majorité est large, mais il n’y a pas l’unanimité, mode habituel d’adoption des décisions à Interfel. Le conseil se termine donc sur un fiasco. Dans la foulée, la réunion prévue le jeudi avec le directeur de cabinet du ministre et devant présenter le nouveau projet d’Interfel est annulée. Les sept familles (sur huit) qui ont adopté la seconde résolution décident d’écrire au ministre de l’Agriculture pour l’informer de la situation. Au congrès de la FNPL qui se tient le vendredi, la présidente, Angélique Delahaye, fait applaudir Denis Onfroy par ses troupes et dénonce les “jeux de bac à sable”. Un congrès qui a manifestement été boudé par l’ensemble des familles de l’expédition et du commerce. Enfin, la FNPL transmet à son tour un projet de résolution aux autres familles.
La crise semble plus profonde que jamais. L’UNFD et la FCD avaient conditionné leur retour par la mise en place d’un projet professionnel pour Interfel. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Interfel est désormais au bord de la rupture. Et le temps presse d’autant que le vote, qui nécessite l’unanimité des familles, sur la CVO, la cotisation qui permet à Interfel de développer l’ensemble de ses activités, doit intervenir avant la fin octobre.