Production
Inquiétude des producteurs face à l’avenir de la pomme
Environ 400 personnes étaient présentes au colloque organisé le 19 juin par le CTIFL et la station expérimentale de la Morinière à Saint Epain (Indre-et-Loire). Les producteurs sont inquiets.
Après de très nombreuses interventions aussi bien économiques que techniques, il n’est pas sûr que des réponses simples et directement applicables aient été données pour développer “La pomme durable, sur quel marché et avec quelles alternatives ?”, thème du colloque organisé à Saint Epain.
Les producteurs et les techniciens sont inquiets. Des participants ont interpellé plusieurs fois les orateurs pour dire « que c’était la mort de l’arboriculture » face aux difficultés qu’ils rencontrent avec l’application de la réglementation, qu’il s’agisse des produits phytosanitaires ou des mesures inscrites dans le code rural. Comment pratiquer l’éclaircissage avec la disparition de la substance active carbaryl alors que les producteurs espagnols et italiens disposent de plus de molécules pour y faire face et que le problème ne risque de se résoudre qu’à moyen terme ? Comment traiter contre la tavelure avec les restrictions d’entrée dans les vergers après traitements ? (lire dans Régions "La loi sur les phytos).
Les arboriculteurs étaient focalisés sur leurs difficultés immédiates (et on peut les comprendre) mais d’autres clignotants sont au rouge.
Jean-Luc Rodrigues, le responsable de la filière fruits et légumes, fleurs et plantes de la chaîne de distribution Casino, affirme : « Depuis deux ans, on observe pour l’ensemble de nos magasins une baisse significative des volumes de pommes vendues. Nous en commercialisons deux fois moins qu’en 2005. Cela s’explique par la vente à l’unité qui se multiplie, l’arrivée de nouveaux produits comme les petits fruits rouges, l’augmentation importante de l’ananas depuis trois ans et le développement de la mangue et du raisin. La pomme arrive toutefois en tête des tonnages de fruits distribués mais se place en quatrième position après la salade, les tomates et les endives. Heureusement, le chiffre d’affaires est pratiquement maintenu grâce à une segmentation plus large. La pomme se situe ainsi en deuxième place après les tomates. Il faudrait une campagne de promotion importante et diminuer sans doute le nombre de références. Les variétés club, on s’y perd. Les ventes de Pink Lady diminuent depuis deux ans dans nos magasins. »
La France n’est pas la seule à vivre ce genre de turbulences, l’Allemagne aussi. Avec désormais 44 % du marché de la distribution selon Ubifrance, 52 % des légumes et 53 % des fruits sont achetés dans les hard discount allemands dont 47 % pour la pomme.