Rencontres annuelles de la Fondation Bonduelle
Impact environnemental, le commerce alimentaire est à l’aube d’une révolution
Les rencontres de la Fondation Bonduelle ont décrypté les habitudes de consommation. L’aspect environnemental ne peut plus être obéré. Une restructuration de la filière est à prévoir.
Sur le thème de l’homme face à son alimentation, la Fondation Bonduelle a réuni un panel d’experts à l’occasion de ses rencontres annuelles la semaine dernière. La Fondation avait invité Pascal Picq, paléoanthropologue au Collège de France, qui a martelé toute l’importance de l’acte de manger : « C’est devenu un acte social planétaire qui interfère avec les problématiques de développement durable », a-t-il souligné. Ajoutant que chez les hommes « les meilleures nourritures sont associées aux aspects les plus importants de nos vies sociales et affectives. » De son côté Martine Padilla, chercheur au Ciheam, a détaillé l’effet croissant de la prise en compte de l’impact environnemental dans l’acte de consommer. « Les habitudes alimentaires ne sont pas aussi permanentes qu’on le pense. Elles ont évolué sept fois depuis les années 60. Nos modèles alimentaires sont déterminés par une identification véhiculée dans la société. Depuis les années 2005, on est entré dans une nouvelle phase où la sécurité alimentaire est toujours au centre des attentes des consommateurs. » Il était aussi question du baromètre nutrition du Credoc portant sur les critères de qualité où l’on retrouve en premier toujours le goût et le prix puis au coude à coude l’environnement et la santé. « On note un certain recul de l’hyperconsommation et un retour vers la cuisine centrée sur la préparation culinaire. » La proximité fait aussi partie des nouveaux critères de consommation « dans notre monde très mondialisé, il y a une sorte de repli sur soi. » Un désir d’alimentation responsable qui se traduit par une demande de local. « Le consommateur est de plus en plus sensible à l’impact de son alimentation sur l’environnement », ajoute-t-elle. Mais cela entraîne pour le consommateur un tiraillement entre deux grandes tendances la nutrition et l’environnement. Quant au local, il n’est pas forcément le plus avantageux lorsque l’on prend en compte l’impact du transport, ou la conservation des produits frais en chambre froide. « Une récente étude allemande a montré qu’en hiver il valait mieux importer de la salade d’Espagne plutôt que de la produire localement sous serre parce que l’impact environnemental est alors deux fois plus élevé » et de s’interroger : « quand on parle de saison, il faut savoir de quelle saisonnalité on parle. » En clair, cette nouvelle tendance de consommation plus avide de connaissance environnementale nécessite « une restructuration complète des modes de production et d’organisation et plus loin de la façon dont on conçoit le prix. La prise en compte de l’impact environnemental de notre alimentation va révolutionner le commerce alimentaire. On est à la fin de la consommation de masse et à l’aube d’une révolution », a-t-elle conclu.